Alors que la sécheresse et les canicules de l’été 2022 pourraient sembler un lointain souvenir, la situation hydrologique reste préoccupante sur une partie du Limousin. Sur plus de 2/3 de la Creuse, l’état d’alerte vient d’être déclenché et en Haute-Vienne, la préfecture fait évoluer le cadre de mise en œuvre des restrictions d’usage de l’eau.
Le changement climatique continue de perturber le cycle de l’eau et, sur certaines parties du territoire, les précipitations hivernales et printanières « efficaces » ont été insuffisantes pour combler le grave déficit en eau conséquent à la longue sécheresse de 2022. Au 1er juin 2023, le Bureau des Recherches Géologiques et Minières estimait que 66% des nappes affichaient des niveaux bas à très bas alors que la période de vidange allait commencer et durer jusqu’à l’automne. Si la situation s’est légèrement améliorée par endroit au cours du mois de mai (68% au 1er mai), elle s’est aggravée et demeure préoccupante dans de nombreuses zones.
Un plan d’action national pour une gestion résiliente et concertée de l’eau
En première ligne dans la gestion de l’eau et face au risque de sécheresse, l’Etat a présenté, le 30 mars dernier, un «plan d’action national pour une gestion résiliente et concertée de l’eau» comprenant 53 mesures et visant à répondre à autour de 3 objectifs :
- organiser la sobriété des usages pour tous les acteurs,
- optimiser la disponibilité de la ressource,
- préserver la qualité de l’eau.
Ce plan s’appuie sur une action collective de l’Etat, des collectivités territoriales, des acteurs économiques, des associations et des citoyens, et prévoit des plans de sobriétés, des plans d’investissement pour réduire les fuites, récupérer les eaux pluviales, préserver les zones humides, réduire les pollutions et .
Une surveillance préfectorale désormais au niveau des bassins versants
Sur les territoires, ce sont les préfectures qui sont en charge d’organiser la surveillance de la ressource en eau et d’évaluer les risques potentiels grâce à des « comités sécheresse » qui regroupent une vingtaine de structures publiques/parapubliques. Ces comités analysent les données et leurs évolutions, et émettent un avis pour aider les préfectures à définir le niveau de vigilance adapté et à prendre, si nécessaire, des arrêtés de restriction de l’usage en eau.
Suite à l’évaluation de la gestion de la sécheresse 2022 et comme il est prévu dans le « plan d’action national », les préfectures ont fait évoluer leur mode de surveillance pour analyser la situation non plus à l’échelle départementale mais au niveau plus pertinent des bassins versants. Dans un territoire comme le Limousin, avec très peu de nappes phréatiques, c’est bien le niveau des cours d’eau qui est le meilleur indicateur de l’état hydrologique mais la situation peut être très différente d’un bassin à l’autre sur le même département.
La préfecture de la Haute-Vienne vient de prendre un arrêté très complet qui délimite les zones des bassins versants de référence, fixe les débits seuils de « vigilance », « crise » et « crise renforcée » et précise les restrictions associées à chaque niveau. A noter que certains bassins, comme celui la Vienne, peuvent concerner plusieurs départements…
Une bonne partie de la Creuse passe déjà en « alerte »
Comme en Haute-Vienne, la Creuse a décidé d’opter pour une approche par bassin versant en raison des disparités observées sur le département. En effet, si la zone nord-ouest du département souffre ces dernières semaines d’un déficit de précipitations cumulé de l’ordre de 30% par rapport à la normale, le sud-est a lui plutôt bénéficié d’un excédent.
Le département de la Creuse était déjà en « vigilance » depuis le 9 mars 2023 et face au niveau préoccupant des eaux souterraines et au faible débit de certains cours d’eau, Anne FRACKOWIAK-JACOB, la nouvelle préfète de la Creuse, vient de prendre un arrêté plaçant une partie du département au niveau « alerte ». Ce niveau implique des restrictions quant à l’usage de l’eau notamment l’interdiction de la plupart des arrosages entre 8h et 20h.
Des outils de suivi de l’état des ressources en eau en temps réel
Si vous voulez suivre l’état de la ressource en eau autour de chez vous, on vous conseille :
- les sites des préfectures qui contiennent les comptes-rendus des « comités eau » et les arrêtés préfectoraux :
- le site info-secheresse.fr qui permet de visualiser les informations des différentes stations d’observations (nappes, cours d’eau etc…)