L’Arboretum de la Tuillière à Ayen : 1700 espèces d’arbres dans un écrin d’art et de nature créé par un couple de hollandais passionnés

À Ayen, en Corrèze, l’Arboretum de la Tuillière est bien plus qu’un simple jardin botanique. Créé par un couple de Néerlandais passionnés en 1990, il s’étend aujourd’hui sur 9 hectares et rassemble plus de 1 700 espèces d’arbres et d’arbustes. Un lieu libre d’accès, entre biodiversité, art et sensibilisation écologique.

Depuis 1990, Ineke Vink et Koos Slob cultivent à Ayen leur passion pour les arbres. Ce couple originaire des Pays-Bas a transformé un ancien terrain agricole en un arboretum vivant, pédagogique et libre d’accès. D’abord planté de pins, le domaine s’est enrichi au fil des décennies pour devenir un véritable sanctuaire végétal de plus de 3 000 sujets, répartis sur trois grandes parcelles.

Durant ma visite, j’y découvre une collection remarquable de plus de 1 700 espèces étiquetées, incluant de nombreux arbres mais aussi des curiosités botaniques comme une grande variété de pins aux aiguilles étonnamment colorées, ou encore une collection complète de spirées, issue des Pays-Bas et transplantée ici en 2011. Prêts pour la visite ?

Un arboretum remarquable entre nature et création artistique

Dès mes premiers pas dans l’arboretum, je suis directement plongée dans un autre univers où la nature est mise en scène. Ici, les arbres ne sont pas simplement conservés ni collectionnés, ils sont valorisés et dialoguent avec la nature qui les entoure et les formes artistiques disposées ça et là.

Une sirène prend le soleil dans une marre nichée entre les arbres © Pauline Sutter

Je découvre que l’arboretum s’étend aujourd’hui sur neuf hectares, répartis en trois parcelles aménagées à différentes périodes : la première en 1990 (3,5 ha), la seconde en 2010 (5,1 ha), et la dernière en 2015 (0,4 ha). Ce vaste espace accueille plus de 3 000 sujets d’arbres et d’arbustes. Un véritable paradis pour les amateurs de botanique, mais aussi pour les promeneurs curieux en quête de calme et de beauté ! Parmi les arbres remarquables, on peut admirer des tilleuls majestueux, des « biz’arbres » comme le baguenaudier, mais aussi et surtout des pins, plantés dès l’origine, qui présentent une variété étonnante d’aiguilles, tantôt bleutées, tantôt argentées, fines ou épaisses, selon les espèces.

Des l’origine de l’arboretum de la Tuilière, de nombreuses espèces de pins ont été plantées © Pauline Sutter

Autre trésor du lieu : la collection de spirées, issue d’une de la collection néerlandaise de Wouter Kromhout Ede. Elle a été transférée à Ayen en 2011. C’est toute une explosion de couleur et de vie autour de ces fleurs colorées et variées lorsque je tombe sur ce bosquet de spirées. L’une d’entre elles retient particulièrement mon attention avec ses belles fleurs fuchsias sur lesquelles la rosée s’accroche encore.

Cette collection néerlandaise de spirées a été transférée à Ayen en 2011 / Rustique et généreuse à la floraison, la spirée s’adapte parfaitement au climat limousin © Pauline Sutter

Sur la dernière partie du parc, la plus récente, je tombe sur une grande collection très odorante en cette période de l’année : les tilleuls ! L’art, quant à lui, s’invite à chaque détour du sentier. Les sculptures, les œuvres monumentales, les objets insolites surprennent par leur diversité et leur présence apparemment incongrue dans un tel lieu… Je découvre par exemple un échiquier géant, mais aussi des chevaux à bascule en fer forgé à taille réelle, une chaise tournante, et de nombreux éléments intégrés dans le paysage.

Une petite partie ? 😉 © Pauline Sutter

Même les logements présents sur le site, tous insolites, s’intègrent parfaitement dans le paysage. Ici, le regard est toujours sollicité car des surprises guettent à chaque coin d’arbre !

