Dans la catégorie des « nouveaux métiers », je voudrais… la coach en jardinage ! Avoir un jardin en ville c’est possible, même dans un espace réduit. Une Briviste d’adoption, Pauline Sutter, a plein de bonnes astuces pour créer un écrin de verdure écologique en taille réduite. Au cœur de sa démarche : la permaculture, concept qu’elle démocratise pour l’adapter à tous ses clients.
La permaculture, c’est quoi ?
À l’origine de ce terme, deux Australiens, alarmés de constater la baisse de fertilité des terres et la multiplication des menaces sur la biodiversité. Ils popularisent, en 1978, le concept de «permanent agriculture» développé par des agronomes américains dès la première moitié du XXème siècle. Le principe clé : une agriculture de bon sens, qui s’appuie sur une observation minutieuse des écosystèmes et l’utilisation de méthodes culturales complémentaires, qui au lieu d’appauvrir le sol, participent à son renouvellement.
La permaculture, c’est aussi s’inspirer de la nature pour avoir un jardin dans lequel on a le moins de choses à faire : on ne travaille pas le sol, il le fait tout seul, et naturellement ! Ce qui peut s’apparenter au premier regard à un bazar végétal, est en fait savamment organisé : les plantes amies sont « côte-à-côte », les petites devant et les grandes derrière, et celles qui ont besoin d’ombre peuvent la trouver à l’abri du feuillage.
Les mains dans la terre dès l’enfance
Petite fille, Pauline aime déjà jardiner mais trouve le désherbage particulièrement rébarbatif. « Ça revient tout le temps, comme le ménage » dit-elle non sans raison. Ce qui a tout changé ? L’émission « Silence, ça pousse« , qu’elle adorait regarder à la télévision. Particulièrement, un épisode sur le paillage, expliquant qu’une couverture végétale empêche le développement des mauvaises herbes, tout en nourrissant la biodiversité des sols.
Intriguée par l’émission, Pauline interroge ses parents pour en savoir plus. Ils ne connaissent pas cette technique, mais laissent « carte blanche » à leur fillette de 10 ans. Elle décide alors de faire un test : sur une parcelle, elle répand de la tonte de gazon avec des feuilles mortes, et laisse l’autre à l’air. Un mois plus tard, la surface sans paillage est envahie de mauvaises herbes, alors que la seconde est épargnée. Pauline constate de plus que la terre est meuble, avec un humus riche en lombrics, qui travaillent à la place de l’homme pour aérer le sol. Une vocation était née !
En parallèle, l’apprentie jardinière développe une fascination pour les plantes carnivores et sensitives, bref les végétaux qui « bougent », plus originaux aux yeux d’une adolescente. Elle commence avec une dionée attrape-mouches, qu’elle possède encore, et à laquelle elle est attachée comme à un membre de sa famille !
Un esprit scientifique dans une tête littéraire
Passionnée par les sciences de la vie, mais beaucoup moins par les mathématiques et la physique, cette grande lectrice enchaîne fac de lettres, puis un master en édition. Un terreau familial favorable, puisque son père, professeur, est aussi écrivain. Pauline est embauchée dans une maison d’édition juridique parisienne, mais son travail de correction des notes de bas de page, fastidieux, l’éloigne trop des espaces verts.
Elle a tout de même le nez dans la nature grâce au balcon de son appartement, sur lequel elle cultive tomates et aubergines et développe un potager luxuriant en plein cœur de Paris ! L’idée d’être coach en jardinage s’est imposée à elle après avoir aidé à plusieurs reprises des amis parisiens dans l’aménagement de leur balcon. Et surtout à force de les entendre dire « quand tu me parles de jardinage, je ne m’ennuie pas, ça a l’air sympa et facile ».
En parallèle de son travail, elle décide donc de se former au monde végétal et obtient son diplôme en gestion et protection de la nature avant de déménager en Corrèze pour y créer son entreprise, il y a 3 ans. Depuis, elle propose différentes prestations d’accompagnement, du conseil ponctuel au suivi annuel. Sa vision : aider les personnes à apprendre à s’occuper de leur jardin, leur montrer qu’ils peuvent faire quelque chose de beau, et surtout d’adapté à leurs envies et leurs contraintes. Et ne pas faire à la place de la personne, mais lui montrer les bons gestes pour qu’elle soit immédiatement autonome.
Ne lui parlez pas de main verte
« Ça n’existe pas ! », s’insurge-t-elle. Le tout c’est de choisir les plantes en fonction du temps que l’on a à leur accorder. Si certaines demandent beaucoup moins de soin que d’autres, il faut toujours garder en tête qu’elles sont vivantes, et qu’elles ne peuvent donc rester sans soin pendant des semaines, en particulier les plantes d’intérieur ! Il faut prendre le temps de comprendre leur langage : des feuilles jaunes peuvent aussi bien être dues à un excès qu’à un manque d’eau.
La phase de discussion avec le futur coaché est fondamentale pour bien comprendre son besoin. Quand elle entend « je veux un jardin sans entretien », elle prescrit des vivaces qui se ressèment toute l’année et se débrouillent (plus ou moins) seules, alors que si une personne lui dit qu’elle a envie de passer du temps à l’extérieur, Pauline conseillera des plantes qui demandent plus de soin. Pas de profil type dans sa clientèle, même si elle reconnaît qu’une majorité sont des néo-ruraux de 40-50 ans, souhaitant végétaliser leur nouveau lieu de vie.
Les conseils en espaces verts de la coach
Grâce à ses connaissances en permaculture, ses clients ont un sol fertile tout le temps, et peuvent aménager l’espace, même sur un balcon. Ce que Pauline aime c’est créer des écrins de verdure pour permettre aux citadins de cultiver leurs propres fruits et légumes, et aider à créer des conditions plus clémentes dans les appartements : un balcon vert agit comme une de climatisation naturelle et peut diminuer la chaleur d’un lieu en évitant la réverbération du soleil sur le béton. Parmi ses spécialités : les jardins forêts, aussi appelés forêts alimentaires qui sont des écosystèmes productifs, garants d’un paysage aux ressources nourricières.
Le meilleur moment pour se lancer ? Avril est le moment idéal pour commencer son jardin et son potager. Les températures sont favorables à la plante des arbres et de tous végétaux.
Pauline la touche-à-tout n’a pas renoncé à son goût pour les lettres : elle est rédactrice pour des magazines sur le jardinage et enrichit un blog plein de conseils depuis plusieurs années. Vous pourrez la croiser lors du club de lecture qu’elle anime à Brive, ou l’entendre sur les ondes de France Bleu Limousin et de Bram FM, dispenser de précieuses recommandations.
Si Pauline partage avec son père l’amour des livres, un autre membre de sa famille joue un rôle important : sa petite sœur Chloé Sutter, créatrice de storyboards et autrice de bande dessinée de talent, qui illustre les astuces de Pauline à travers des dessins plein de fantaisie croquant les aventures de Capucine, as du jardinage.
Les conseils et l’actualité de Pauline Sutter sont à retrouver sur jardinerbioblog.com et sur Instagram @pauline_jardinacoach