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mercredi 28 mai 2025

La piscine d’été de Beaublanc fête ses 75 ans et « passe au vert »…

Pour ses 75 ans, le bassin d’été de Beaublanc, plus ancienne piscine de Limoges, s’est refait une beauté avec une nouvelle plage et un grand espace engazonné idéal pour lézarder au soleil… Quelques explications accompagnées, pour le plaisir, d’un petit retour sur l’histoire d’une piscine mythique…

La piscine d’été de Beaublanc a traversé les générations et continuent d’attirer les nageurs chaque été. L’an dernier, ils ont été 25 000 à profiter de ce bassin à ciel ouvert sorti de l’imagination de l’architecte Bernard Pécaud. Avant de revenir sur l’histoire de ce haut-lieu de l’été limougeaud, petite explication sur les travaux en cours…

La piscine d’été de Beaublanc passe au vert

De nouveaux travaux chiffrés à 250 000 euros ont été engagés cet hiver pour améliorer le bassin d’été très fréquenté l’été. En cette « année anniversaire », la Ville a choisi de refaire intégralement la plage et de créer un espace engazonné de 1.300 m². Des arbres ont été plantés pour apporter, d’ici quelques années, un peu d’ombre mais des voiles d’ombrage seront installés les jours où le mercure s’envolera. Une touche de verdure bienvenue qui relègue l’ancienne plage au rang des souvenirs. La plage a été réalisée en dalles de béton désactivé.

Un peu de verdure autour de la piscine et, dans quelques années, un peu d’ombre ! © Corinne Mérigaud

« Les anciennes dalles gravillonnées ont été retirées pour végétaliser, apporter de la fraîcheur, rendre la plage plus agréable visuellement et plus confortable à utiliser » nous explique Sylvie Rozette, adjointe aux sports. Une clôture sépare la zone engazonnée de la plage. La clôture extérieure a été remplacée et intègre des panneaux occultants. Sur les canisses, des plantes grimpantes vont apporter une touche verte supplémentaire. Trois pédiluves ont été créés entre la plage et le gazon. « C’est important de maintenir au maximum les équipements en faisant des travaux régulièrement, cela participe à réduire les coûts d’entretien » précise l’élue, « c’est un service public qui permet d’apprendre à nager. Ce bassin de 50 m est complémentaire à celui de l’Aquapolis pour les clubs et les scolaires. »

Un bassin olympique depuis 1992…
C’est seulement en 1992 que le nouveau bassin aux normes olympiques de 50 m, 21 m de large et 1,80 m de profondeur uniformément avec ses 8 lignes d’eau fut mis en eau. Un bassin chauffé estimé 10 millions de francs afin de prolonger la période d’ouverture de juin à septembre-octobre.
En 1992, le bassin d’été fût mis aux normes olympiques et chauffé pour allonger la saison © Corinne Mérigaud

Ouverture au public le 2 juin, après les Championnats de France des sports subaquatiques les 31 mai et 1er juin de 8h à 20h (plongée sportive).

75 ans de « plouf » et d’exploits

Dès 1936, un projet de piscine avait été étudié suite à l’acquisition, par la Ville, du Domaine de Beaublanc en 1920. Validé par la municipalité le 7 août 1945, le bassin d’été fût inauguré le 14 juillet 1950. Il comprenait un bassin de 50 m sur 18 m de large avec grand bain, petit bain, plongeoir de 10 m, tremplin, tribunes, vestiaires et bar. Il va immédiatement attirer les nageurs avec plus de 29 000 entrées lors des deux premiers mois, démontrant la nécessité de cet équipement sans équivalent sur le département.

Dans les années 60, les bikinis font leur apparition autour du bassin. © DR – Photothèque Paul Colmar

Le mythique plongeoir de 10 mètres

En 75 ans, le bassin d’été a connu des évolutions, la plus symbolique étant le démontage du mythique plongeoir en 1991. Celui sur lequel se portait tous les regards dès qu’un nageur osait y grimper. Impossible d’en redescendre pour ne pas perdre la face devant tous les spectateurs mais surtout devant les copains et les copines.

