Mardi prochain, les coureuses du Tour de France féminin s’élanceront de Collonges-la-Rouge. Une bonne occasion de revenir sur l’histoire de cette petite cité de caractère, berceau des « plus beaux villages de France » et site touristique incontournable pour qui voyage entre Limousin, Quercy et Dordogne.
Et l’aura de Turenne fit éclore Collonges « la Rouge »…
Vers 785, le comte Roger de Limoges fonde l’abbaye « Saint-Sauveur de Charroux » et fait don de l’église de Collonges et de ses annexes aux moines de l’abbaye de Charroux qui y fondent un prieuré. Intégré à la puissante vicomté de Turenne à partir de 844, le bourg de Collonges se développe et devient une escale pour les pèlerins en route vers Compostelle.
Plus de 500 ans plus tard, un vicomte de Turenne décide de faire de Collonges, à quelques kilomètres de son château, son lieu de villégiature et lui accorde un statut d’indépendance judiciaire qui amènera des lignées de procureurs, avocats et notaires à s’y installer. Le bourg grandit, s’étend hors de ses remparts et prospère notamment grâce à la production viticole locale. Des nouveaux bâtiments sont construits avec les ressources locales, et en particulier le grès rouge extrait de la toute proche faille de Meyssac, frontière géologique entre les grès du Massif Central et le calcaire du Midi, et Collonges « la Rouge » commença à émerger dans la campagne verdoyante.
Le statut indépendant de la vicomté de Turenne contribuera à la prospérité de Collonges et, au XVème et XVIème siècle, la construction de magnifiques maisons et surtout de « castels » avec leurs tours d’escaliers, tourelles et échauguettes finement ouvragées, fera de la ville un lieu à l’architecture singulière lui valant le surnom de « ville aux vingt-cinq tours ».
De ce « grand siècle de Collonges », de nombreux bâtiments subsistent et notamment huit édifices classés et vingt inscrits sur la liste des Monuments Historiques.
De la chute de Turenne aux « plus beaux village de France »
Après 800 ans d’histoire, la vicomté de Turenne, qui compta jadis jusqu’à 100 000 habitants, fût finalement vendue à la Couronne de France par Charles-Godefroy de la Tour d’Auvergne pour éponger ses dettes de jeu. Le Roi ordonnera la démolition du château de Turenne et signera la fin des privilèges fiscaux dont jouissaient les collongeois. Le déclin de la ville a commencé et s’achèvera avec la Révolution française avec l’exode massif des habitants.
Collonges retrouvera néanmoins une prospérité éphémère au XIXème mais l’exode rural et le phylloxera auront vite raison de ce sursaut. Les ceps de vigne seront arrachés, remplacés par des noyers et la ville se transformera même en « carrière de pierre » avant que certains bâtiments ne soient classés aux Monuments Historiques grâce à l’action de la municipalité.
Cet effort de conservation du patrimoine sera ensuite poursuivi par « la Société des Amis de Collonges » qui réussira à faire classer plusieurs centaines d’hectares, d’abord le village en 1942 puis les abords en 1973, à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. En 1969, Charles Ceyrac, le maire de la ville obtiendra que la commune devienne officiellement « Collonges-la-Rouge » et oeuvrera pour son développement touristique en créant des aires de stationnement, en pavant les rues et en y interdisant la circulation durant l’été.
C’est ce même Charles Ceyrac qui aura l’idée, en découvrant un numéro du Reader’s Digest consacré aux « Plus beaux villages de France », de mobiliser les maires de ces communes et de fonder une association qui regrouperait les villages de moins de 2000 habitants disposant d’un patrimoine bâti d’exception. Collonges-la-Rouge fût logiquement le premier de ces 174 villages classés « plus beaux villages de France » et demeure, avec quelques 700 000 visiteurs chaque année, le site le plus visité du Limousin.
Visites, restaurants, théâtre… Collonges est bien vivante !
Près de cent ans après la création de la « Société des Amis de Collonges » et cinquante ans après la renaissance touristique initiée par Charles Ceyrac, Collonges-la-Rouge fait partie des visites incontournables pour quiconque voyage à la frontière entre le Limousin, le Quercy, la Dordogne et le Cantal.
Dès les premiers beaux jours, il fait bon flâner dans ses ruelles et admirer les bâtiments dont la grande majorité a désormais été restauré. Parmi les édifices remarquables on notera en particulier la Maison de la Sirène, le Castel de Vassinhac, l’église Saint-Pierre ou la Halle Henri IV où se négociait jadis les grains et les vins. A la belle saison, les ruelles sont animées et on y trouve de nombreux restaurants et boutiques de créateurs. Enfin, les mardis soir de l’été, au théâtre de verdure vous pouvez assister à des représentations de pièces classiques en plein air à l’occasion des Théâtrales de Collonges.
Pour plus d’informations sur les hébergements, les activités et les événements, rendez-vous sur le site de l’office de tourisme de la Vallée de la Dordogne.