10.5 C
Région Limousin
vendredi 18 octobre 2024

Balades secrètes en Corrèze : entre vignes et eau, à la découverte des trésors de la Vézère !

Du 4 juillet au 31 août, le Conseil Départemental organise 11 « balades secrètes en Corrèze », en partenariat avec le Comité départemental de la randonnée pédestre : autant d’occasions de découvrir des trésors cachés !

Le 9 juillet, la randonnée au départ d’Allassac a fait voyager 170 participants autour de la Vézère, entre terre et eau.

La Vézère, côté vignes

Dès le début de la promenade, immersion garantie dans l’art de la viticulture, au cœur du des Coteaux de la Vézère ! L’occasion pour Denis Asselineau de dévoiler quelques secrets de ce vignoble. Il y a un peu plus de 20 ans avec ses amis, il a participé à la folle aventure de la renaissance de la culture de la vigne en Corrèze.

La Corrèze : terre de vignobles depuis toujours

La production de vin en Corrèze remonte à priori aux premiers siècles de l’ère chrétienne, mais c’est à partir du Ve siècle qu’elle prend son essor. Les moines des abbayes locales et les évêques de Limoges y possèdent beaucoup de propriétés et de vignobles, essentiellement du côté d’Allassac, Voutezac et Donzenac. On dit que les papes corréziens en Avignon (on l’a oublié, mais avant d’être un « terroir de Présidents », la Corrèze fut une « terre de papes », tels que Clément VI ou Grégoire XI !) en vantent alors les mérites.

Au Moyen Âge, ces vignobles sont même de grands crus et la culture est prospère jusqu’au XVIIIe siècle. On estime alors à 17 000 hectares la surface cultivée dans le Sud corrézien, soit autant que le vignoble d’Alsace actuel ! C’est l’apparition du phylloxéra en 1880 qui entraîne la disparition quasi complète du vignoble. La culture de la vigne est alors abandonnée même si quelques hectares subsistent encore à Allassac et Voutezac.

Les Corréziens restent toutefois des ambassadeurs du vin, mais en tant que négociants et d’audacieux commerçants distribuent alors les vins de Bordeaux au Nord de la France et en Belgique, dans le sillage de Jean Gay Bordas, précurseur de la vente à crédit, qui avait même eu l’audace de rebaptiser son village en « Meymac-Près-Bordeaux » malgré les 270 km qui séparent la Haute-Corrèze du « Port de la Lune » !

Jean Gay Bordas, le premier d’une lignée de marchands de vins de Bordeaux corréziens © DR

Si l’âme vinicole n’a donc jamais vraiment quitté les esprits, il aura fallu attendre 2002, et un pari insensé, pour que les vignes corréziennes renaissent.

Une idée folle : relancer le vignoble

En 2002, un ambitieux projet de relance de la viticulture voit le jour, et donne naissance à la Cave des Coteaux de la Vézère. Denis Asselineau raconte que faire revivre le vin, a d’abord été quasiment un pari entre amis. Aucun n’était vigneron de métier et ils ont dû beaucoup se renseigner, avant de sélectionner des cépages adaptés à ce sol particulier : les coteaux de la Vézère présentent une situation qui est propice à la culture de la vigne, mais sur des pentes importantes en terrasses et avec un sous-sol en ardoise.

Les jeunes viticulteurs se forment à la conduite de la vigne, la vinification… et convainquent les banquiers ! Les plantations débutent en 2003 sur 2 hectares, et les premières vendanges ont lieu en 2007.

Disparue du paysage pendant plus de 100 ans, la vigne est de retour sur les coteaux de la Vézère © Juliette Jouve Soler

La cave des Coteaux de la Vézère

Composée d’une dizaine de viticulteurs et d’une cinquantaine de vignerons associés, la cave emploie cinq salariés à plein temps. Le vignoble compte aujourd’hui 24 hectares, cultivés en bio depuis 2017, et s’étale sur 3 communes : Allassac, Donzenac, Voutezac. La cave produit annuellement environ 100 000 bouteilles : principalement du vin blanc (cépages Chenin et Chardonnay-Sauvignon), mais aussi du rouge (cépages Merlot, Cabernet franc, Pinot noir).

Depuis 2017, le vignoble bénéficie d’une appellation AOC Corrèze, et depuis 2023 du label AOP Corrèze. Jusqu’en 2019, la Cave a pu bénéficier des conseils avisés du grand œnologue Jacques Puisais. À ce jour, les vins des « Coteaux de la Vézère » ont reçu une quinzaine de médailles, dont 7 en or, au Concours de Lyon.

La Vézère, côté eau

La randonnée se poursuit vers le barrage hydro-électrique du Saillant, au cœur de la vallée de la Vézère. C’est sur ce site géologique unique qu’ont été construits, en 1902, une usine électrique puis, en 1930, le barrage du Saillant. L’usine est située en contrebas, 300 mètres au-dessous du barrage. Cette hauteur de chute est nécessaire pour que l’eau arrive avec une forte puissance à l’usine. Un guide nous explique le fonctionnement de ce barrage dit « au fil de l’eau » : l’usine tourne à plein régime si la rivière charrie beaucoup d’eau suite à de fortes pluies. Dans le cas contraire, elle tourne peu, voire pas, en cas de sécheresse.

Le site hydroélectrique du Saillant sur la Vézère © Juliette Jouve Soler

L’usine produit l’équivalent de la consommation électrique de 15 000 personnes. L’électricité est ensuite redistribuée vers le réseau national. Le barrage mesure « seulement » 30 mètres de hauteur, pour qu’à aucun moment l’eau ne risque d’atteindre la hauteur de la voie de chemin de fer Paris-Brive située à proximité.

La Vézère, côté culture

Au retour, après avoir profité d’une belle vue sur le château du Saillant, c’est une découverte des vitraux de Marc Chagall qui ornent « la chapelle du Saillant » qui conclut en beauté cette balade. L’explication sur ces vitraux est donnée par Diane du Saillant. Ce sont ses parents qui ont fondé le Festival de la Vézère il y a plus de 40 ans. Elle-même musicienne, elle s’est dès son plus jeune âge passionnée pour l’univers de la musique classique et est aujourd’hui à la tête du Festival. La programmation de l’édition 2024 de cet événement incontournable fait encore une fois la part belle à la musique classique et à l’opéra. Les concerts ont lieu sur une douzaine de sites, notamment celui des Pans de Travassac et des Ardoisières d’Allassac.

Diane du Saillant explique que c’est son père qui a su convaincre Marc Chagall, alors très âgé, de réaliser ces vitraux uniques, qui décorent avec force cette jolie chapelle.

Peintre et sculpteur de renom, Marc Chagall a réalisé 6 vitraux dans la Chapelle du Saillant © Juliette Jouve Soler

À l’arrivée à la Cave des Coteaux de la Vézère, une dégustation-découverte des produits, en compagnie de René Maury, Président de la Cave, est proposée aux randonneurs pour clôturer en beauté cette matinée entre vignes et eau.

René Maury, président de la Cave des Coteaux de la Vézère © Juliette Jouve Soler

Quand et où auront lieu les prochaines Balades secrètes ?

Ces randonnées sont réparties sur l’ensemble du département, jusqu’au 31 août.

Les parcours, de 7 à 8 km, s’adressent à tous.

Pas de réservation nécessaire. Participation : 3 € par personne (gratuit pour les – 12 ans)

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de Tourisme Corrèze.

Juliette Jouve Soler
Juliette Jouve Soler
Correspondante Actus Limousin

A la une

Plus d'articles