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mercredi 16 juillet 2025

« Au cOchOn dingue ! » à Eymoutiers, les créations colorées et tout en rondeurs de la céramiste Laure Laforge

A deux pas des halles d’Eymoutiers, une façade rouge et un nom attirent l’oeil : « Au cOchOn dingue ! », un drôle de nom pour une boutique. C’est le royaume très coloré de la céramiste Laure Laforge qui, depuis 20 ans, donne vie à tout un univers peuplé d’animaux et de personnages rigolos.

Les cochons sont bien là, en miniatures, en céramique, très colorés. Bien alignés sur les armoires vintage transformées en vitrines. Des pièces uniques mises en scène par leur créatrice Laure Laforge, céramiste d’art. Tout un bestiaire accompagne ses cochons : poissons, moutons, chats, poules, vaches, éléphants, renards et loups, tous sortis de son imagination. Ses mains ont donné vie à ces animaux. Depuis toujours, Laure les portait en elle. « Enfant, je dessinais déjà des petits cochons à fleurs, ce fil conducteur m’a suivi comme les couleurs et la rondeur » se souvient-elle. Un style reconnaissable au premier coup d’oeil, bien à elle, une signature…

« Un nom rigolo qui interpelle »

Originaire de la Champagne, elle a grandi à la campagne, entourée d’animaux. « Je ressens toujours le besoin vital de vivre au contact des animaux et de la nature » souligne-t-elle, « c’est primordial pour mon bien-être et mon inspiration. » Son univers rappelle les films d’animation de Nick Park (Wallace & Gromit, Chicken Run, Shawn le mouton…) avec des personnages farfelus en pâte à modeler. « Comme je n’ai pas pu devenir assistante vétérinaire, j’ai choisi de créer des animaux en terre » lance-t-elle.

Des moutons, des éléphants, des cochons, des chats, des poules… le style toute en rondeur de Laure Laforge évoquera aux connaisseurs l’univers de Nick Park (Wallace & Gromit etc…) © Brice Milbergue

Laure s’est installée à Eymoutiers en 2012 après avoir passé deux ans en Auvergne et dix à Marseille. En 2005, elle avait ouvert sa boutique-atelier dans le quartier du Panier. Après avoir terminé un CAP de décoration sur céramique à Aubagne, elle a fabriqué 100 cochons et loué une boutique un mois à Châtel-Montagne. « J’en avais vendu 90, ce fut le déclic, j’ai investi dans un four avec l’aide de mes parents. » Elle cherchait un nom rigolo et son attirance de longue date pour les cochons s’est imposée. « Je ne l’ai jamais regretté car ce nom, ça interpelle » assure-t-elle, « je suis restée une grande enfant et j’ai la chance d’avoir fait de ma passion, un métier. »

Après Marseille et Châtel-Montagne, c’est à Eymoutiers que Laure Laforge a posé ses valises pour ouvrir « Au cOchOn Dingue » © Brice Milbergue

Dix ans après, elle avait envie de changer d’horizon. Les forêts et le contact avec les animaux lui manquaient. Elle choisit le Cantal, mais les paysages trop fermés l’oppressent. Deux ans après, elle s’installe à Gentioux. « J’ai ensuite eu un coup de coeur pour Eymoutiers, le bruit de l’eau me fait du bien » confie-t-elle, « tous les matins, je me promène en forêt pour me ressourcer, j’adore voir des animaux sauvages. »

Des idées plein la tête

Dans son atelier-boutique, Laure Laforge modèle l’argile, une matière qu’elle a découverte en 2001. « Ce fut une véritable révélation, une rencontre avec cette matière surprenante qui offre des possibilités de créations incroyables » raconte-t-elle, « j’ai tout de suite adoré le travail de la terre. » Elle crée des pièces uniques : des tirelires (son « produit-phare ») mais aussi des boîtes décoratives, des bijoux, des marionnettes, des suspensions pour accrocher des plantes, des dessous de plat, des maisons à encens d’où on s‘attend à voir sortir des lutins.

