Co-pilote du capitaine Thomas De Pourquery dans le vaisseau Supersonic l’an dernier, Laurent Bardainne est revenu à l’Opéra de Limoges vendredi soir pour embarquer le public limougeaud dans une chevauchée fantastique avec ses acolytes de « Tigre d’Eau Douce »…
Saxophoniste « bourlingueur », Laurent Bardainne a su se forger une identité sonore très caractéristique avec son « ténor » au fil des projets qu’il a co-créé (Poni Hoax, Limousine…) ou dans lesquels il s’est laissé embarqué (avec Tony Allen, Thomas de Pourquery, Abd Al Malik, Camelia Jordana…) durant les 20 dernières années. Pour « Tigre d’Eau Douce », il s’est entouré d’une solide équipe : un batteur jazz-rock (Philippe Gleizes), un touche-à-tout de la basse (Sylvain Daniel), un maître du mythique Hammond B3 (Arnaud Roulin) et une légende de la percussion (Roger Raspail remplacé à Limoges par Beaurel Fabe Bambi).
En deux albums, ce nouveau projet est devenu l’une des attractions les plus rafraîchissantes de la scène « jazzy » française, un mix entre les sonorités funk « dusty fingers » des années 70 et les rythmes endiablés puisés sur les terres tropicales que Laurent Bardainne survolent du bout des lèvres avec ces longues phrases fluides, à la sonorité feutrée qui caractérise si bien son « son ».
Alors si le fantasque Thomas de Pourquery avait pris le volant d’une navette spatiale pour nous emmener dans un voyage cosmique sur les traces de « Sun Ra » l’an dernier, Laurent Bardainne a quant à lui pris le volant d’une de ces mythiques décapotables américaines des années 70 pour nous embarquer, avec ses compères de « Tigre d’Eau Douce », dans une sorte de quête musicale pour rattraper un soleil qui s’éloigne sans cesse à l’horizon.
Dans l’excitation de ce nouveau voyage, et pour leur première fois dans un opéra, Laurent Bardainne et ses acolytes se sont lancés plein d’entrain dès les premiers morceaux avant de se laisser aller, au fil de la route, à une humeur un peu plus contemplative à mesure que le soleil semblait se rapprocher. La partie finale, sorte d’apothéose sur fond de soleil couchant, s’est conclut en forme de grande fête avec « hymne au soleil », morceau éponyme du second album, qui mêle une rythmique carnavalesque à des mélodies orientales.
Un concert d’1h30 en forme de « road-movie » musical qui a bien mérité l’ovation du public d’Éclats d’Email, debout pour rappeler par deux fois le « Tigre d’Eau Douce » sur scène pour des « encore » que le groupe lui accordait avec plaisir, tout émoustillé d’évoluer sur la scène du grand théâtre, à l’image de Laurent Bardainne et Philippe Gleizes singeant tout sourire des ballerines sur pointe.
Timide « frontmen » mais incroyable saxophoniste, Laurent Bardainne aura une nouvelle fois conquis le public limougeaud et offert l’un de ces grands moments musicaux qui ont fait d’Éclats d’Émail LE rendez-vous le plus attendus des amateurs de musique « jazz & co » de Limoges et des environs. Oh yeah !
Ps : Comme prévu, les Lehmanns Brothers ont fait monter la température du « Pompette à Limoges » à des niveaux caniculaires avec un soul-funk parfaitement maitrisé et une énergie débordante. Vu le talent de la fine équipe, il y a fort à parier qu’on les reverra bientôt sur des scènes un peu plus grandes mais avec le même « groove » chevillé au corps. A suivre !