Comme chaque année, le deuxième samedi du mois de mars marque l’ouverture de la pêche à la truite en France. Rencontre avec Jean Hilaire, un jeune pêcheur corrézien « mordu à la mouche » et qui a accepté de se confier sur sa pratique, son évolution et même ses coins préférés !
Les cannes sont lustrées, les moulinets graissés, les boîtes bien ordonnées. Avant ce samedi 8 mars, les milliers de pêcheurs limousins sont dans les « starting-blocks », prêts à en découdre pour une nouvelle saison. Le Corrézien Jean Hilaire est de ceux-là. Avant de le laisser filer au bord des rivières du Plateau de Millevaches, le jeune homme a accepté de se confier sur sa passion.
Le jour de l’ouverture, pour lui comme pour nombre d’autres pêcheurs, a une saveur toute particulière. « C’est une journée qui permet de marquer le coup et surtout de retrouver le plaisir d’être au bord de l’eau canne en main, qu’importe le résultat », confesse-t-il avant de comparer cet événement à celui de l’Hivernale des motards sur le Plateau de Millevaches : « Comme L’Hivernale annonce la neige sur le Plateau, l’ouverture de la truite annonce une météo froide et humide. Les eaux sont hautes et boueuses, le vent nous glace les mains et on peine à attacher nos hameçons. C’est une journée qui n’est pas abordée de la même façon par tous les pêcheurs, certains attendent le lundi pour éviter la foule, d’autre le dimanche. »
Lui y sera dès samedi matin, peu importe la météo. Mais où ? Le pêcheur reste mystérieux. Car demander cela à un pêcheur, c’est un peu comme demander ses coins à un chercheur de champignons. « J’ai souvent pesté après une voiture garée au milieu des bois le long de la Diège ! Parce que quand on découvre un coin, on se l’approprie, on y inscrit notre nom et on appelle les truites par leurs prénoms ! », sourit Jean.

Mais toujours selon notre passionné, un bon coin de pêche peut ne pas être très prolifique. C’est surtout un endroit avec lequel le chasseur d’écailles entretient un lien particulier. Pour Jean, c’est près de chez lui : sur la Diège et sur la Sarsonne près d’Ussel. « Il y’a une raison pour laquelle nous devons à contrecœur parler de nos rivières. Nous, pêcheurs, sommes les porte-paroles des poissons. Plus nous parlerons des rivières, plus les gens s’en soucieront. Et puis on se doit aussi un peu de partager ces coins de pêche fabuleux aux plus jeunes, comme l’ont fait les tontons pour nous. »
Les tontons justement affirment qu’aujourd’hui il n’y a plus de poissons dans nos rivières… On a demandé à Jean ce qu’il en pensait, du haut de sa petite trentaine d’années : « À les écouter, nos aînés en prenaient plusieurs centaines par an et toutes au dessus du kilo ! J’ai peu recul mais ce que je peux dire, c’est qu’il y a beaucoup moins d’insectes pour les nourrir, ça je le constate. Mais je suis trop jeune pour avoir vu le déclin des populations. Avec mes copains, on prend encore pas mal de truites et d’ombres, mais il n’y a aucun doute sur le fait qu’il y’ait moins de poissons en France que dans d’autres pays connus pour la pêche des salmonidés. »
Et pour cause, notre veilleur de rivière sait de quoi il parle puisqu’en bon passionné, il a posé sa canne dans pas mal de pays en Europe : Pologne, Espagne … Et il porte un regard net sur la situation française : « L’industrie a anéanti des cheptels de rivières françaises connues dans toute l’Europe. Dans le Jura notamment, ce sera une triste ouverture pour les Jurassiens qui voient ces coins chers à leurs cœurs devenir des déserts piscicoles. » Selon lui, le Limousin reste encore relativement préservé « bien que les truites soient petites à cause des eaux acides, elles se portent bien et elles seront au rendez-vous samedi », espère-t’il.

Son meilleur souvenir de pêche ? « C’était au mois d’avril, sur les bords de la Diège. Quelques jours avant, j’avais vu des truites gober des mouches jaune et noir. J’étais rentré chez moi et m’étais rapidement mis à reproduire des mouches artificielles qui avaient les mêmes couleurs. Me voilà re-parti avec mes boîtes pleines de mes imitations approximatives. Quelques ronds sur l’eau trahissaient la présence des « Belles du plateau ». J’ai déroulé la soie de mon moulinet et réussit, tant bien que mal, à poser ma mouche à l’endroit du gobage. Et après un beau lancer, une truite s’est laissée berner par la mouche que j’avais fabriquée la veille. C’était la première fois que je prenais un poisson à la mouche tout seul et avec une mouche fabriquée de mes propres mains ! Ça y est, j’étais devenu moucheur ! »
Où pêcher en Limousin ?
Les 3 départements limousins comptent plus de 12 000 kilomètres de cours d’eau, 10 000 hectares de lacs de barrage et plans d’eau et près de 120 AAPPMA. Avec ses nombreuses rivières et beaucoup de grands lacs et ce ne sont pas les lieux de pêche qui manquent et le Limousin est un paradis pour les amateurs de pêche loisir. Il faut cependant se munir de la Carte de pêche en vente chez certains dépositaires sur le site officiel.
En Corrèze
En Corrèze, c’est plus de 5000 kilomètres de cours d’eau et 4000 hectares de lac de barrage qui sont labellisés par la fédération avec des sites de pêche magnifiques dans les Gorges de la Vézère, de la Dordogne ou sur le plateau de Millevaches.
Pour les parcours, la Corrèze propose : 11 parcours « Famille », 7 parcours « Passion » (et 8 en cours de labellisation), 14 parcours « no-kill » (dont 7 parcours « patrimoniaux » et 4 parcours « sanctuaires » destinés à sauvegarder la truite autochtone) et une vingtaine de grands plans d’eaux.
Plus d’information et un guide très complet sur le site de la Fédération de pêche 19.
En Haute-Vienne
Le département de la Haute-Vienne compte quelques 7000 kilomètres de cours d’eau de 1ère catégorie et 2000 hectares de plans d’eau et barrages.
On recense, entre autres : 14 parcours de loisirs, 4 parcours « no-kill’, 5 parcours labellisés « Famille », 11 plans d’eaux en 1ère catégorie, 2 grands lacs et 4 cours d’eau en 1ère catégorie.
Pour plus d’information, rendez-vous sur le site de la Fédération de pêche 87.
En Creuse
En Creuse enfin, on trouve 3800 kilomètres de cours d’eau, dont 3400 km en 1ère catégorie, et 4000 hectares de lac de barrages de plan d’eau… La Rigole du Diable, le Donzeil, le lac Plateau ou à l’emblématique Lac de Vassivière, les sites de pêche creusois sont nombreux !
Pour les parcours on trouve notamment : 7 parcours « no-kill’ et 8 parcours « loisir truite ».
Toutes les informations sur la pêche en Creuse sur le site de la Fédération de pêche 23.