Après la sécheresse et les épisodes caniculaires de l’année passée, nous connaissons un hiver des plus secs qui amplifie une situation déjà très préoccupantes pour nos ressources en eau. Alors que quelques jours de pluie sont enfin annoncés, mais ne résoudront pas à eux seuls la situation, on fait le point sur l’action des différentes préfectures limousines par rapport à la situation.
Après une année 2022 marquée par une période de sécheresse longue et intense, en raison d’un début d’année bien plus sec que la normale et de plusieurs épisodes caniculaires, tous les yeux étaient tournés, plein d’espoir, vers le ciel hivernal habituellement chargé de gros nuages que nous envoie les dépressions en provenance de la façade Atlantique.
Mais l’espoir fut vain et le début 2023 a lui aussi été marqué par de triste records de nombre de jours consécutifs sans une goutte de pluie (> 30 jours) ou de niveaux de précipitations historiquement bas avec moins de 10mm en Creuse et moins de 20 mm en Haute-Vienne et en Corrèze pour le mois de Février.
Sans surprise, les préfectures sont déjà aux aguets face à une situation exceptionnelle et aux multiples conséquences qui pourraient en découler dans les semaines et les mois à venir :
- En Corrèze : normalement plus préservé que ces voisins, le département de la Corrèze a été placé en « vigilance » par le préfet en ce début de mois de Mars. Le taux d’humidité des sols est fortement détérioré, la majorité des réserves d’eaux souterraines affichent un remplissage déficitaire voire alarmant dans 25% des cas et les débits des cours d’eau sont d’ores et déjà particulièrement préoccupants…
- En Haute-Vienne : placé en « vigilance » depuis la mi-Mai 2022, le département de la Haute-Vienne n’a quitté ce niveau que pour passer en niveau de « crise » au plus dur de la sécheresse de l’an passé. Et si les restrictions de l’usage de l’eau ont été levées à la fin du mois de Novembre, le statut de « vigilance » a quant à lui été maintenu jusqu’à nouvel ordre. Suite à la dernière réunion de son « comité sécheresse » à la fin du mois de Février, la préfecture de la Haute-Vienne rappelait l’importance du déficit actuel en eau (de l’ordre de 30%) et renouvelait déjà les appels au civisme et à l’écoresponsabilité dans les usages de l’eau.
- En Creuse : département le plus sensible des trois à la sécheresse, la Creuse a été le premier a être placé en « vigilance » puis en « crise » l’an passé. La situation y est toujours très préoccupante notamment car les niveaux des eaux souterraines et des cours d’eaux sont encore plus critiques qu’en 2019. Le niveau de « vigilance » est maintenue et les appels à la sobriété dans les usages de l’eau renouvelés avant la réunion du « comité sécheresse » prévu demain, 7 mars.
Qualité de l’air, incendies… des conséquences déjà bien visibles
Si le déficit en eau est préoccupant pour l’approvisionnement en eau potable et l’activité agricole dans les mois à venir, les conséquences de cette sécheresse hivernale se font déjà sentir dans d’autres domaines :
- En Creuse, après plusieurs départs d’incendie, la préfecture rappelle que les déchets verts sont à déposer dans les déchetterie et qu’il est totalement interdit de faire du feu à moins de 200 mètres d’un espace naturel combustible du 1er Mars au 31 Octobre.
- En Corrèze, la qualité de l’air a été particulièrement « dégradée » ces derniers jours sur une bonne partie du département
Il va pleuvoir, mais on est pas sorti d’affaire…
Alors certes, à force d’essayer les dépressions vont enfin réussir à gagner une partie contre l’anti-cyclone et il devrait pleuvoir dans les jours à venir. Les prévisionnistes météo sont presque tous unanimes et annoncent l’arrivée d’une perturbation qui devrait enfin arroser la France à partir de demain et pour plusieurs jours. Mais le déficit est tel qu’il va nous falloir bien plus que quelques jours de pluie pour rattraper le retard et que la « vigilance » et la « sobriété » s’annoncent déjà comme les maitres-mots dans nos usages de l’eau pendant la belle saison 2023.
Et si grâce à cet hiver bien plus chaud que la normale, nous n’avons pas connu la crise énergétique hivernale à laquelle on nous préparait cet automne, rien ne dit que nous n’aurons pas de surprise cet été. Car même si notre consommation électrique est inférieure à la belle saison, la production d’électricité française repose beaucoup sur l’eau et que sans la souplesse des barrages hydrauliques et avec un parc nucléaire « en chantier » et dépendant de l’eau pour refroidir ses réacteurs, il ne semble pas impossible que nous découvrions rapidement de nouvelles limites…
Le changement climatique n’est plus un débat mais bien une réalité, la bonne nouvelle c’est que l’on n’a jamais été aussi bien informé sur ses conséquences comme sur ce qui peut aider à réduire l’impact de nos activités. En attendant que nos élites politiques aient bien compris qu’ils avaient un rôle prépondérant à jouer dans cette phase historique, nous avons nous aussi les moyens d’agir en bonne intelligence dans nos usages des ressources pour ne pas amplifier la dégradation.