3.5 C
Région Limousin
mardi 3 décembre 2024

On est allé aux cèpes en tongs mais on n’a rien ramené de bien réjouissant…

Comme chaque année, chez Actus Limousin on est à l’affût des premières poussées de cèpes. En ce début d’automne exceptionnellement chaud, on est donc allé faire notre tour de reconnaissance en forêt équipés des chaussures les plus adaptées à la météo du moment : une paire de tongs. Et ça n’a pas été fameux…

Bien conscients que nous venons de vivre le mois de septembre le plus chaud de l’histoire et que l’on a pas vu la moindre « vraie » averse depuis un bon moment, chez Actus Limousin on sait pourtant depuis longtemps que, 15 jours après le début officiel de l’automne, on devrait déjà être en plein dans la saison des champignons. Cette année, on y croyait pourtant pas trop jusqu’à ce qu’un article de nos confrères du Populaire nous redonne un peu d’espoir…

Le Populaire – 29 septembre 2023

Pour vérifier tout ça sur le terrain, a donc décidé d’aller faire un tour sur la « terre promise » des mycologues limousins : le plateau de Millevaches. Par contre, on a troqué les bottes de pluie contre des souliers plus adaptés aux températures actuelles, et qu’on a pas encore eu le temps de ranger : une paire de tongs.

Ça croustille sous les pieds, des hêtres qui craquent…

Après seulement quelques pas dans le sous-bois, le constat est sans appel : pas assez d’eau ! Si les feuilles sont aussi vertes qu’au cœur de l’été, ça « croustille » sous les pieds, des hêtres perdent de grandes branches et des épicéas se déplument, séchés sur pied. Il règne au cœur de la forêt limousine un air chaud et sec qui semble déplacé en un tel lieu, jadis temple sacré de l’humidité, dont la mousse dodue a toujours rendu jalouses les autres forêts.

Un grand hêtre qui casse / un étang transformé en marre © Actus Limousin

Les ruisseaux aussi sont secs et les étangs se sont transformés en marre. La forêt limousine accuse déjà le coup après la grave sécheresse de l’an passé et les changements climatiques, de ces dernières années. Les hêtres, installés en Limousin depuis environ 5000 ans et très répandus sur le plateau de Millevaches, supportent très mal ces changements et donnent de sérieux signes de faiblesses. Sur le sujet, on vous invite à lire les explications beaucoup plus complètes de Nicolas Picard pour sur les variations de la biosphère limousine.

Encore un peu d’espoir mais il va falloir s’adapter…

Vu les piètres conditions et sans avoir vu le moindre champignon en plusieurs kilomètres d’exploration, cette ballade en forêt aura donc été une déception mais surtout un constat de visu de l’impact du dérèglement climatique sur la forêt limousine. Le ressenti est avant tout physiologique car, habitués des sous-bois locaux depuis l’enfance, on n’y avait encore jamais expérimenté cette atmosphère chaude et sèche, ni remarqué toutes ces branches cassées sur des arbres apparemment sains ou ces tapis de pousses naissantes après que les hêtres et les chênes aient sur-produit des faines et des glands à l’automne dernier.

Sur le bord d’un étang, profitant d’un terrain plus meuble et plus humide, un gros cèpe aura cependant fait renaître un peu d’espoir. C’est donc pas l’envie qui leur manquent, c’est bien les ressources !

Un vrai beau cèpe au bord de l’eau © Actus Limousin

Il ne nous reste plus qu’à espérer (et c’est étrange d’en arriver là!) que ce fichu anticyclone nous laissera bientôt en paix et que l’on retrouvera bientôt cet automne humide, souvent un peu frisquet, auquel on s’était habitué depuis tout petit pour qu’on puisse se plaindre à nouveau de la météo en mangeant une bonne omelette aux cèpes. L’espoir fait vivre mais ça serait sûrement mieux de réfléchir sérieusement comment on va s’adapter à tout ça, parce que ça n’a pas l’air parti pour s’arrêter.

Brice Milbergue
Brice Milbergue
Rédacteur en chef d'Actus Limousin

A la une

Plus d'articles