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vendredi 22 novembre 2024

La mythique « Hivernale des Millevaches », un rendez-vous que ces motards passionnés ne louperaient pour rien au monde !

Depuis ce vendredi 8 décembre et jusqu’à dimanche soir, près de 3.000 motards venus de la France entière et de l’étranger campent en plein cœur du Plateau de Millevaches à l’occasion de la mythique « Hivernale des Millevaches ». Nous sommes allés leur rendre une petite visite pour prendre la température, vendredi soir. Reportage.

Il est des traditions auxquelles ils ne dérogeraient pour rien au monde. Des traditions simples comme celles de se réunir autour d’un brasero. Comme celle de partager un bout de lard ensemble et de trinquer, bien sûr. Eux, ce sont les motards de l’Hivernale des Millevaches.

On est bien d’accord, c’est magnifique le Plateau de Millevaches… Mais c’est quand même un peu plus accueillant à la belle saison ! © Brice Milbergue

Comme chaque année, début décembre, ils déferlent des quatre coins de la France et de l’étranger pour un week-end de retrouvailles. Nous y étions, ce vendredi soir, pour tenter de comprendre ce qui pousse ces hommes et ces femmes passionnés de deux-roues à traverser la France pour affronter le rude hiver du Plateau de Millevaches. Et c’est bien peu dire que nous avons été accueillis avec toute la gentillesse du monde par des motards, certes mouillés, mais souriants pour qui la raison de leur venue en Haute-Corrèze par ce temps tient en un mot simple et pourtant si puissant : la passion.

Meymac, 16 heures.

L’épaisse couverture nuageuse ne s’est pas retirée de la journée au-dessus du bourg. Dans la salle des fêtes, c’est l’effervescence. Le pointage des quelque 2.700 motards inscrits a commencé depuis le matin. « Des fois on a 3.000 inscrits, des fois un peu moins comme cette année. C’est le temps humide qui en a découragé certains« , pense Bill Deluchey, le président du Moto Club Meymacois, organisateur de l’événement depuis 2009.

Ne jamais se fier aux apparences, c’est cette dame qui m’a appris que j’avais devant moi une « Changjiang » chinoise © Brice Milbergue

Voilà donc quatorze ans (sans l’année 2020) que le rassemblement hivernal des Millevaches a retrouvé sa tradition. « C’est un motard parisien, Michel Perdrix dont la femme était originaire d’ici, qui a créé ce rassemblement en 1969, puis ça s’est arrêté une vingtaine d’années plus tard« , nous retrace le président, bonnet vissé sur la tête, comme pour annoncer ce qui attend les motards un peu plus haut.

Tout sourire malgré toutes les sollicitations, Bill Deluchey, président du moto-club meymacois et Philippe Brugère, maire de Meymac © Brice Milbergue

Derrière les derniers contreforts du Plateau de Millevaches au-dessus du Mont Bessou, ce qui les attend, c’est un immense champ de 40 hectares bordé de tourbières et quelques chiffres qui donnent le vertige : « 60 bénévoles qui travaillent en 3-8 ! 185 stères de bois coupé, 300 braseros …« , liste Bill, très sollicité en cette fin d’après-midi.

Millevaches, 17 heures.

La luminosité commence à tomber sur le village. Au bout d’une petite route boueuse, un immense champ rempli de tentes et de motos apparaît. L’Hivernale de Millevaches, 14ème du nom, semble bel bien avoir commencé.

Gilles a quitté le soleil, ses enfants et sa femme, le temps d’un week-end. « Je viens de Béziers ! » lance-t-il en faisant le tour de son deux-roues et de sa petite remorque artisanale. Ce qu’il vient chercher ici ? Le Biterrois ne sait pas vraiment comment l’expliquer : « Il y a en qui parlent de sortir de leur zone de confort, moi je pense que j’y rentre justement. »

Une soupe au lard, une bande de potes, il en faut peu pour être heureux ! © Brice Milbergue

Le confort, un peu plus loin, ce groupe d’amis installé sous une bâche tendue semble l’avoir trouvé. « Là c’est l’apéro. A 22 heures, on ira au bar puis on reviendra ici vers 5 heures pour l’entrecôte« , résument-ils. Eux viennent de la Creuse, de Font-Romeu, de Cahors ou encore du Cher… Tous se sont rencontrés ici, à partir de 2017. « On est devenu des amis, grâce ou à cause des Millevaches ! »

Un peu plus haut dans le pré, sous le grand chapiteau, un accent italien titille les oreilles. Deux jours de voyage et 1.700 kilomètres plus loin, ces deux hommes venus de Salerne, au sud de Naples, trinquent à ce début de week-end.

« Kleber » assurera le service au bar de 22h à 2h du matin, ces deux compères italiens ont « avalé » 1700 km en deux jours pour venir à Millevaches © Brice Milbergue

« Il n’y a pas que la destination qui compte, il y a aussi le voyage« , affirme Kleber, bénévole de l’autre côté du bar. Son voyage à lui, n’a pas été très long. « Je viens de Gourdon-Murat et ça fait une quinzaine d’années que je suis bénévole ici« , raconte le septuagénaire derrière sa longue barbe aux allures de père Noël. « Ici, ce qui est particulier, c’est l’ambiance. Tout le monde se connaît. C’est ça le milieu des motards, on forme une grande famille, on parle de moto, on refait le monde … Revenez vers 22 heures ! » Et c’est vrai. Tout autour, sous le chapiteau et devant, ces passionnés se retrouvent. Comme des amis que l’on connaît depuis 30 ans. « Il y a les Bretons qui arrivent avec la cornemuse, chacun ramène sa spécialité et on partage« , résume le président Bill.

18 heures. Partout, des fumées s’échappent du pré. Au loin, sur la petite route, les phares indiquent que tout le monde n’est pas encore arrivé. La nuit est tombée sur le campement, elle s’annonce fraîche et humide, et ça devrait durer tout le week-end. Pourtant, Georges, Pascal et Bastien n’ont pas encore installé leur bivouac de fortune. « On est parti de Bordeaux à 6 heures du matin, en mobylette, mais on a eu des pannes, des pannes, des pannes. Vers Périgueux, on s’est même fait doubler par un tracteur mais on a réparé et on est là« , rigolent-ils.

Partir à 6h du matin pour faire Bordeaux-Meymac en mobylette, quand ils vous parlent de « passion » c’est pas exagéré ! © Brice Milbergue

Leurs « MBK 51 » et les « Triumph » des années 70 de leurs compagnons sont arrivées à destination, elles ne devraient plus bouger du week-end. Tout comme les 2.700 motards de cette édition qui s’apprêtaient à vivre leur première nuit humide, ici, au cœur du Plateau de Millevaches. Tous semblent s’accorder sur un fait : « On préfère quand il y a de la neige ! » La neige, c’est d’ailleurs ce qui avait rendue mythique la toute première édition de 1969 : tempête de neige, brise glaciale et verglas n’avaient pas arrêté la centaine de participants. 54 ans plus tard, ils sont donc près de 3.000, les pieds dans la boue et le sourire aux lèvres.

Un défilé nocturne pour accéder au campement de la mythique « Hivernale des Millevaches » © Brice Milbergue

Texte : Jérémy Truant / Photos : Brice Milbergue

Jérémy Truant
Jérémy Truant
Correspondant Actus Limousin

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