Ce week-end, « l’Hivernale des Millevaches » a de nouveau rassemblé des milliers de motards de la France entière et des pays voisins. Après un samedi humide et venteux, la neige s’est invitée sur le Plateau de Millevaches pour clôturer de la plus belle des manières cette édition 2024 de la « plus grande hivernale de France » !
Ça bouchonne à la petite station-service au centre de Meymac. Un peu plus loin, sur la route qui mène au petit village de Millevaches, la circulation est quasi continue, les visages concentrés et rougis par le froid, l’allure prudente. Des centaines de motards redescendent de la fameuse « Hivernale des Millevaches » qui aura, cette année encore, rassemblé plus de 2200 personnes dans le grand champ prêté pour l’occasion par un agriculteur du coin.
A mesure que l’on se rapproche du bivouac, la neige se fait plus épaisse sur le bas-côté, les arbres ont revêtu leur blanc manteau. Sur le petit chemin qui permet de rejoindre la civilisation, chacun attend patiemment son tour pour reprendre la route vers son chez soi, avec tout le confort qui va avec. Pascal et Bruno y guettent l’arrivée de leurs copains pour rentrer vers Bordeaux.
Habitués de la « Millevaches », ils ont déjà connu bien pire que cette neige venue égayer cette édition 2024 après un samedi un peu compliqué pour certains : « la flotte, le vent, sans arrêt, c’était un peu pénible… Il y’en a pas mal qui sont partis.« . Ils sont pourtant nombreux à avoir bravé la tempête jusqu’au bout pour se réveiller sous la neige, parfois en plein milieu de la nuit avec la toile d’une tente effondrée sur la tête. Pour beaucoup la nuit a été courte même s’il est pourtant bien là l’esprit de l’Hivernale : sortir de sa zone de confort pour passer quelques heures épiques avec les copains.
Sur le bivouac, ils restent encore quelques centaines d’irréductibles qui plient leurs camps après une nuit un peu courte mais dont ils se souviendront longtemps. L’heure est au retour mais il va encore falloir s’armer de patience car les belles mécaniques n’ont parfois pas trop apprécié de passer la nuit dehors. Ici on s’affaire autour d’une Yamaha qui fait des siennes, un problème de bougie apparemment. Venus de Saint-Étienne, de Chartres, de la Rochelle et de Haute-Savoie, le petit groupe jure en rigolant : « C’est la dernière fois qu’on vient ! On voulait de la neige absolument, et ben on l’a eu la neige, ça c’est fait. Après on verra, chaque année on dit qu’on ne revient pas et chaque année on revient… Là, on va déjà faire une centaine de bornes et s’arrêter pour dormir, et prendre une bonne douche !». Contents d’être venus et contents de repartir, après 3 jours passés sans enlever la tenue…
Un peu plus loin, Enguerrand lui se demande bien comment il va repartir. Vendredi, il a mis 6 heures pour venir d’Angoulème au guidon de sa Motobecane 41, à laquelle il a attelé une remorque qu’il a fabriqué lui-même dans la semaine, pour venir participer à sa première concentration. « Je l’utilise depuis mes 14 ans, j’ai jamais arrêté. J’en fais régulièrement, pour des balades ». Pour l’instant, il est coincé à Millevaches avec sa fidèle mobylette qu’il a parfois dû pousser dans les côtes pour arriver jusque là ! « J’ai eu quelques problèmes d’embrayage à l’aller, donc on va voir. J’espère juste pouvoir rentrer mais j’ai du monde qui pourra venir me chercher dans le pire des cas. »
À Millevaches, Bill Deluchey, président du Moto-club meymacois a le sourire jusqu’aux oreilles ! Le manteau blanc de ce dimanche matin, c’est ce qu’il attendait. « Les motards viennent pour ça ! On aura tout eu ce week-end, le vent, la pluie, et la neige », se réjouit-il. « Pour la première édition en 1969, il y avait de la neige, comme aujourd’hui », raconte le président qui souligne « l’entraide des motards » dans ces moments de galère à Millevaches.»
Le Moto-club Meymacois avait mis les petits plats dans les grands pour la 15ème édition du renouveau de l’événement et les 55 ans de sa création : lancer de lanternes le vendredi soir, feu d’artifice sous la neige le samedi soir et tombola. « Côté organisation, le Moto-club est aussi satisfait. Avec un budget de 20.000 € environ par édition, l’association « retombe sur ses pattes » et continue de pouvoir organiser l’événement. « Ce qui coûte cher c’est la location du matériel et surtout son transport », ajoute le président qui, avec son équipe de plus d’une cinquantaine de bénévoles, va maintenant devoir s’affairer au rangement du site en ce dimanche soir.
L’an passé, l’euphorie régnait lors de notre venue le vendredi soir. En ce dimanche matin, on pouvait ressentir la fatigue après deux jours passés dans des conditions rudes et avec un confort des plus spartiates. Malgré les traits tirés et les joues rougies par le froid, les sourires et les étincelles dans les yeux trahissaient pourtant la fierté d’avoir été là, sous la neige de Millevaches au milieu des copains motards. Il y’a fort à parier que les « plus jamais » seront légion ce soir. Mais dès que les corps auront oublié la morsure du froid et que ne subsisteront que les souvenirs de cette épique aventure… On en reparle dans un an !