Après la chute de ses ailes en mars 2023 liée à l’usure du temps, le seul moulin à vent de Corrèze tourne à nouveau à Valièrgues. Il sera inauguré ce week-end en présence de Pascal Coste, président du Département, et de Catherine Merckx, sous-préfète d’Ussel. Rencontre avec Michel Guillaumie, l’homme qui a redonné des ailes au moulin de Bétinac à Valièrgues.
Voilà plus de 150 ans qu’il domine le bourg de Valiergues. Sur la petite colline de Bétinac, le moulin à vent du même nom veille sur la bourgade de 150 âmes. Mais depuis plus d’un an, il avait perdu ses ailes. « Suite à un incident, l’arbre moteur du moulin (en chêne de 60 cm au carré) s’est rompu sans qu’il n’y ait de signes annonciateurs », se souvient Daniel Delpy, maire de la commune qui ne pouvait laisser le monument emblématique du village dans cet état.
« On a décidé de faire réparer ces ailes, par les Ateliers Férignac, la même entreprise qui avait restauré le moulin en 2001 », reprend le maire. Pour un montant de 70.000 € HT, les ailes ont été refaites en métal galvanisé, plus résistant à la corrosion. Depuis, le moulin de Bétinac a donc retrouvé de sa superbe et sera inauguré ce 16 novembre. Une occasion parfaite pour remettre aussi une médaille à celui qui a œuvré depuis des années à la mise en valeur de ce patrimoine unique en Corrèze : Michel Guillaumie, adjoint au maire qui se verra remettre la médaille de la Jeunesse, des Sports et du Mouvement associatif par Pascal Coste, président du Département de la Corrèze. Nous l’avons rencontré.
« Vous voulez rentrer à l’intérieur du Moulin ? Venez, je vous y emmène. » Michel Guillaumie n’est pas meunier, ni même propriétaire du site (la commune a passé un bail emphytéotique de 80 ans avec le propriétaire) mais enseignant agricole à la retraite. Pourtant, il connaît les rouages de l’édifice et l’histoire du site mieux que personne . En marchant sur le petit chemin qui mène à la tour, il raconte : « Dans les années 1990, le moulin était complètement envahi par la forêt, on ne savait même pas qu’il était là ! »
Seule la trace d’un projet de camping à la ferme mené par les propriétaires (la famille De Montlaur) dans les années 1970 rappelait l’existence de cet édifice qui a fonctionné jusqu’à la Première Guerre mondiale. À la fin des années 1990, une fois le bail réalisé, la municipalité de l’époque a décidé de faire rénover l’édifice et le remettre en service. « Une fois les travaux réalisés, le maire m’a dit « Tu devrais prendre ça en main et faire vivre le moulin » », se souvient Michel Guillaumie qui décide donc de créer une association : Les amis du moulin.
À l’intérieur, l’édifice est parfaitement conservé. On monte dans les étages pour découvrir comment le grain de seigle faisait la farine destinée au « pain bis », autoconsommé, quand le son servait à la nourriture des animaux, et que blé noir (sarrazin) était destiné lui aussi aux animaux mais également à la confection « du pain du pauvre » corrézien : le tourtou.
Aujourd’hui encore, le moulin en fonctionnement attire, et des visites sont regulièrement organisées notamment à destination des jeunes. « En 2002, on organisait des visites tous les dimanches après-midi de l’été et on a vite été débordés, retrace l’élu. La première année, on a eu plus de 1.500 visiteurs. On a donc décidé d’employer une salariée. »
Le Moulin de Bétinac connaît ses grandes heures et nombre d’animations sont organisées autour du site. Le maire actuel d’acquiescer : « Encore aujourd’hui, on organise de nombreux évènements sur le site et on voit souvent des mariés qui viennent faire leurs photos ici. » Le moulin n’a donc pas fini de faire tourner de son nom tous les moulins des cœurs.
Histoire du Moulin de Bétinac
Sur le fronton de la porte du moulin, gravé dans la pierre : « 1er avril 1870 » ,date à laquelle le moulin a été construit. Pourquoi un moulin à vent ici en Haute-Corrèze, alors que ce n’est pas vraiment un patrimoine local ?
La commune était bien pourvue en moulins on dénombrait 3 voire 4 moulins à eau en 1870. L’un de ces moulins, sur le petit ruisseau de l’Artaude, appartenait déjà au De Montlaur. Mais comme le débit du ruisseau était déjà à l’époque très faible en été, la famille s’est décidée à construire ce moulin à vent sur le sommet de Bétinac pour supplanter les carences estivales en eau. Il tounait au moins 2 à 3 fois par semaine, jusqu’à la Première Guerre mondiale.
Pour simplifier le travail, les toiles restaient en permanence sur les ailes mais lors d’un orage, sous un coup de vent, le moulin s’est emballé, le mécanisme a cassé avant que le meunier ne puisse intervenir… Le moulin sera alors laissé à l’abandon, jusqu’à sa renaissance dans les années 2000 et une nouvelle restauration de ses ailes en 2024.