Dans son petit atelier à Saint-Bonnet-Briance, Mark Collett fabrique des luminaires en bois grâce à la technique du cintrage à la vapeur qu’il maîtrise parfaitement. Entre ses doigts prennent forme des suspensions sur mesure esthétiques et intemporelles qui trouvent leurs places dans des palaces et des intérieurs à la décoration raffinée.
« Je suis 90 % britannique et 10 % limousin » voilà d’emblée la manière dont se décrit Mark Collett. Il faut dire qu’il aime voyager. De son périple de cinq ans à travers la planète, il a gardé un certain goût pour l’aventure. En 2005, il a posé ses valises à Saint-Bonnet-Briance suivant son épouse qui voulait rentrer au pays. Après avoir exercé les métiers d’électricien et de coiffeur, il a suivi la tradition familiale. « Mon grand-père fabriquait des crosses en bois pour la société BSA et mon père était menuisier » raconte Mark, « j’ai donc toujours eu cette passion pour le bois. »
En 2019, Mark Collett a créé la société M.A.ASTON. La période du Covid va lui laisser le temps d’expérimenter la technique pour fabriquer des lampes en frêne aux formes improbables. « C’est vraiment la meilleure essence pour le cintrage à la vapeur » estime-t-il. Le chêne américain est moins flexible pour l’usage qu’il recherche. « Le rayon de cintrage du frêne est plus serré. » Davantage de possibilités s’offrent à lui, sans le risque de casser lors du cintrage, une opération délicate qui demande rapidité et précision.
L’art de transformer des planches de bois bien droites en des formes courbes très audacieuses
Les billes de bois qu’il utilise sont divisées en quatre quarts puis sciées vers le cœur du tronc. Cela confère aux planches une stabilité dimensionnelle inégalée ainsi qu’une esthétique différente par rapport aux planches délignées de façon classique. « C‘est plus de boulot mais les fibres sont droites, ne cassent pas et c’est ça le secret » confie Mark « et j’en ai loupé beaucoup avant de trouver la solution ! » S’il a toujours été attiré par le bois, l’artiste est avant tout autodidacte. Il a suivi un stage d’une semaine à Carcasonne auprès d’un spécialiste pour apprendre à cintrer le bois à la vapeur.
Les lamelles de bois de 25 mm d’épaisseur sont chauffées à 100 degrés, ce qui permet de les rendre malléables pour pouvoir leur donner des formes originales. « Il faut aller vite pour les manipuler, on n’a que 3 ou 4 minutes » précise Mark, « puis je les fixe avec des serre-joints pour garder la forme que je veux. J’ai adopté les mêmes techniques que celles utilisées par les constructeurs de bateaux et les tonneliers. Je peux ainsi créer de belles courbes douces. » Ce travail de longue haleine porte aujourd’hui ses fruits avec des créations aux formes très audacieuses.
Des heures de travail sont pourtant nécessaires à la conception de ces pièces uniques, entre l’idée, le dessin, la conception, la mise en œuvre et la finition. Chaque lamelle de bois est collée l’une sur l’autre, ce qui implique de les fixer avec des serre-joints, de les enlever pour recommencer avec la suivante afin de les assembler toutes. Le résultat final est bluffant car ces opérations fastidieuses et chronophages s’effacent comme par magie une fois le luminaire fini. La superposition des lamelles disparaît à la finition et ne subsiste alors qu’une forme épurée qui cache toute la complexité de la fabrication.
« Il y a un moment où ça ne ressemble à rien, où ça n’a pas de forme » explique-t-il, « il faut la trouver car le dessin n’est qu’un guide. » L’inspiration peut jaillir à tous moments, autant être prévoyant. « J’ai toujours un crayon sur moi » lance-t-il, « quand une forme m’inspire, je la dessine. Ensuite, je réfléchis beaucoup, je construis d’abord l’objet dans ma tête, pour résoudre tous les problèmes avant. Avec l’expérience, je sais comment le bois va se tordre… mais je dors mal ! » Avant de fabriquer la pièce, il réalise un prototype ce qui lui permet de prévoir l’espace où seront insérés les câbles électriques et les LED.
Des salons prestigieux et une reconnaissance internationale
Pour s’approvisionner, il mise sur la ressource locale. Mark va lui même prélever en forêt les arbres dont il a besoin puis il replante. L’artiste récupère également ce que la nature va lui donner à l’image d’un chêne américain foudroyé à cinq minutes de son atelier. Chacune de ses créations est unique, sur mesure, imaginée pour répondre à la demande du client avec qui il échange durant les étapes de fabrication. Chaque luminaire est conçu pour s’insérer harmonieusement dans le lieu pour lequel il a été commandé. Ses pièces de luxe s’exportent aux Etats-Unis, en Angleterre et en Suisse.
En 2022, Mark Collett a été sélectionné avec deux autres artisans d’art par la Chambre régionale de métiers pour représenter la France au « London Craft Week » et promouvoir l’artisanat français. « Je suis parti avec deux lampes et ça a boosté les commandes » se souvient-il, « j’ai ensuite été pris par un agent à Londres qui travaille avec des architectes d’intérieur haut de gamme. J’ai arrêté la fabrication des petites lampes pour me recentrer sur les grandes suspensions commandées par des hôtels, des particuliers, des restaurants et des collectionneurs. »
La même année, il remporte le 1er prix création des Ateliers d’Art de France pour la région Nouvelle-Aquitaine, et s’ouvre alors les portes du Grand Palais de Paris où il est invité pour « Révélations », biennale internationale métiers d’art et création. Il y présentera une suspension, des appliques et des sculptures. « J’ai été pris par une galeriste de New York qui cherchait de nouveaux talents et j’ai maintenant des suspensions accrochées à New York, Londres et Paris, ça a été très vite » se réjouit-il.
Du 21 au 25 mai, il participera à la biennale internationale des métiers d’art « Révélations » au Grand Palais où il présentera une applique minimaliste de 60 cm de hauteur sur laquelle il est entrain de travailler. Du 4 au 8 septembre, il sera présent au salon « Maison & Objet » à Paris pour la deuxième fois puis il ira à Eindhoven à la « Dutch Design Week , du 18 au 26 octobre. En novembre, il enchaînera avec le salon des métiers d’art « Résonance » à Strasbourg et espère participer à un prestigieux showroom à Munich. Une année qui s’annonce bien remplie.
Pour découvrir le travail de Mark Collett, rendez-vous sur le site maaston.fr ou sur le compte Instagram @m.a.aston.
Texte : Corinne Mérigaud / Photographies : Brice Milbergue