Entre eau vive et bon vivre : une ambiance rafraichissante à la concentration « canoë-kayak » Haute-Vézère à Treignac !

Ce week-end de Pentecôte, avait lieu l’un des plus grands rassemblements de canoë-kayak de France, sur les eaux de la Vézère à Treignac en Corrèze. Actus Limousin y a passé quelques jours. Immersion dans un autre monde : celui de l’eau vive et du bon vivre. 

Les « Serpents », la « Goujonnière », la « Digue crevée » … Sortis de tout contexte, ces mots là n’ont visiblement rien en commun. Si on les localise à présent, sur la Vézère à Treignac en Corrèze, ils prennent tout leur sens car ces noms, ce sont ceux des « rapides » qui ponctuent les dix kilomètres de ce haut-lieu des sports en eau-vive en Limousin !

Durant quatre jours, le temps du célèbre rassemblement Haute-Vézère qui a lieu, comme chaque année à Treignac pour le week-end de Pentecôte, EDF « ouvre les vannes » et laisse couler à fort débit pour le plus grand bonheur des « as de la pagaie ».

De Marmande, Tours, région parisienne, Belgique, Slovaquie … Des kayakistes venus de la France entière et même au-delà donc se sont retrouvés ici, sur le Plateau de Millevaches, en plein cœur du Limousin pour quatre jours d’une parenthèse qu’ils ne manqueraient pour rien au monde. Pourquoi ? « Parce que cette rivière, elle est unique, tout simplement ! ».

Entre le Plateau de Millevaches et le massif des Monédières, le petit village pittoresque de Treignac est LE spot d’eau vive du Limousin A Treignac, la Vézère offre un terrain de jeu spectaculaire qui attire les amateurs d’eau-vive de la France entière et même au-delà ! © Commune de Veix

Arrivé sur le bien nommé parking des Rivières, à l’entrée de Treignac, le site qui accueille habituellement quelques camping-cars a changé d’allure. Des dizaines de véhicules et leurs remorques sont stationnés. Devant, d’immenses chapiteaux ont été dressés et l’arche verte de la Corrèze flotte fièrement. Et au milieu au fond du tableau coule une rivière…

15m³ d’eau par seconde, sensations fortes garanties !

Un peu plus haut, le barrage des Bariousses a ouvert les vannes. L’eau s’élance à vive allure, grâce au partenariat précieux entre le Comité départemental de canoë-kayak de la Corrèze avec EDF, à 15m³ par seconde précisément. Sylvain Paris, le président du Comité affiche un large sourire sous le soleil treignacois. « On est contents, on est sur un rassemblement loisirs sans compétition cette année et ça attire énormément », confie-t-il.

Il faut dire que les chiffres parlent d’eux-mêmes : un millier de pratiquants dont plus de 700 kayakistes inscrits pour descendre la rivière, et plus de 200 participants aux descentes raft. Parce qu’outre les descentes loisirs destinés aux pratiquants confirmés, le Comité propose aussi des descentes en raft, accessibles à tous dès 12 ans et barrées par Charles, Julien, Sylvain, Clément, Thijs, Valentin, Loïc ou encore Adrien, tous des encadrants diplômés. Plus de 50 rotations de raft ont été réalisées dans le week-end.

Descente en raft sur une Vézère à 15 m³ / seconde, sensations garanties ! A Treignac, la Vézère offre un terrain de jeu spectaculaire qui attire les amateurs d’eau-vive de la France entière et même au-delà ! © Emmanuel Fauré

Au départ du parking des Rivières on découvre, à bord des rafts, la Vézère sous un nouvel angle. La végétation luxuriante du printemps forme des tunnels de verdure et les passages s’enchainent à vive allure. Sous le pont Finot, au centre de Treignac, les visiteurs profitent du spectacle. Plus en aval, après la sortie de la ville, les gorges se resserrent. Le granit crée une ambiance particulière. Notamment au « Rocher des folles ». La légende raconte qu’une mère refusant que sa fille soit sacrifiée aux dieux, se serait jetée avec elle dans la Vézère du haut de ce rocher… On vous laisse imaginer l’ambiance ici.

