Délocalisation de Legrand en Hongrie, un petit séisme à Limoges à l’aube d’un avenir économique incertain

L’annonce de la délocalisation d’une petite partie de la production de Legrand vers la Hongrie est une nouvelle dont ce serait bien passée l’économie limougeaude. Si il n’y a, pour l’instant, pas péril en la demeure, la nouvelle a tout de même de quoi inquiéter à la veille d’une année 2025 qui s’annonce bien compliquée pour l’économie française.

Sur les 40 entreprises qui composent « les premiers de cordées » de l’économie française, elles ne sont plus que deux à avoir résisté à la tentation de transférer leur siège social à la capitale : le clermontois Michelin et le limougeaud Legrand. Deux « irréductibles » qui ont fait de leur ancrage local un cheval de bataille autant qu’un argument de vente, même lorsque la tentation de l’exode augmente avec les difficultés rencontrées pour rallier Paris en train.

Au début du mois de Novembre, Michelin a annoncé la fermeture de deux sites français, à Vannes et à Cholet, et la suppression à venir de plus de 1250 emplois : un véritable coup de tonnerre dans l’industrie française et un sacré coup à l’image d’un groupe qui s’était bâti la réputation d’être « aux petits soins » avec ses salariés. Symbole d’une industrie européenne plus fébrile que jamais face à la concurrence mondiale, le Bibendum auvergnat se dégonfle un peu pour essayer de continuer à voler, mais pour combien de temps ?

Legrand va fermer un site à Limoges, un petit séisme local

La semaine passée, à la grande surprise de ses salariés, Legrand a annoncé la fermeture de son site « Valprod » à Limoges La Valoine. S’il n’y a rien de comparable avec ce qu’il se passe chez Michelin, la délocalisation d’une cinquantaine d’emplois de Limoges vers la Hongrie a créé un petit séisme dans la ville où le leader de l’équipement électrique emploie plus de 2200 salariés.

Car si chez Legrand, on évoque un « plan d’adaptation industrielle » et que l’on ne parle pas de suppressions de postes (les salariés impactés vont être réaffectés sur un autre site local ou partir à la retraite), cette nouvelle corrobore les craintes qui entourent l’avenir du secteur industriel français et créait un précèdent à l’aube d’un futur économique des plus incertains. C’est un secret de polichinelle mais le secteur du BTP est face à une année qui risque d’être « sanglante » à en croire les entreprises du secteur qui voient leurs carnets de commandes se réduire à peau de chagrin pour 2025.

Alors quand Legrand, qui avait mis le « Fabriqué en France » et la « RSE » au coeur de ses actions cède, ne serait-ce qu’un peu, à la tentation de l’exil vers une contrée où la production est moins onéreuse pour anticiper sa compétitivité à venir, on peut effectivement craindre que, pour assurer sa survie dans une économie mondialisée toujours plus féroce, le groupe limougeaud n’avance bientôt n’avoir plus d’autres choix que de devoir déployer son « plan d’adaptation » à une plus grande échelle.

Et même si Guillaume Guérin a rapidement réagi à la nouvelle pour annoncer qu’il serait attentif à l’avenir des salariés de Legrand et assurer que « au moment où l’économie locale traverse une crise majeure, Limoges Métropole continue d’investir massivement, à travers ses nombreux dispositifs d’aides, pour les accompagner au mieux dans cette période et veillera à ce que les emplois existants sur le territoire puissent être préservés. », les coupes budgétaires qui s’annoncent dans le budget 2025 des collectivités locales risquent fort de limiter la capacité des acteurs locaux à venir en aide aux grands groupes mondiaux.

Si un petit séisme n’est pas suffisant pour engendrer la panique, espérons qu’il ne soit pas annonciateur de secousses plus fortes, auquel cas le rêve inachevé de la « startup nation » aura précipité le déclin de l’industrie française, tout en laissant les collectivités territoriales économiquement exsangues. Des perspectives sombres comme un ciel d’hiver…

Brice Milbergue
Brice Milbergue
Rédacteur en chef d'Actus Limousin
Quitter la version mobile