En décembre 2022, Bertand Villette, bâtonnier de Limoges, avait déjà rendu une visite inopinée à la maison d’arrêt de Limoges pour constater l’état de délabrement de l’établissement pénitentiaire situé au coeur de la ville. Cette fois-ci, deux députés ont poussé les portes du pénitencier limougeaud accompagnés de nos confrères du Huff Post.
Invoquant l’article 719 du code de procédure pénale qui autorisent les députés à visiter à tout moment les établissements pénitentiaires, Damien Maudet et Manon Meunier ont récemment poussé les portes de la prison de Limoges accompagnés de journalistes du « Huff Post ». Une visite à l’improviste qui leur a permis de constater dans quel état se trouvent les geôles limougeaudes.
Et le constat n’est pas brillant. La surpopulation carcérale est générale en France avec un taux d’occupation moyen de 119% mais à la maison d’arrêt de Limoges il dépasse souvent les 200% . Au moment du reportage, 115 détenus se partageaient les quelques 58 cellules contraignant les surveillants, afin de conserver des cellules d’isolement pour les détenus les plus problématiques, à entasser parfois 3 détenus dans une même cellule de 9 m², toilettes inclus, en ajoutant des matelas au sol. Une promiscuité déplorable sur le plan de l’hygiène et qui favorise le développement de parasites et la propagation de maladies infectieuses.
L’établissement pénitentiaire situé Place Winston Churchill, en plein cœur de Limoges, est une « maison d’arrêt ». Elle accueille les prévenus placés en détention provisoire en attente de leur procès ou des détenus dont la peine, ou le reste de peine, est inférieure à 2 ans. Certains détenus y sont cependant pensionnaires depuis déjà 5 ou 6 ans…
Le problème c’est que le bâtiment a été construit dans les années 1850 et qu’en raison de sa situation géographique, aucune extension n’est possible. Mais sans même parler d’agrandir la prison, les locaux sont dans un tel état de vétusté et de délabrement qu’il y a urgence à agir car les conditions de détention actuelles sont indignes et pourraient même, selon le bâtonnier, être condamnables pour non-respect des droits de l’homme.
Le reportage de nos confrères du Huff Post
Le personnel de la maison d’arrêt déplore bien évidemment la situation et confie son inquiétude quant à la dégradation de ses conditions de travail et l’impossibilité de remplir, dans ces circonstances, la mission de réinsertion qui permettait autrefois d’espérer un avenir différent pour les détenus libérés. En l’absence de proposition d’éducation ou de formation, il n’y a ni ordinateur ni accès à internet, les détenus stagnent et voient les jours défiler jusqu’à leur libération avec une chance malheureusement accrue de revoir, quelques temps plus tard, l’histoire se répéter…
A la suite de la visite du bâtonnier, un rapport a été adressé aux instances nationales pour dénoncer l’état de la maison d’arrêt de Limoges et réclamer que des travaux de rénovation soient engagés en urgence. Et si un budget de 100 000€ a été annoncé pour réaliser les réparations les plus urgentes mais à ce jour, la construction d’une nouvelle maison d’arrêt en Haute-Vienne ne fait pas partie des plans du Garde des Sceaux dans les mesures qu’il a annoncé pour lutter contre la surpopulation carcérale.