Nichée en plein cœur du Massif des Monédières, en Corrèze, la pratique du vol libre a réussi à se faire une place, depuis près d’un siècle. En cette fin d’été 2024, nous avons rencontré Fred et Chris, de l’école « Millevaches Monédières Vol Libre » pour un petit tour en parapente dans le ciel limousin depuis le Puy de la Monédière.
Sur la petite route étroite qui mène jusqu’au sommet du Puy de la Monédière, commune de Veix, le soleil darde ses rayons à travers les résineux. Les rayons doux d’une fin d’été où les nuits sont déjà fraîches en Corrèze. Sur les bas-côtés, le mauve de la callune explose et l’on entendrait presque Jean Ségurel nous chantait ses « Bruyères corréziennes ».
En haut, à 919 mètres (ça ne s’invente pas), c’est l’effervescence : touristes de passage, randonneurs et parapentistes se croisent face à l’une des plus belles vues du coin. Nous sommes sur l’un des trois sites de décollage des Monédières : le « déco nord-ouest ». Les deux autres, le « déco sud-est » et le « déco sud-ouest », se trouvent sur le Suc au May, à quelques encablures, et font de ce site l’un des rares en France à pouvoir permettre la pratique du parapente par quasiment tous les vents !
Ici, le « patron » des lieux, c’est un petit peu Fred, Frédéric Mazzia. Depuis cinq ans maintenant, il a repris le Millevaches Monédières Vol Libre, l’école de parapente basée à Treignac, un peu plus bas. « Quand j’ai vu la dynamique et la volonté locale pour développer le parapente ici, je me suis lancé », explique celui qui vole depuis maintenant 35 ans et qui a déjà ouvert deux écoles de parapente dans les Hautes-Alpes, autre paradis du vol libre.
Il faut dire que dans les Monédières, pratiquer le plus vieux rêve de l’Homme ne date pas d’hier. De 1937, précisément, lorsque l’on décollait déjà en planeur du sommet du Puy Blanc, grâce à un système de lanceur par cable (voir ci-dessous). Et puis dans les années 1970, Gérard Billot et Ambroise Pouget redécouvrent le site et y réalisent les premiers vols en deltaplane. La volonté de développer le site pour la pratique du vol libre trouve un écho auprès de la commune de Veix et en 2006, c’est avec la volonté d’obtenir le label « Station Sports Nature » que l’on aménage les sites de décollage.
Voilà pourquoi, aujourd’hui, on vient de parfois loin pour décoller depuis le massif. C’est le cas du club de parapente bordelais des Girond’ailes, venu passer quelques jours ici en cette fin d’été. « C’est un site école, ça change de nos dunes, on est bien ici », confie l’une des pratiquantes alors qu’une voile s’élève devant elle. Cette voile, c’est celle de Chris, celui qui va me faire voler aujourd’hui. « Je termine ma formation, j’ai passé l’été ici à l’école de Fred », commence notre pilote rassurant. Avec près de 150 vols dans l’été, il ne devrait rien nous arriver.
« Tu vois le cœur que forme la forêt en face de toi ? Et ben quand je te dirai de faire des grands pas, il faudra aller en direction du cœur », me prévient Chris alors qu’il positionne sa voile derrière nous. Le cœur en question se situe sur le puy juste en face. Devant nous, sur cette esplanade en herbe de 11 hectares qui a été déboisée pour la pratique il y a quelques années, la vue s’ouvre sur la commune de Veix, presque au premier plan et plus loin, sur la campagne de Treignac, la vallée de la Vézère … Une invitation à plonger dans le paysage, et ça tombe plutôt bien puisque notre voile, profitant d’une légère brise, est maintenant hissée dans le ciel bleu corrézien.
« Marche, des grands pas, avance ! », lance Chris. Echec, la voile retombe. Le vent est changeant, les conditions pas idéales aujourd’hui. Deuxième essai, idem. Le troisième sera le bon. Les pieds quittent le sol, la bruyère s’éloigne peu à peu et la sensation de glisse apparaît. Apaisant. Sous nos pieds, c’est désormais une mer d’arbres : la verdure à perte de vue. « Bienvenue dans le ciel », lance Chris.
À force de virage, de se pencher à droite puis à gauche à la recherche de courants ascendants, on sent l’équipage monter. « On doit être à plus de 1.000 mètres d’altitude », annonce le parapentiste. En effet, les paysages ont changé. On peut désormais admirer le massif du Sancy, la chaîne des Puys … La vue est à couper le souffle et le Puy de la Monédière parait déjà bien petit. L’air est un peu plus frais là-haut et on profite de ce paysage à 360°. D’ici, on comprend mieux le massif des Monédières, ces soudaines montagnes qui marquent le début du Massif central.
Une petite dizaine de minutes plus tard, Chris prévient : « On va pouvoir atterrir au sommet ! » Un luxe, pas besoin d’atterrir plus bas et de devoir remonter en navette. Petit à petit, le sol se rapproche. « Tu peux te mettre debout ! » Les pieds touchent l’herbe sèche, retour sur la terre ferme des Monédières au terme d’un voyage unique dans le ciel.
Au sol, Fred enchaîne les vols. « Ici on a quasi toutes les orientations pour décoller. Aujourd’hui, c’est ouest. » Outre les vols en biplace proposés toute la saison, Fred organise également des formations : stages d’initiation, de perfectionnement, des stage SIV pour « Simulation d’Incident de Vol ». « Ce qui est bien ici, c’est qu’on a le lac de Bort-les-Orgues pas loin pour s’entraîner », ajoute-t-il tout en rappelant qu’il y a aussi un club local de parapentistes, « les Têtes en l’air« , qui compte une cinquantaine de licenciés.
Autant de voiles qui font de ces Monédières le paradis du vol libre en Corrèze, là où le mauve vif de la bruyère s’admire d’en haut.
Vous souhaitez voler en parapente en Limousin ?
Prenez contact avec Millevaches Monédières Vol Libre qui organise des stages de l’initiation au perfectionnement et des vols biplaces en parapente.
Site web : www.parapente-correze.fr
Téléphone : 06 21 38 63 69