Un igloo de bois parfaitement intégré dans son environnement © Pauline Sutter

Un refuge pour la biodiversité locale

Au-delà de son rôle paysager et esthétique, l’arboretum de la Tuillière se révèle être un véritable havre de biodiversité. À peine franchi le portail, je suis accueillie par le concert de grenouilles qui coassent non loin, d’oiseaux qui chantent à tue-tête et des insectes qui bourdonnent autour des spirées en fleurs. En y regardant d’un peu plus près je découvre dans les herbes volontairement laissées hautes à certains endroits une foule de petites bêtes. Et je ne vous parle pas de la vie des plans d’eau disséminés un peu partout dans l’arboretum, véritable oasis pour les amphibiens et les libellules !

Une foule d’amphibiens et d’insectes ont élu domicile dans ces splendides nénuphars © Pauline Sutter

L’arboretum abrite cinq étangs disséminés sur le site, des abris à insectes et de nombreux nichoirs créent des conditions idéales pour la faune. Une signalétique pédagogique complète le parcours et sensibilise les visiteurs, petits et grands, à la richesse de cette nature souvent méconnue. Labellisé Refuge LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), l’arboretum est un jardin pensé pour accueillir, protéger, favoriser les équilibres naturels. Et ça se sent : rien ici n’est figé, tout vibre, pousse, respire.

L’arboretum de la Tuilière abrite 5 étangs © Pauline Sutter

Au fil de ma promenade, je tombe sur une pancarte annonçant une prochaine animation : atelier greffage, concours photo, projection de film, chasse au trésor… L’association qui fait vivre le lieu, « Les Amis de l’Arboretum de la Tuillière », ne manque pas d’idées pour animer les saisons. Ce lieu est bel et bien vivant dans tous les sens du terme !

Un lieu engagé pour demain : transmission, écologie et résilience

Mais la magie de la Tuillière ne tient pas qu’à sa beauté. Elle tient aussi à l’engagement profond de ses créateurs, Ineke Vink et Koos Slob, un couple passionné venu des Pays-Bas il y a plusieurs décennies. Leur arboretum remplit une mission précieuse et parfois oubliée : celle de la conservation végétale. En rassemblant une diversité d’essences issues de différents continents, il contribue à préserver la mémoire végétale.

« Aux Pays-Bas, la majorité des arboretums universitaires a disparu pour des raisons budgétaires. C’est une perte irréversible de connaissances », déplorent Ineke Vink et Koos Slob. Chaque année, le couple continue d’élargir la collection, avec 50 à 100 arbres plantés, consolidant ainsi la diversité génétique végétale utile pour l’avenir et l’étude de l’adaptation des espèces face au changement climatique. Les visiteurs peuvent contribuer volontairement à la plantation d’arbres sur le site, en compensant l’impact de leur déplacement selon les recommandations de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie). Une manière concrète de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique.

Les visiteurs qui le souhaitent peuvent contribuer à financer les 50 à 100 nouveaux arbres qui sont plantés à l’arboretum de la Tuilière chaque année © Pauline Sutter

En marchant vers la sortie, je comprends que je ne viens pas de visiter un simple arboretum. J’ai pénétré un lieu vivant, habité, pensé comme une œuvre en mouvement. Un endroit où les arbres ne sont pas là que pour faire joli, mais pour résister, inspirer, et transmettre. Et j’ai déjà envie d’y revenir au printemps pour voir les floraisons, à l’automne pour admirer les feuillages en feu, ou simplement pour me laisser surprendre.

INFOS PRATIQUES

Arboretum en accès libre toute l’année, parcours en visite libre, pique-nique possible sur place

Adresse : 12, La Tuillière, 19310 Ayen  / Téléphone : 05-55-84-12-90

Pauline Sutter
Pauline Sutter
Correspondante Actus Limousin
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