Alors que la France se prépare en grande pompe à accueillir les Jeux Olympiques d’été de Paris 2024, la filière STAPS limougeaude est en colère en raison de l’état délabré de la plupart de ses installations et du danger que cela représente pour les étudiants. La directrice de la filière a présenté sa démission et une pétition en ligne a déjà récolté plusieurs milliers de signatures en quelques jours…
Quelques semaines après la Coupe du Monde de rugby, la France du sport a déjà les yeux braqués vers 2024 et la « 33ème olympiade » qui se tiendra à Paris et alentour du 26 juillet au 11 août. Pendant trois semaines, le pays vibrera au rythme de la plus grande compétition sportive où l’on espère déjà une belle moisson de médailles, preuve irréfutable de la qualité de la « filière sport » nationale et véritable « coup de fouet » pour le moral des français.
Du côté de l’organisation on s’est donné les moyens d’épater le monde entier et de réaliser pour l’occasion des « petits miracles » comme celui de dépolluer la Seine pour y accueillir les épreuves de triathlon et de nage en eau libre. De son côté, le Président de la République a fait de l’activité physique et sportive la « Grande Cause Nationale 2024 » pour remettre les « jeunes », devenus trop sédentaires, sur les terrains…
Alors quand la filière STAPS de l’Université de Limoges, « Ville Active et Sportive », se met en colère on découvre avec stupeur les conditions dans lesquels on prépare les professionnels du sport de demain. La plupart des installations datent de la création de l’Université en 1968, elles n’ont pas ou trop peu été rénovées depuis et représentent aujourd’hui un danger pour la santé des étudiants.
Rustines sur la piste d’athlétisme, trous dans le gymnase…
La faculté des Sciences de l’Université de Limoges propose l’intégralité de la filière « Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives », du DEUST au Master 2. Mais l’état des installations sportives sur le Campus de la Borie n’est certainement pas le meilleur argument pour motiver les étudiants limougeauds à plus de pratiques sportives ni pour les préparer à en devenir les encadrants de demain !
Entre la piste d’athlétisme « parsemée de trous et recouverte d’une mousse glissante », des terrains de football et de rugby bien souvent impraticables, un gymnase dont le parquet et le plafond sont dans un état déplorable et des vestiaires « fermés pour cause de Covid-19″… Il y’a de quoi comprendre un peu mieux la fronde qui a animé la direction et les 850 étudiants de la filière STAPS limougeaude ces derniers jours !
Des directions qui démissionnent et un pétition plébiscitée
L’état des infrastructures limougeaudes n’est pas nouveau et Isabelle Klock-Fontanille, la présidente de l’Université de Limoges, s’est même engagée auprès des responsables et des étudiants de STAPS a trouvé les financements pour commencer certaines rénovations. Mais ce qui a fini par mettre le feu aux poudres c’est l’attribution d’un reliquat de l’année 2019 de la « Contribution de Vie Étudiante et du Campus » de l’ordre de 1.6 M€ à la transformation d’une ancienne bibliothèque du Campus de la Borie en salle de concert car cette somme correspond peu ou prou au coût des rénovations tant attendues du gymnase et de la piste d’athlétisme.
En réponse à ce qu’ils ont estimé comme un nouveau manque de considération de la part de l’équipe présidentielle, la directrice de la filière STAPS, Sabine Villard, et son homologue du SUAPS, Thomas Bauer, ont présenté leurs démissions. Ils ont été rapidement suivis par les étudiants regroupés au sein du « CollectifSTAPS Limoges » qui ont mis en ligne une pétition pour dénoncer le délabrement des infrastructures, l’impossibilité de pratiquer leurs activités sportives dans de bonnes conditions et estiment que c’est leur santé qui est mise à mal.
La pétition a été publiée le 17 novembre sur le site change.org et a déjà recueilli plus de 3500 signatures. Ils y demandent que les équipements sportifs de la Borie bénéficient d’un plan pluri-annuel de financement et des moyens humains et matériels supplémentaires. A titre indicatif, ils avancent que l’association France Universités, qui regroupe les dirigeants des universités françaises, préconise que 15% de la « CEVC » (100€ par étudiant et par an) soient fléchés pour le soutien au sport, ce à quoi s’opposerait fermement Barbara Bessette, vice-présidente en charge de la vie étudiante à l’Université de Limoges.
Isabelle Klock-Fontanille a néanmoins reconnu la gravité de la situation et l’absence d’une politique « sport » dans son université, et devrait proposer aujourd’hui la formation d’une équipe projet pour coordonner les travaux et la valorisation des activités sportives au sein de l’Université de Limoges. Un vaste chantier pour lequel elle espère le soutien financier de l’État pour résoudre rapidement la situation afin de remettre effectivement les étudiants limougeauds sur des terrains mais en meilleures conditions.