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jeudi 21 novembre 2024

Teinturière, chapelière, tisserand… A la rencontre des créateurs aux « Journées internationales de la laine » à Felletin

Les « Journées Internationales de la Laine » se sont déroulées ce week-end à Felletin. Organisée par l’association « Felletin Patrimoine Environnement » depuis 24 ans, la manifestation a, une fois encore, remporté un franc succès auprès des 20 000 visiteurs venus pour l’occasion découvrir les acteurs du renouveau de la filière laine et, parmi eux, des créateurs qui émerveillent par leur savoir-faire artisanal.

Parmi les nombreuses manifestations proposées durant ces 3 jours, le salon des créateurs, réparti sur plus de 1200 m², a accueilli 140 exposants. Venus des 4 coins de la France et de l’Europe, ils ont tous comme point commun l’amour de la laine. Représentant l’ensemble de la filière (des éleveurs de moutons aux tisserands, matelassiers ou feutriers), ils ont partagé avec enthousiasme le fruit de leur travail et de leur créativité.

De nos rencontres au fil des stands, nous avons choisi de vous présenter trois d’entre elles, trois personnalités passionnantes et hautes en couleurs.

La fabrique Povéda, teinture végétale sur laine naturelle

Installée à Dijon, Céline Petit est lainière teinturière. Depuis 5 ans, elle vit de sa passion et l’inscrit dans une démarche éthique et écologique, et privilégie la qualité, l’origine française et le respect de l’environnement à chaque étape de son travail.

Céline Petit, lainière-teinturière, utilise de la laine française et plantes tinctoriales pour colorer ses pelotes © Camille Rizard

Plutôt que d’acheter des laines à des revendeurs, elle les choisit et les trie elle-même auprès des éleveurs de brebis. Cela lui permet de mixer des laines de différentes caractéristiques (moutons de la race île de France élevés en Bourgogne, et mérinos d’Arles élevés dans les Bouches du Rhône) et de créer des compositions de fil uniques. La laine est ensuite lavée, cardée et filée dans des entreprises françaises, et revient à son atelier prête à être teintée.

Pour la teinture, elle utilise exclusivement des plantes tinctoriales provenant d’une AMAP de plantes françaises. A partir des plantes en poudre (garance, cosmos, châtaignier, cochenille, …), elle procède aux différentes étapes (mordançage, teinture et lavage) dans des marmites qui lui permettent de traiter 400 à 500g de laine à la fois, ce qui représente la production de 30 à 50 écheveaux par semaine. 15 jours de séchage sont ensuite nécessaires.

Il lui a fallu du temps pour tester ses recettes et arriver à créer les laines dont elle rêvait. Le résultat est de toute beauté, avec des teintes lumineuses, douces et naturelles. Vous pouvez retrouver les laines colorées de Céline dans les salons de tricoteuses, dans des merceries engagées, ou directement sur son site internet.

Découvrez les laines de Céline Petit sur lafabriquepoveda.com

La fée capeline, fabrication de chapeaux feutrés

Émilie Oliver est venue de la lointaine vallée de la Roya (Alpes Maritimes) pour présenter ses chapeaux. Installée comme feutrière en 2008, des éleveurs et des bergers lui ont rapidement demandé de leur fabriquer des chapeaux avec la laine de leurs moutons (race Brigasque), à l’époque en voie de disparition. Un vrai challenge pour la feutrière qui a dû trouver comment travailler cette laine particulièrement rustique afin de la transformer en chapeaux solides et résistants à l’eau et aux intempéries.

Émilie Olivier est venu de sa lointaine vallée de la Roya pour présenter ses magnifiques chapeaux en feutres © Camille Rizard

Au fil des ans, elle a amélioré sa technique et la qualité de ses chapeaux a vite été reconnue à travers la France. Des éleveurs d’autres régions lui ont demandé de recréer des modèles locaux, en utilisant la laine de leurs moutons. C’est ainsi qu’Émilie a par exemple redonné vie au Solognot, chapeau traditionnel de Sologne.

La qualité est le fil rouge de son travail. Se considérant davantage artisan qu’artiste, elle propose 3 modèles principaux de chapeaux, pratiques et résistants, aux finitions semblables à celles des chapelleries. Ses modèles se déclinent ensuite selon la nature de la laine et les couleurs proposées. Sa gamme s’est élargie avec la conception de gilets de travail en partenariat avec une couturière, toujours dans le même esprit de confort et de robustesse.

Plusieurs modèles de chapeaux mais aussi des gilets en feutre complètent la gamme d’Émilie Olivier © Camille Rizard

Afin de transmettre son savoir-faire, fruit de ses années d’expérience et de recherche en autodidacte, Émilie propose aujourd’hui diverses formations (elle est régulièrement invitée en Limousin par Lainamac). En 2022, elle a créé avec 4 autres professionnelles de la laine l’association « Va Savoir » qui propose un catalogue de formations riches et variées (tricot, teinture végétale, tissage, feutre et filage de la laine).

Découvrez le travail d’Émilie Olivier sur lafeecapeline.com

Jacques Navaux, tissage artisanal à la main

Installé à Aubusson, Jacques Navaux exerce un métier rare et peu connu puisque seulement 300 personnes le pratiquent en France, et qu’elles ne sont qu’une petite cinquantaine à en vivre. Il a appris le métier auprès d’un tisserand il y a 50 ans et n’a jamais cessé de tisser depuis, exerçant en complément des métiers « alimentaires ». Il apprécie de pouvoir s’y consacrer pleinement depuis une dizaine d’années, 10h par jour et 7 jours par semaine.

Jacques Navaux a appris le métier de tisserand il y’a 50 ans et n’a jamais quitter le métier depuis… © Camille Rizard

Pour faire comprendre son travail aux visiteurs du salon, il les invite simplement à toucher les pièces exposées sur son stand pour découvrir leur texture, leur douceur, leur régularité. Des écharpes, nappes, cravates aux motifs subtils et aux reliefs étonnants ravissent les yeux de ceux qui prennent le temps de regarder. Jacques réalise chaque pièce sur-mesure et sur commande. Le travail du tisserand consiste en effet à créer des pièces uniques, associant une fibre à un ouvrage, choisissant les points en fonction du fil (coton, lin, cachemire, soie, alpaga, mérinos, …).

S’il est venu avec quelques exemplaires, Jacques Navaux n’avait rien à vendre, il ne travaille que sur commande ! © Camille Rizard

Venu au salon avec un de ses 8 métiers à tisser, Jacques propose des démonstrations aux plus curieux. À la manière d’un virtuose, tisser lui semble tellement facile et naturel. Et pourtant, rien n’est laissé au hasard. Plusieurs étapes sont nécessaires avant de pouvoir commencer le tissage, et toutes demandent concentration et précision.

Sa grande expérience et la qualité de son travail lui ont permis d’obtenir le titre de maître artisan, délivré par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. C’est avec beaucoup de joie qu’il transmet aujourd’hui son savoir lors de stages d’initiation au tissage, durant lesquels il accompagne les participants à la réalisation d’une pièce personnelle en 2 à 3 jours.

Découvrez le travail et les créations de Jacques Navaux sur jacques-navaux-tissages.fr

Camille Rizard
Camille Rizard
Correspondante Actus Limousin en Haute-Corrèze

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