Le projet a été annoncé et présenté lors de la dernière séance plénière de l’année du Conseil départemental de la Corrèze : 3,4 kilomètres de route départementale vont bientôt être équipés d’ombrières solaires. Une première mondiale sur la déviation de la commune de Lubersac. On vous explique.
En Corrèze, on a plutôt l’habitude de rouler à l’ombre des hêtres ou des forêts de sapins. En février 2027, on devrait traverser une « forêt » de panneau photovoltaïque. C’est en tout cas le souhait du Département qui se lance dans un projet qualifié comme l’un des « projets énergétiques les plus innovants et puissants jamais portés par un territoire rural ».
Concrètement, c’est la route départementale (actuellement en construction) qui permet de dévier la commune de Lubersac qui va être équipée de pas moins de 52 000 m² de panneaux solaires au-dessus du bitume. Les travaux viennent tout juste de débuter. Cette déviation doit permettre de relier la zone du Touvent au nord-est de la commune (sur la RD 902) à la route de Brive et Pompadour (RD 901) au sud.
L’idée derrière ce projet ambitieux développée par le Département est simple et finalement pleine de bon sens : « Une nouvelle manière d’envisager les infrastructures routières comme de véritables supports de production d’énergie renouvelable, sans artificialiser les sols ni empiéter sur les usages agricoles ou naturels du foncier. »
13 000 MWh d’électricité par an
Il est vrai que, depuis le lancement du programme « Corrèze Transition Écologique » en 2018, le Département affirme sa volonté de faire de la sobriété et de l’efficacité énergétiques un véritable levier d’attractivité et de compétitivité. La stratégie « Corrèze Bouclier Énergétique », pensée pour développer un « circuit court de l’énergie », vise à encourager la production locale d’électricité renouvelable, accessible et durable, au service des habitants comme des acteurs économiques.
Ce sera le cas avec cette route solaire dont la production est estimée à 13 000 MWh/an, soit l’équivalent de la consommation d’électricité annuelle de 10 000 habitants. Suite au 11ᵉ appel d’offres de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), le tarif d’achat de cette électricité sera garanti au prix de 97 €/MWh pendant 20 ans, « sécurisant ainsi la rentabilité du projet », prévient-on au Département de la Corrèze. Mais combien coûte un projet d’une si grande envergure ? 16,1 M€ pour ces 3,4 kilomètres de route solaire. Le Département l’assure : « Le modèle économique inhérent au projet permet d’envisager 1,2 million d’euros de recettes annuelles, un remboursement intégral en 18 ans et surtout la production d’une électricité 100% corrézienne, environ 10% moins chère que les tarifs actuels. »
Débutés cette semaine, les travaux vont se dérouler sur un peu plus d’un an. Les tests et la mise en service étant prévus pour février 2027. Aucun autre projet comme celui-ci n’a encore vu le jour en France. On se souvient de routes solaires où des dalles photovoltaïques avaient été posées au sol (en Normandie) mais la rentabilité n’a pas été trouvée. Des autoroutes à énergie solaire sont aussi en test en Chine mais aucune route à ombrière n’existe dans le monde actuellement.
« Produire en Corrèze, pour la Corrèze : telle est la promesse tenue par ce chantier d’envergure, vitrine du savoir-faire et de la volonté politique de notre collectivité », termine Pascal Coste, le président du Département qui ne compte pas en rester là comme l’indiqué le communiqué de presse : « Ce principe pourrait être progressivement déployé sur une partie des 4 700 km de routes départementales, faisant de la Corrèze un territoire-pilote en matière d’aménagement énergétique durable et confortant le Département dans son rôle d’agrégateur, c’est-à-dire d’organisateur de la relation entre producteurs et consommateurs d’énergie. »
