A la découverte de l’arboretum Al Gaulhia à Espartignac : un véritable sanctuaire pour la biodiversité dans toutes ses splendeurs

Si chaque saison a son charme, il faut bien reconnaitre que c’est l’été qui nous offre les plus beaux « feux d’artifice végétaux ». Nous avons donc proposé à Pauline Sutter, passionnée de jardins et coach en jardinage, d’aller faire une petite visite dans quelques-uns des plus beaux jardins du Limousin. C’est à l’arboretum Al Gaulhia à Espartignac qu’elle a décidé de commencer sa « tournée estivale des jardins ».

Situé près du village d’Espartignac, « l’arboretum Al Gaulhia » reste discret à l’image de Max Chatemiche, son créateur. Depuis bien longtemps, ce passionné de nature a commencé à transformer les dix hectares de la propriété agricole de ses grands-parents en un véritable sanctuaire végétal. Après des décennies passées à planter des centaines d’arbres, créer des points d’eaux et aménager différentes zones végétales, Max Chatemiche a réussi à créer un magnifique jardin botanique, qu’il a ouvert au public à partir de 2011.

L’entrée de l’arboretum Al Gaulhia, un paradis insoupçonné, à quelques kilomètres d’Uzerche © Pauline Sutter

C’est en actionnant une antique et grosse cloche usée par le temps, que je fais la rencontre de Paulette, son épouse, qui vient m’ouvrir et me conduit au début du circuit où m’attend un magnifique cyprès aux feuilles retombantes. Un très bel arbre qui ouvre le bal de ce paradis insoupçonné où vous croiserez peut-être Max, au détour d’une allée, qui vous expliquera la manière dont il a souhaité faire grandir son arboretum.

Une propriété vivrière transformée en un arboretum remarquable de bien des manières

Propriété d’origine vivrière, cet espace d’environ 10 hectares entame sa mue en 1960 avec la plantation de ses premiers conifères. A partir de 1997, la propriété prend un nouveau tournant avec la plantation de près de 200 variétés d’arbres, venues des 5 continents, et qui y cohabitent aujourd’hui. Il faut savoir que parmi les collections remarquables, l’arboretum compte 49 espèces d’érables, 96 variétés de conifères, et 37 de saules mais surtout, bel emblème de la Corrèze, des châtaigniers triséculaires dont le tronc fait un modeste diamètre de 7 mètres !

Petit jeu : combien d’espèces différentes pouvez-vous distinguer sur la photo ? 😉 © Pauline Sutter

Sur la première partie du parcours, je chemine de clairières en forêts et passe par de vastes milieux ouverts qui m’offrent une vue magnifique sur le massif des Monédières. Je découvre ici des variétés d’arbres et d’arbustes tous plus extraordinaires les unes que les autres. Mon œil se pose sur les feuilles du Tilia d’Henryana (Tilleul d’Henry), particulièrement étonnantes avec leurs bords ciliés qui les font ressembler à de beaux et longs cils.

Des feuilles ciselées aux formes étonnantes © Pauline Sutter

La forêt se prolonge par une bambouseraie plantée de 80 espèces de bambous, aux cannes multicolores, prélude à un voyage dans la « jungle du Dévonien » qui m’attend un peu plus loin. Ici c’est la « Blue Dragon » avec ses cannes bleutées et la « Castillonis Inversa » avec ses cannes vertes ponctuées de jaune qui remportent pour moi la « palme de l’esthétique !

« Blue Dragon » et « Castillona Inversa », deux des 80 expèces de bambous à découvrir à l’arboretum Al Gaulhia © Pauline Sutter

La première partie de ce circuit forestier bouclé, je suis surprise par le changement total de décor que me réserve la seconde partie du parcours. Car je découvre une mare plantée de nénuphars, avec des libellules qui virevoltent autour de moi et je sens que mes chaussures s’enfoncent un peu dans cette tourbière bien humide ! J’étais pourtant prévenue puisque la brochure m’expliquait que « al gaulhia » venait du celte et signifiait littéralement : « près d’un marécage ».

