Zoom sur la 26ème édition du « Festival international d’art photographique » de Tulle, du 1er au 16 novembre

La 26e édition du « Festival international d’art photographique de Tulle » a débuté ce week-end et durera jusqu’au 16 novembre. Depuis plus d’un quart de siècle, ce rendez-vous organisé par le Photo Club ASPTT Tulle met en lumière le regard de photographes amateurs et professionnels. Un voyage visuel, poétique et parfois engagé, au cœur du monde et de la Corrèze.

Le 26e festival international d’art photographique

Le Festival International d’Art Photographique de Tulle existe depuis 26 ans et se tient cette année du 1er au 16 novembre. Cet événement c’est tout d’abord l’occasion de récompenser les participants de plusieurs clubs photos à de nombreux prix, avec des clubs des alentours bien sûr comme celui de Sarlat, de Clermont-Ferrand mais aussi de plus loin comme celui d’Australie ! C’est donc un jury qui délibère et qui classe plus de 900 photos, une remise de prix, des invités d’honneur et en tout 475 photos réparties sur trois lieux d’exposition : la salle des fêtes de l’impasse Latreille, le Musée du Cloître et des photographies en extérieur sur la place de la cathédrale.

Près de 500 photos sont exposées durant les 16 jours du festival © Pauline Sutter

Organisé par l’ASPTT Tulle photo club, ce festival a pour but de mettre en valeur les créations photographiques de professionnels autant que celles d’amateurs d’autres clubs. Créée en 1979, le club photo tulliste regroupe aujourd’hui une cinquantaine d’adhérents. Le club y propose bien sûr des formations thématiques, des sorties photographiques mais aussi et surtout des participations à des concours régionaux et nationaux. Dominique Lemoine, le président du club, insiste : « il ne s’agit pas d’un élitisme excessif, mais le but est de créer une émulation chez ses adhérents (sinon on s’ennuie, non ?) ».

Le Musée du Cloître vous permettra de voir plusieurs expositions, dont celle d’Antoine Billet « La vibration des rêves » qui met en image les rêves des personnes qui se mettent eux-mêmes scène devant l’objectif. Comme les années précédentes, la place de la cathédrale accueille une sélection du festival « Nature Montier en Der » sur bâche.

Comme les années précédentes, le festival de photo de Montier en Der s’invite sur la Place de la Cathédrale © Pauline Sutter

Enfin, à la salle des fêtes, vous pourrez admirer l’exposition du concours photo international, d’Objectif Image et des deux invités d’honneur : Dan Courtice, avec ses paysages empreints de nostalgie, et Katie Arresteilles, dont les portraits en noir et blanc explorent la dimension sociale du monde. Deux univers différents et émouvants.

Kathie Arresteilles, « surfaces sensibles »

Kathie Arresteilles est une fille d’immigrés espagnols ayant fui le franquisme. Bordelaise, sa carrière d’éducatrice spécialisée lui a permis de rencontrer des personnes aux parcours de vie complexes. Elle commence la photographie dans les années 80 et prend ses premières images dans les bars de nuit. Là elle y capture des ambiances, des sentiments, des moments de vie. Des thèmes qui lui seront chers par la suite.

Kathie Arresteilles, invitée d’honneur de la 26ème édition du festival tulliste © Pauline Sutter

Avec ses photos, elle souhaite garder la mémoire, ne pas laisser disparaître les histoires de celles et ceux que l’on n’entend jamais. Sans misérabilisme, Kathie veut accompagner éthiquement ces personnes qui échappent au regard de la société. Elle met en lumière les personnes souffrant psychiquement ou vivant en marge de la société, l’exil, les violences faites aux femmes, les identités en lutte.

Sa série « Surfaces sensibles » composée de 16 photographies a gagné le prix Gilbert Betoux en 2024. Le titre fait autant référence à la photographie et à sa surface particulière qu’aux personnes représentées : « J’ai voulu capter ces personnes qui vivent en marge ou que la société ne veut pas voir. ». Cette série se veut un hommage aux professions sociales à travers des instants de vie partagés et des scènes du quotidien. Ses photos en noir et blanc sont principalement des portraits, qui interpellent et touchent. Des moments suspendus qui transmettent chacune une émotion chez le visiteur.

Avec sa série « Surfaces sensibles » met en lumière celles et ceux que l’on ne voit jamais… © Kathie Arresteille / Pauline Sutter

Aujourd’hui Kathie continue son engagement et collabore avec des ONG et des associations sur des projets photographiques de plaidoyers.

Dan Courtice, « Photos de paysages des 19 et 20e siècles »

Dan Courtice est un anglais timide et sensible qui nous vient de Bristol et qui est passionné par le dessin depuis son plus jeune âge quand il aimait recopier des images photographiées. Graphiste, de formation, il se met peu à peu à la photographie. C’est en 2008 qu’il déménage en Corrèze pour fonder sa propre agence de graphisme et de photographie. C’est à ce moment-là qu’il commence à photographier les paysages du Limousin.

Natif de Bristol, Dan Courtice s’est installé en Limousin il y a presque 20 ans © Pauline Sutter

Son travail s’inspire du pictorialisme : un mouvement international de la fin du 19e qui défendait la photographie comme un art à part entière et qui se devait d’être visuellement proche d’une peinture. En regardant les photographies de Dan j’ai vraiment l’impression de contempler des peintures issues du courant artistique du réalisme au 19e siècle (porté par Courbet et Manet). Pourtant le but de Dan Courtice c’est surtout de transmettre une émotion en « peignant » ses photos avec les textures et les contrastes, avec les ombres et les lumières sans utiliser de filtres ni d’IA.

Dan Courtice s’inspire du pictorialisme pour « peindre » la nature corrézienne © Dan Courtice / Pauline Sutter

Quand je l’interroge sur son arrivée en Corrèze en 2008, Dan me confie : « j’y aime la nature, la luminosité changeante sur la végétation en fonction de l’heure de la journée… » Et surtout, Dan y aime les arbres qui ont une présence particulière : « ce que je veux transmettre dans mes photos, c’est la manière dont la nature interagit avec elle-même », confie Dan. « C’est pour ça qu’il n’y a aucun témoin de présence humaine sur mes photos. ». L’exposition de Dan s’intitule « Photos de paysages des 19 et 20e siècles » et comporte 23 photographies. Les paysages intemporels en couleur représentent tous des paysages de la Corrèze, de jour, de nuit, avec une omniprésence des arbres et une certaine nostalgie.

Rendez-vous donc du 1er au 16 novembre pour visiter ces expositions photographiques qui vont, je suis sûre, vous émouvoir, vous arrêter sur des détails que vous n’auriez pas vus et surtout, vous faire réfléchir sur la société.

Infos pratiques

26ème Festival Internation d’Art Photographique de Tulle, du 1 au 16 novembre de 13h à 18h30 du lundi au vendredi et de 10h à 18h30 les week-ends et jours fériés

Lieux : RDC Salle des fêtes impasse Latreille, Musée du Cloître, Place de la Cathédrale

À noter : 22 et 23 novembre stage d’initiation à la photographie à l’ASPTT Tulle photo club

Pauline Sutter
Pauline Sutter
Correspondante Actus Limousin
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