Le nageur devait d’abord demander l’autorisation au surveillant de baignade. Il sortait alors son sifflet afin que les nageurs libèrent la fosse de 6 mètres. Puis le silence s’installait, les volleyeurs stoppaient leur match, les nageurs s’arrêtaient pour admirer un saut de l’ange ou un salto arrière. Chacun retenait son souffle. En un éclair, le plongeur disparaissait sous l’eau avant de remonter l’air triomphant. Parfois, certains intrépides tétanisés de peur au bout du plongeoir étaient contraints de descendre ou pire, d’appeler le maître nageur au secours. Les plus raisonnables se contentaient du plongeoir de 5 m ou du 3 m juste à côté.

Le mythique plongeoir des 10 mètres de la piscine d’été de Beaublanc fût démonté en 1991 © DR (Photothèque Paul Colmar)

Pour compléter ce bassin, il faudra attendre janvier 1963 et le feu vert du conseil municipal afin de construire une piscine couverte attenante comprenant un bassin école de 15 m, un bassin sportif de 25 m, des douches et des vestiaires qui ouvrira en 1966.

Les premières longueurs de Claude Mandonnaud

La championne limougeaude de natation Claude Mandonnaud n’a pas oublié ce bassin d’été où elle commença à 13 ans. « J’en garde de très bons souvenirs, cela m’a permis de nager en 1963 » raconte-t-elle, « je n’étais pas en club, je nageais seule, mon défi était de faire le plus de 50 m possible. » Un soir, alors qu’elle s’attardait, l’entraînement de l’ASPTT avait commencé et l’entraîneur Lucien Maizeau la repère. Il deviendra son premier coach.

« A l’époque, le bassin n’était pas chauffé, l’eau était à 20-21° » raconte-t-elle, « quand on était frigorifié, on sortait pour boire un chocolat chaud et on y retournait. Cela a duré 2 mois car c’était un club d’été. » Elle va à nouveau s’entraîner pendant l’été 64 et 65, et améliore encore ses performances. « Une fois par mois, le bus des PTT nous emmenait à Felletin pour qu’on s’entraîne, c’était le seul bassin couvert.»

Sélectionnée en équipe de France jeunes, Claude Mandonnaud suivra un stage à l’INSEP puis un second stage aux USA. « Ma carrière était lancée et, en revenant de ce stage, la mairie m’a autorisée à nager dans le bassin d’hiver de 25 m en construction qui n’était pas encore ouvert se souvient-elle, j’ai sûrement été la première à le tester. »

La nageuse limougeaude Claude Mandonnaud, championne d’Europe du 400 m nage libre en 1966 © Jack de Nijs

Fin 1966, elle sera sacrée Championne d’Europe du 400 m nage libre puis sélectionnée aux JO de Mexico et Munich. Elle engrangera notamment 50 titres de Championne de France. La nageuse est restée fidèle à sa passion, étant toujours administratrice du Cercle des Nageurs de Marseille.

Bonus : le premier bassin Route de Toulouse et le « tarzan français »…

Avant Beaublanc, les Limougeauds plongeaient dans la piscine d’été de la Route de Toulouse ouverte le 8 juillet 1928. Elle se situait sur l’emplacement du parking de Legrand. C’était une piscine privée de 25 m, gérée par une société d’exploitation présidée par M. Umdenstock, et qui était accessible par un escalier abrupt.


Avant Beaublanc, la piscine d’été de la route de Toulouse était le seul équipement ouvert au public, exploité par une société privée. (Photothèque Paul Colmar)

Cet équipement populaire attirait les familles et les jeunes profitant d’un havre de fraîcheur pour passer de bons moments entre baignade, plongeons, matchs de water-polo, spectacles aquatiques avec des nageuses et nageurs venus de clubs parisiens et ceux de l’Aquatic-Club de Limoges… Ce bassin restera ouvert jusque dans les années 50, visible encore dans les années 80 sous la végétation.

Pour l’anecdote, ce bassin comptait même une « star » du cinéma parmi ses maîtres nageur : Charles Moulin. Sa carrure athlétique lui valut le surnom de tarzan français, en référence au champion de natation Johnny Weissmuller qui incarna Tarzan à l’écran. Lui aussi fit une longue carrière de comédien (1936-1982) et interpréta, par exemple, le rôle du berger dans « La femme du boulanger » de Marcel Pagnol sorti en 1938 ou le détestable « Laborie » dans « Jacquou le Croquant« …

L’acteur Charles Moulin, « le tarzan français », était aussi maître nageur à la première piscine de Limoges (collection Charles Moulin)
Corinne Mérigaud
Corinne Mérigaud
Journaliste Actus Limousin

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