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Région Limousin
mardi 23 avril 2024

Le loup gris du plateau de Millevaches en vidéo HD grâce à un piège photographique !

Aperçu pour la première fois sur le territoire limousin en 2017, la présence régulière d’un loup gris sur le plateau de Millevaches en Limousin est attestée depuis le mois de Décembre 2021. Grâce à son piège photographique, un passionné de faune sauvage corrézien a récemment réalisé une vidéo en haute qualité de ce loup.

Si il est un sujet qui déchaine les passions dans les campagnes françaises, c’est bien celui du retour du loup dans la biodiversité française : les « antis » et les « pros » s’opposent fermement et un consensus est pour l’instant dur à établir. Les deux camps ont des arguments qui semblent tout aussi valables à nos oreilles néophytes et s’il est impossible de ne pas s’associer à la détresse des éleveurs victimes d’attaques, il est tout aussi difficile de considérer l’extinction d’une espèce animale comme une bonne chose pour l’humanité.

Ce loup est arrivé en Limousin depuis 2021 mais il n’est sûr qu’il reste…

L’individu qui a été filmé est un jeune mâle solitaire, probablement d’origine alpine, qui s’est installé sur le plateau de Millevaches depuis quelques mois. Il n’est cependant pas sûr qu’il y reste et on considère le loup comme établit sur un territoire dès lors qu’il y passe 2 hivers consécutifs. Les jeunes mâles quittent souvent la meute pour aller explorer d’autres territoires, ils sont très mobiles et il est pour l’instant impossible de dire si le jeune loup gris de Millevaches est simplement de passage ou si il compte s’installer sur le plateau.

Le Limousin est actuellement sur le front de colonisation de l’espèce lupine, qui compterait quelques 600 individus en France, mais il n’y a pour l’instant aucune population établie comme cela est le cas dans les Alpes ou dans le Massif Central. Ce loup est suivi de près par l’Observatoire Français de la Biodiversité qui coordonne le « réseau loup-lynx » composés de plus de 4000 correspondants en France. A travers la collecte d’indices sur le terrain, l’analyse génétique et le partage d’informations, le suivi de la population de loup en France fait l’objet d’une attention toute particulière.

De la difficulté de lutter contre les attaques avec le modèle d’élevage limousin…

Selon l’OFB, une trentaine d’attaques seraient attribuables au loup depuis Décembre 2021 créant un stress important chez les éleveurs ovins en Creuse, en Corrèze et Haute-Vienne. En raison de la topographie du territoire, le modèle d’élevage limousin est souvent constitué de troupeaux de petite taille disséminés sur plusieurs parcelles. Pour les éleveurs, la mise en place de système de protection adapté semblent encore compliquée et coûteuse, même avec un financement à hauteur de 80% par l’État et l’Union Européenne, et même si les indemnisations permettent certes de les compenser des pertes financières elle ne les préserve pas du stress provoquées par les attaques.

Refuser le clivage « antis/pros » en faisant appel aux bénévoles pour venir dormir près des troupeaux et soulager les éleveurs

Face à la détresse des éleveurs qui se sentent pour l’instant incapables de protéger leurs troupeaux des attaques des arrêtés préfectoraux ont été pris en Creuse et en Corrèze pour autoriser les tirs de défense simple, mais il est hors de question de se lancer dans une chasse au loup ! Le loup est une espèce protégée, et le tuer est illégal comme la récemment rappeler Barbara POMPILI, ministre de la transition écologique en réponse à un agriculteur creusois qui appelait ses confrères à se faire justice par eux-mêmes.

Pour essayer de faciliter la cohabitation entre les éleveurs de moutons et le loup, de nombreuses initiatives sont tentées comme celle du Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin (GMHL) qui a récemment lancé un appel aux bénévoles pour soulager les éleveurs épuisés en répliquant une opération simple mais qui a montré des résultats satisfaisants dans les Hautes-Alpes : venir les relayer en passant la nuit à veiller près de leur troupeau. Une fois formés, les bénévoles seront accueillis par des éleveurs et viendront effectuer des rondes nocturnes pour leur permettre de prendre un peu de repos et leur laisser le temps de trouver un moyen pérenne de continuer leur métier sans pour autant éradiquer à nouveau le loup des forêts limousines.

Brice Milbergue
Brice Milbergue
Rédacteur en chef d'Actus Limousin

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