Du modelage à la décoration, Laure Laforge travaille avec minutie et crée un univers original et coloré © Brice Milbergue

Les dernières venues dans sa collection, ce sont les grandes « Mademoiselles » comme elle les appelle, dont le nom est inspiré des fausses libellules. Leur silhouette filiforme tranche avec son bestiaire ventripotent. « Je voulais diversifier ma collection » précise-t-elle, « ne pas me contenter des tirelires pour ne pas m’ennuyer. J’ai toujours de nouvelles idées en tête ». Elle aime également créer des saynètes pour raconter une petite histoire avec de petits détails qu’il faut trouver en les observant de près. Un ver dans la pomme du randonneur, du sang sur la perceuse du bricoleur du dimanche…

Les « Mademoiselles », dernières venues dans la collection / Des petits détails qui prêtent à sourire cachés dans les saynètes © Brice Milbergue

Pour le modelage, Laure utilise des outils souvent fabriqués par ses soins ou par son père et même certains outils employés en broderie. Des formes rondes servent pour réaliser les ventres, le reste est modeler à la main pièce par pièce. Après 10 jours de séchage, vient la cuisson à 1000 °C pendant 12 heures. Elle décore ensuite à la peinture acrylique associant couleurs vives et mates. « Cela donne de l’originalité à mon univers et un rendu inhabituel dans le monde de la céramique souvent émaillée » précise Laure, « on a l’impression que les personnages pourraient s’animer. »

Jamais à court d’idées, Laure Laforge a également publié trois albums jeunesse illustrés et conçut des cartes postales rigolotes avec des expressions d’animaux. Elle anime également des ateliers de modelage pour enfants et adultes, à l’atelier-boutique ou dans des structures en Limousin (écoles, établissements médico-sociaux, Ehpad…).

« De ma spécificité, j’en ai fait une force »

La céramiste parle aussi volontiers de son « petit truc en plus ». Voilà quatre ans seulement, elle a été diagnostiquée autiste asperger sans déficience intellectuelle ni retard de langage. Cela passe inaperçu tant elle a développé des stratégies pour ressembler à « Madame-tout-le-monde ». « Ce fut un soulagement énorme quand je l’ai appris à 45 ans, j’ai pu mettre des mots sur mes maux. J’ai longtemps compensé par des substituts pour être comme tout le monde, rentrer dans la norme. Je décortique ces traits depuis quatre ans et je ne me force plus. Je m’étais sur adaptée au détriment de mon bien-être. »

Diagnostiquée autiste Asperger à 45 ans, Laure Laforge a fait de sa spécificité une véritable force dans son travail qui nécessite minutie et patience © Brice Milbergue

Très accueillante avec ses clients, aller vers l’autre lui est pourtant difficile mais sa boutique est sa bulle, son centre d’intérêt. Anxieuse, hypersensible aux odeurs, aux bruits et au toucher, ses nuits sont aussi très courtes. « De ma spécificité, j’en ai fait une force » admet-elle, « je fais à fond mon activité, je peux travailler pendant des heures. Je suis très perfectionniste, organisée et méthodique. J’’ai eu la chance de découvrir très vite cette passion pour l’argile. » Laure souhaite partager son parcours dans un livre et cherche actuellement un éditeur.

Informations pratiques

Site web et boutique en ligne : aucochondingue.com

« Au cOchOn Dingue », 1 place de l’ancienne mairie 87120 Eymoutiers

En juillet et août, ouvert du mardi au samedi et jours fériés de 10h30 à 12h30 et de 14h30 à 18h30. Tél : 06 71 39 96 16

La boutique « Au cOchOn Dingue » à Eymoutiers © Brice Milbergue
Corinne Mérigaud
Corinne Mérigaud
Journaliste Actus Limousin

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