De l’eau pour la plus ancienne fleur du monde : le lotus

Initialement, une mare et sa tourbière étaient déjà présentes sur le site. Max Chatemiche les a conservées et a même décidé de prolonger cette trame « bleue » en créant d’autres points d’eau, à partir de 1984. Je pars donc à la rencontre de ces 5 plans d’eau, trois bassins, cette fameuse mare ainsi que sa tourbière et pour finir une zone humide !

L’eau est omniprésente dans la seconde partie de la visite de l’arboretum Al Gaulhia © Pauline Sutter

La présence de l’eau sur près de la moitié du site change complètement la physionomie des lieux et j’ai vraiment l’impression de visiter un tout autre jardin. Le premier point d’eau offre un bel éventail de variétés de nymphéas ainsi qu’une curiosité botanique : des plantes carnivores ! Passionnée par ces espèces étonnantes, je ne peux que m’émerveiller devant ces sarracénias qui offrent de très belles verticales colorées à ce bord de rive.

Pas de panique, ces plantes carnivores ne mangent que des insectes ! © Pauline Sutter

En tournant la tête, j’aperçois une belle fleur d’un rose fuchsia intense qui attire ma curiosité. Je m’approche et pense reconnaître la « reine-des-prés » sauf que d’ordinaire ses fleurs sont blanches. Bingo ! Il s’agit bien de cette plante-là mais la variété qui donne cette couleur incroyable m’était encore inconnue !

« Filipendula Purpurea », une variété de Reine des Près qui donne des fleurs rose fuschia © Pauline Sutter

Je m’engouffre ensuite dans une zone humide très dense et luxuriante peuplée de fougères et traverse des ponts surplombant des points d’eau peuplés d’espèces aquatiques comme les sagittaires, les lentilles d’eau et bien d’autres. C’est la fin du parcours et je marche vers le clou du spectacle : un point d’eau peuplé de lotus. Introduit sur le site en 2004, le lotus est recherché pour sa floraison très esthétique juchée sur une hampe florale pouvant s’élever à 2 mètres de hauteur au-dessus du niveau de l’eau.

Nymphéas, nénuphars et lotus, le clou du spectacle à l’arboretum Al Gaulhia © Pauline Sutter

La saison ayant pris du retard cette année, vous pourrez profiter de la floraison après le 15 juillet. Cela dit, le spectacle de leurs feuilles gigantesques flottant sur l’eau ou bien au-dessus d’elle est déjà époustouflant !

Un beau jardin pour protéger la biodiversité

Pour Max Chatemiche, la mission première de son arboretum est bien loin de se cantonner à l’aspect esthétique et aux collections végétales insolites mais bien d’accueillir un maximum de biodiversité. La biodiversité végétale et de milieux est très présente et elle attire avec elle tout un cortège d’animaux spécifiques. Les espèces directement observables par le visiteur sont avant tout les papillons présents en grand nombre dans les prairies et bien sûr de très belles libellules près des mares et des plans d’eau.

L’arboretum Al Gaulhia, un véritable sanctuaire pour la biodiversité © Pauline Sutter

La gestion écologique du lieu est remarquable à bien des égards: l’utilisation de paillage pour protéger le sol et sa biodiversité est très présente, les arbres morts sont laissés à leur décomposition naturelle et, les arbres creux, véritable puits à insectes assez rares, sont conservés. Même le lierre est le bienvenu à l’arboretum Al Gaulhia, et c’est bien normal, puisque cette plante grimpante se sert simplement des arbres comme tuteur en plus de contribuer à nourrir oiseaux et insectes pendant l’hiver !

Cet endroit précieux, qui alterne le sauvage et l’ordonné a été reconnu « Espace à protéger » depuis 2010 et classé « ensemble arboré remarquable » depuis 2014.

À découvrir absolument !

Pratique

Adresse : Arboretum Al Gaulhia, 1125 route de l’arboretum – le Gauliat, 19140 Espartignac

Ouvert tous les jours les après-midi à partir de 14h30 du 1er au 30 septembre

Ouvert sur rendez-vous du 1er octobre au 31 mai

Contact : 05 55 73 21 53 et 06 82 23 53 94

Quitter la version mobile