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jeudi 21 novembre 2024

Dans les pas d’un coureur de l’édition 2024 du « Millevaches-Monédières Trail !

Pas moins de 1.400 coureurs ont pris le départ de la treizième édition du Millevaches-Monédières Trail, ce week-end, par monts et par puys entre Bugeat et Treignac. Notre envoyé spécial en Haute-Corrèze est parti, baskets aux pieds, pour vous faire vivre de l’intérieur la course du 25 kilomètres entre Pradines et Treignac.

Millevaches-Monédières Trail, « on sait quand on part… », le ton est donné ! © Trail Correze

Ce samedi 20 avril, le soleil qui brille haut dans le ciel nous rappelle que les beaux jours vont arriver à grands pas. Et la bise froide qui s’engouffre dans les rues de Pradines nous rappelle (aussi !) que l’on est sur le Plateau de Millevaches. Subtil mélange de saisons qui se croisent, se passent le relais comme deux athlètes.

Des athlètes, ce matin, il y en a des centaines et tous partagent le même objectif : rejoindre Treignac au plus vite. Les plus courageux sont déjà partis, de bien plus loin, des sources de la Vézère presque, à Bugeat. Ils sont plus de 300 sportifs à s’être élancés sur le parcours de 53 kilomètres, appelé « L’Olympic trail ». Un hommage à Alain Mimoun, vainqueur du marathon des Jeux olympiques de Melbourne en 1956, et médaillé aux Jeux de Londres et Helsinki, qui s’est beaucoup entraîné à Bugeat. « Le marathon de Melbourne, je l’ai préparé en secret dans le pays de ma femme en Corrèze pendant 2 ans« , avait-il confié.

Moi, comme quelque 500 autres camarades – je me contente du 25 kilomètres et ses 1.100 mètres de dénivelé positif : « Le trail des 1000 sources ». Si je suis là, sous cette grande arche « Corrèze département », dans le vent glacial de Pradines, c’est parce que des copains m’ont poussé. « Vas-y, 25 kilomètres, t’en es largement capable. » À quelques minutes du départ, j’en doute. Mais je ne semble pas être le seul.

25 kilomètres, 1100 mètres de dénivelé positif et quelques belles montées « casse-pattes »… Le doute est permis ! © Trail Correze

Tout autour, la bonne humeur est de mise. Mais tout le monde redoute déjà les côtes qui nous attendent pour grimper jusqu’au Suc au May ou au Puy de la Monédière. Qu’importe, il faut savourer l’instant présent. Celui de l’insouciance. Celui de cette « Ola » que le speaker nous propose de faire. Accroupi sur la ligne de départ, j’ignore encore que quatre heures plus tard, je serai incapable de faire le moindre squat.

3… 2… 1… C’est parti ! Coup de pistolet. Dossard 1492 fixé sur le torse, je ne découvre pas l’Amérique, mais je me sens le « Christophe Colomb des Monédières ». Dans les rangs, en traversant Pradines, l’humeur est bon enfant. Très vite, le parcours – balisé à la perfection – s’engouffre dans une première forêt, et sur une première montée.

« Dans les côtes, il faudra marcher de toute façon. Sinon t’iras pas bien loin », je suis prévenu. Celle-ci, insouciance du départ, je préfère quand même la trottiner. Les premiers kilomètres défilent et le vent glacial du départ n’a plus aucun effet sur moi. On rigole encore avec des camarades que je double ou qui me doublent. C’est donc ça, l’ambiance trail ?

A-A-A-la-queue-leu-leu ! Humour et entraide sont toujours au rendez-vous des trailers © Jérémy Truant

Jusqu’au 10ème kilomètre environ, le parcours est « roulant » comme on dit dans le jargon. Comprenez « relativement agréable à courir ». Ça se complique à partir de là. Les écarts se sont déjà creusés et j’ai perdu tous mes camarades. Tant pis, il faut affronter cette première ascension qui doit nous mener jusqu’au sommet du Suc au May.

Là-haut, à 908 mètres d’altitude, l’ambiance est au rendez-vous, le public nombreux et les paysages somptueux. Essoufflé comme moi, un traileur nous interroge avec regrets : « Mais pourquoi on a couru tout le long de cette côte ? » Une seconde de réflexion et je lui réponds humblement : « Ben parce qu’il y avait du public ! »

Une petite descente plus bas, le public justement a complètement disparu. En pleine forêt, je suis au pied de la plus grosse montée du parcours, celle qui doit nous mener au sommet du Puy de la Monédière. Je regarde vers le haut sans arriver à en voir le bout. Je distingue ça et là des coureurs arrêtés, en souffrance. C’est ici que réside « l’enfer du MMT ». Sur cette terre sèche que je foule avec mes pieds mais aussi avec mes mains, la phrase « Dans les côtes, il faudra marcher… » prend tout son sens à cet instant précis.

« Elle pique celle-là ! Personne veut me porter ? », interroge un coureur. Aucun volontaire. En haut, la vue s’ouvre à nouveau magnifiquement sur les Monédières dégagées. Une belle récompense. L’autre récompense qui nous attend un peu plus bas, c’est le ravitaillement. Moment suspendu avant la reprise.

Un peu plus de 18 kilomètres se sont écoulés sous mes pieds lorsque je regarde ma montre. La question « Mais qu’est-ce que je fais là ? », traverse mon cerveau. Je continue de courir, de dévaler les descentes et de tenter d’arriver en haut des montées, entre les bruyères encore endormies. Au cœur de paysages  à couper le souffle, les derniers kilomètres sont éreintants et mollets, cuisses, adducteurs, et toutes autres articulations se trouvant en-dessous de mon bassin, commencent à manifester leur mécontentement d’être ainsi traités.

Douleur des muscles, plaisir des yeux sur les crêtes du massif des Monédières © Jérémy Truant

Là, au détour d’un virage, en arrivant au lieu-dit « Chaumeil », j’aperçois les toits de Treignac en contrebas. Sourire jusqu’aux oreilles, la vision de la Petite cité de caractère m’a re-boosté. Je longe la Vézère, grimpe la dernière côte et me voilà sur l’avenue principale de Treignac et la ligne d’arrivée. 3h15, c’est le temps qu’il m’aura fallu pour parcourir ces 25 kilomètres. Sur la place de la République, les avis sont unanimes : « C’était parfait. Un balisage impeccable, le parcours magnifique et les organisateurs formidables, on reviendra ! »

Après 3h15 de course, le dossard #1492, découvre avec ravissement les rives de la Vézère ! © DR

Une treizième édition de tous les records et réussie pour le « Bugeat-Treignac Athlétisme ». Une treizième édition comme le chiffre « 13 » que portait Alain Mimoun sur son dossard lorsqu’il décrocha la médaille d’or au JO de Melbourne. Tout un symbole.

Pour toute information sur le « Millevaches-Monédières Trail », rendez-vous sur le site mmrt.fr

NDLR : vu sa belle performance de cette année, l’an prochain c’est promis, on envoie Jérémy couvrir « l’Olympic Trail » pour vous  ! 😉

Jérémy Truant
Jérémy Truant
Correspondant Actus Limousin

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