Au lac de Ponty à Ussel, un grand vide inédit depuis 15 ans et une quête de renouveau…

Peu à peu, l’eau se retire du lac de Ponty à Ussel en Corrèze. Commencée au milieu du mois de septembre, la vidange réglementaire du plan d’eau se termine. Nous avons suivi l’opération qui doit permettre – entre autre – d’analyser les fonds, en espérant un jour le retour de la baignade dans ce lac très prisé des locaux.

Une vidange inédite depuis 15 ans

Depuis quelques jours, les arbres aux parures automnales ne se reflètent plus dans les eaux du lac. Le clapotis que l’on entendait sur la plage s’est tue. Au milieu, le ruisseau a retrouvé sont lit. Autour, l’eau a laissé la place à la vase. Paysages lunaires.

Les méandres des petits ruisseaux qui alimentent le lac de Ponty © Jérémy Truant

Le lac de Ponty à Ussel en Haute-Corrèze fait l’objet d’une vidange complète au cours de cet automne 2025. « Normalement, cette vidange devrait avoir lieu tous les 5 ans. Ici, ça n’a pas été fait depuis au moins 15 ans, notamment à cause des sécheresses successives. La DDT (Direction départementale des territoires, ndlr) nous a demandé de travailler avec les pêcheurs pour vider le lac cette année », confirme Christophe Arfeuillère, maire de la ville d’Ussel.

Le lac de Ponty
Mis en service en 1974-1975, le lac de Ponty a été créé pour offrir à Ussel, située à moins de 4 kilomètres, un espace de loisirs et de détente qui appartient à la ville d’Ussel. Les 17 hectares de plan d’eau et les chemins autour attirent chaque jour des dizaines et dizaines de promeneurs, vététistes ou encore joggeurs. Le site de Ponty est aussi connu pour son stade de VTT. Le parcours a accueilli à plusieurs reprises des Coupes de France comme en juin 2024.

C’est ainsi que les vannes de la digue en terre se sont ouvertes progressivement pour libérer les 400 000 m³ d’eau du lac. C’est l’Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA) d’Ussel qui est en charge de cette minutieuse opération. En ce début novembre, son président Michel Faure constate : « Il pleut pas mal cet automne, on a du mal à arriver à la vidange complète ! » Pour procéder à cet assèchement du lac, l’AAPPMA peut compter sur le soutien technique de la Ville d’Ussel. « On les accompagne et on a mis un peu de budget, notamment pour changer les grilles », reprend le premier édile.

Malgré les fortes pluies, on touche enfin le fond ! © Jérémy Truant

Des carpes de plus de 20 kilos !

L’autre grande mission dans ce type de vidange, c’est la pêche des poissons, ou plutôt « la  capture préventive ». La pêche de vidange dans les étangs à l’automne, c’est un rendez-vous traditionnel. Les poissons sont rassemblés dans la pêcherie, cette partie profonde du plan d’eau où les filets sont tendus. Les pêcheurs, souvent épaulés par des bénévoles, s’activent dans la vase et le spectacle attire les amateurs de pêche et les curieux.

La capture des poissons attirent les amateurs de pêche des alentours © Claude Chauvey

Pour Ponty, la pêche a eu lieu en plusieurs fois ce mois d’octobre. Benjamin, pisciculteur à Couffy-sur-Sarsonne, non loin d’Ussel, a tendu un filet de 85 mètres (qu’on appelle aussi une senne) dans le lac. « On a pêché 250 carpes qui vont de 7 à 22 kilogrammes », précise Michel Faure. Ces poissons ont été relâchés dans des lacs de deuxième catégorie, comme celui des Chaumettes à Mestes par exemple.

Les pêcheurs ont récupéré 250 carpes dont certains spécimens de plus de 20 kilos ! © Claude Chauvey

Toutes les espèces qui peuplent traditionnellement les lacs limousins (carnassiers, gardons, perches, tanches…) ont aussi été pêchées, mais les pêcheurs ont aussi découvert quelques « bêtes » plus grosses qu’ils ne le pensaient : « on  trouvé des silures aussi, je ne pensais pas ! Dans un petit lac comme ça, ça peut créer des déséquilibres écologiques », regrette le pêcheur qui constate que le lac de Ponty est peu vaseux : « Il y a deux arrivées d’eau principale à Ponty, venues des deux réserves qui servent de décanteur, l’eau qui arrive dans le lac a été décantée. »

Le lac devrait rester vide jusqu’à la fin du mois de mars avant d’être progressivement remis en eau.

En finir avec les cyanobactéries pour retrouver la baignade

L’un des objectifs de cette vidange c’est de pouvoir inspecter avec la plus grande attention les arrivées d’eau et le fond du lac. Pourquoi ? Parce que depuis une dizaine d’années, la baignade est interdite dès le début de la saison estivale à cause des cyanobactéries. Aussi appelées algues bleues, ces micro-organismes se développent, à la belle saison, dans les eaux calmes et chaudes lorsque celles-ci sont trop riches en nutriments et peuvent libérer des toxines dangereuses pour la santé et l’environnement.

« On va regarder comment ça sèche, la végétation va repousser, ça va aérer le terrain et on va observer l’effet du gel sur la vase », décrit Christophe Arfeuillère. En effet, le gel régulier de l’hiver peut éliminer le phosphore, nutriment qui facilite le développement de ces fameuses cyanobactéries. C’est en tout cas ce qu’espère la Ville qui continue de développer le site touristique : création d’un petit parc accrobranche, pumptrack, restaurant et boîte de nuit estivale… Il ne manque finalement que la baignade.


« La madeleine de Ponty »

Nostalgie, nostalgie… Baignade en famille à Ponty à la fin des années 90 © Famille Montjanel

Il est parfois des odeurs, des sensations ou un simple mot qui rappellent un instant de vie, de jeunesse. « Ponty » en est un pour le trentenaire que je suis et qui a grandi tout près d’ici. De ce ponton en béton (toujours bien ancré aujourd’hui), on plongeait dans les eaux chaudes d’un été caniculaire en 2003 par exemple. Plus jeunes encore, on prenait plaisir à s’initier à la pêche en sortie scolaire. On prenait la pagaie, aussi, et on partait vivre l’aventure du tour de la petite île située en face de la plage. On trempait nos pieds avant le feu d’artifice tiré sur le lac et la grande fête foraine qui s’installait juste derrière.

« On se baignait à Ponty et il ne nous est jamais rien arrivé », entend-on souvent. Sur le site, rien n’a changé depuis notre jeunesse oubliée. Ou presque. Les quelques décennies ont vu le site quelque peu transformé : le retour d’une boîte de nuit estivale avec les pieds dans le sable, l’arrivée d’un véritable terrain de jeu pour les vététistes amateurs ou chevronnés, un petit parcours accrobranche…

Bientôt, une voie verte reliant le centre-ville au lac devrait voir le jour, c’est en tout cas un projet lancé par la municipalité actuelle. Et, au fond, ce que l’on espère tous, c’est qu’un jour, en empruntant cette voie, on pourra de nouveau glisser une serviette dans notre sac à dos, et aller goûter à cette Madeleine de Ponty…

Jérémy Truant
Jérémy Truant
Journaliste Actus Limousin
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