L’eau gronde et continue sa course folle un peu plus bas, dans d’autres passages qui font la renommée de la rivière. D’impressionnants trous, vus de raft, de hot-dog, de canoë-kayak ou encore d’hydrospeed, se succèdent jusqu’à l’usine hydroélectrique de Chingeat. C’est ici que s’arrête ce qu’on appelle la Partie 2. La troisième, encore sauvage mais un peu moins difficile en terme de niveau, permet d’arriver jusqu’au Pont Lapeyre, le « terminus » de la descente. A Treignac, la Vézère varie entre les classes 3 et 4 sur une échelle qui peut aller jusqu’à 6, un niveau de rivière quasiment infranchissable.

Du « bouillon » et des copains, voilà ce qui attire autant de monde à Treignac à la Pentecôte © Marmande Kayak

« C’est la première fois que je viens et je ne suis pas déçu, c’est incroyable », raconte un jeune kayakiste entre deux rapides, sur l’une des rares zones calmes de la rivière. Des descentes rafraîchissantes et pleines d’émotions que viennent chercher ces amoureux de l’eau-vive, mais pas seulement car ce qui les réunit à Treignac c’est aussi une ambiance…

Une cinquantaine de bénévoles mobilisés

Autour d’un verre de bière ou de gentiane, le rassemblement de la Haute-Vézère c’est aussi un moment d’échange, où l’on se raconte ses aventures sur les rivières d’ici ou d’ailleurs, où l’on se retrouve année après année. Où l’on crée des souvenirs aussi. Dans les campements partout sur le parking, accoudés au bar de la buvette tenu par des bénévoles de l’événement, ou en terrasse des bars de la ville, le monde du canoë-kayak s’offre une parenthèse ici, avant la saison estivale. Nathalie, responsable des bénévoles, Marlène à la sécurité nautique, Adeline à la restauration, Justine à la buvette, Didier à la logistique, Julien, responsable des descentes raft, Rémi responsable des concerts… Ensemble et avec une équipe d’une cinquantaine de bénévoles derrière, ils portent à bout de bras l’organisation de l’événement.

« C’est ce qu’on aime ! On boit des coups et le lendemain, on se réveille avec le « Saut du Loup » (premier gros rapide de la Vézère juste en dessous du barrage, ndlr) », raconte l’un de ceux qui forment la grande famille du canoë-kayak. Le soir, des animations sont organisées. Pour rester dans l’ambiance festive, des concerts animent les soirées. Le samedi soir, c’est Thom Souyeur et les Petits Grégory, groupe toulousain connu pour ses textes drôles, cinglants et provocateurs, qui a mis « le feu » au bord de la rivière.

3-2-1-Go ! Au long du week-end, les participants du rassemblement ont effectués quelques… 2274 descentes ! © Emmanuel Fauré

Au total, 2 274 passages ont été recensés par la cellule installée sur la rivière, c’est autant de kayakistes, de céistes, d’hydrospeed ou de « rafteurs » qui auront sans doute pris du plaisir sur les flots déchaînés de la Vézère qui a depuis retrouvé son calme, et – au bas mot – autant de souvenirs gravés dans les mémoires des pratiquants qui n’attendent qu’une chose : le prochain lâcher, en mai 2026.

Pour la prochaine édition, ce sera le retour des compétiteurs puisqu’une course de descente nationale 1 sera organisée sur le parcours de Treignac. Ce même parcours qui avait accueilli les tous premiers championnats du monde de canoë-kayak en 1959. 66 ans plus tard, force est de constater que la sauvage Vézère réserve toujours autant de plaisir à ceux qui osent s’y aventurer…

Jérémy Truant
Jérémy Truant
Journaliste Actus Limousin
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