« La perle du Limousin » : sur les traces du glorieux passé de la petite cité d’Uzerche

« La perle du Limousin » : c’est ainsi que la surnomma l’écrivain anglais Arthur Young lorsqu’il découvrit Uzerche, en 1787. Les années ont passées mais aujourd’hui encore, cette cité mérite ce titre, pour qui prend le temps de s’y arrêter. Elle abrite en effet un patrimoine exceptionnel.

Un site naturel unique

Perchée sur son éperon rocheux, Uzerche suit les méandres de la Vézère et domine la vallée depuis des siècles. Elle est bâtie sur du gneiss, une roche noire métamorphique très dure qui explique à la fois la difficulté des constructions et leur remarquable conservation à travers le temps. La dureté de la roche a contraint les habitants à s’adapter : plutôt que de creuser dans la pierre, ils ont ainsi créé des jardins en terrasse, ces espaces étagés qui ponctuent encore aujourd’hui le paysage urbain et lui donnent tout son charme.

« Cette pierre locale aux reflets d’ardoise et à l’aspect feuilleté côtoie le granit omniprésent dans la région », précise la guide de l’association Archéologie Paysage. Cette combinaison donne à Uzerche son identité visuelle unique, ces pierres sombres qui contrastent magnifiquement avec le vert de la végétation environnante.

L’histoire de la ville remonte au IIe siècle avant J.-C., avec les Gaulois. Devenue ville royale au VIIIe siècle, elle abrite au Xe siècle une puissante abbaye qui dirige cinquante églises de la région. Au Moyen Âge, la ville devient le siège du sénéchal du Bas-Limousin, celui qui rend la justice au nom du roi dans toute la région. Cette importance administrative lui vaut de nombreux châteaux et demeures nobles qui font depuis lors sa renommée architecturale.

L’abbé de Saint-Pierre d’Uzerche dirigeait quelques 50 églises de la région au Xe siècle © Juliette Jouve Soler

Le blason d’Uzerche intrigue : trois fleurs de lys surmontées de deux taureaux. Une légende raconte qu’assiégés par les Maures, les habitants auraient gavé les bestiaux de grain avant de les lâcher dans le camp ennemi. Voyant ces animaux bien nourris, les assaillants auraient cru la ville bien approvisionnée et levé l’encerclement !

Le blason d’Uzerche, trois fleurs de lys surmontées de deux taureaux © Juliette Jouve Soler

« Qui a maison à Uzerche a château en Limousin »

Ce dicton illustre parfaitement la richesse architecturale de la ville. Classée parmi les « 100 plus beaux détours de France », Uzerche présente une forêt de tours et de tourelles née de la rivalité entre nobles et bourgeois.

La visite commence par la porte dite Barrachaude. Cette ouverture emblématique est une invitation à remonter le temps. Elle est l’un des vestiges des neuf portes qui perçaient jadis l’enceinte médiévale, pour contrôler tous les accès à la cité. La porte et les bâtisses qui l’entourent forment le château Bécharie. Édifiés au XIVe siècle, ces bâtiments sont démolis pendant les guerres de religion puis reconstruits par la famille Clédat, de la bourgeoisie marchande d’Uzerche.

Le château Bécharie et la porte Barrachaude © Juliette Jouve Soler

En levant les yeux, on découvre que les toitures d’ardoise de Travassac uniformisent harmonieusement le paysage urbain. Avec un regard attentif, on peut aussi remarquer quelques couvertures en châtaignier, ce bois qui grise joliment avec le temps. Les maisons à colombages ponctuent certaines rues du centre historique, témoins d’une époque où le bois était roi dans la construction.

L’église Saint-Pierre, joyau roman

Impossible de parcourir Uzerche sans pénétrer dans sa magnifique église Saint-Pierre, classée monument historique dès 1840. Cette église était un haut lieu de pèlerinage sur la route de Compostelle qui passait par Rocamadour. Elle abritait les reliques de Saint Léon et de Saint Coronat, et attirait les fidèles de toute la région. Cette fonction de pèlerinage explique l’aménagement particulier du chœur avec son déambulatoire, cette galerie circulaire qui permettait aux croyants de vénérer les reliques sans perturber les offices monastiques.

Avec son clocher limousin et ses colonnes en granit, l’église Saint-Pierre d’Uzerche est un joyau de l’art roman en Bas-Limousin © Juliette Jouve Soler

Aujourd’hui, l’entrée se fait par le côté, la porte principale étant devenue trop étroite au fil des transformations architecturales. Dans la crypte, on peut voir l’emplacement des anciennes reliques. Les vestiges du cloître rappellent la vie monacale qui animait autrefois ces lieux sacrés.

Anecdotes et curiosités

Une tradition locale perdure encore aujourd’hui : sur certaines portes, on peut observer des branches de noyer accrochées le 24 juin, jour de la Saint-Jean, pour porter bonheur et santé aux habitants de la demeure.

Une branche de noyer pour porter bonheur et santé / la maison de l’ancien apothicaire et sa fenêtre-comptoir © Juliette Jouve Soler

La maison de l’apothicaire, avec sa fenêtre-comptoir, rappelle l’affaire Marie Lafarge, célèbre fait-divers de 1840 : cette Parisienne fut accusée d’avoir empoisonné son mari à l’arsenic fourni par le pharmacien local.

Un patrimoine à redécouvrir

Du sommet de la ville, on profite d’une vue imprenable sur la vallée de la Vézère et sur les collines environnantes. Idéalement située à 30 minutes de Brive-la-Gaillarde et 40 minutes de Limoges sur l’axe stratégique Paris-Toulouse, Uzerche a su tirer parti de l’autoroute A20 qui détourne désormais la circulation qui paralysait autrefois ses rues étroites.

Aujourd’hui, la ville parie sur ses atouts : architecture remarquable, tables gourmandes, activités de loisirs sur la Vézère, et un dynamisme culturel reconnu notamment autour du site magnifiquement réhabilité de l’ancienne papeterie.

L’entrée de la « Graffeterie » sous le regard de la princesse africaine imaginée par Yseult Digan © Brice Milbergue

Plus d’informations sur le site de l’office de tourisme :  terresdecorreze.com

Juliette Jouve Soler
Juliette Jouve Soler
Correspondante Actus Limousin
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