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jeudi 9 mai 2024

Journées mondiales sans téléphone mobile : reste-t-il vraiment des « zones blanches » en Limousin ?

Du 6 au 8 février, les « journées mondiales sans téléphone mobile », initiative lancée en 2001, sont une invitation originale à tester une déconnexion temporaire. Alors que les smartphones ont bien souvent pris une trop grande place dans nos quotidiens, on pourrait même être tenté de s’échapper dans l’une de ces contrées loin des réseaux. Mais reste-t-il vraiment des « zones blanches » en Limousin ?

Toujours prompte à tourner en dérision les petites faiblesses du Limousin, la Laiterie des Fayes nous a rappelé que du 6  au 8 février c’est les « journées mondiales sans téléphone mobile ». L’initiative date de 2001 et est attribuée à l’écrivain indépendant Phil Marso qui a choisi le 6 février, jour de la Saint Gaston, en clin d’oeil à la célèbre chanson « le téléfon » de Nino Ferrer. Depuis 2004, l’initiative s’est étendue aux trois journées des 6, 7 et 8 février.

A la manière du « Dry January » pour la consommation d’alcool, ces trois journées « sans mobile » se veulent une pause numérique pour nous permettre de prendre un peu de recul et de nous interroger sur notre rapport, et soyons honnête notre addiction, à ces « joujous » technologiques qui ont poussé dans nos mains ces 20 dernières années et sur lesquels nous passerions en moyenne plus de 5h par jour contre 3h10 il y’a dix ans…

En clair : nous n’arrivons pas à contrôler notre consommation de mobile, pour tout un tas de « bonnes raisons » psychologiques et sociologiques alors, comme nous l’a suggéré la Laiterie des Fayes, pour réussir notre « sevrage » il pourrait être salutaire de se réfugier dans l’une de ces fameuses zones encore sans réseau aussi appelée « zones blanches ». Oui, mais…

Un « New Deal » mobile pour éradiquer les « zones blanches »

En janvier 2018, le gouvernement français et l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques, des Postes et de la distribution de la presse (ARCEP) lançaient le « New Deal » mobile : une série d’engagements pris avec les opérateurs pour accélérer le déploiement de la couverture mobile des territoires. Les opérateurs détenteurs d’une licence en France sont donc dans l’obligation de veiller à :

  • généraliser la 4G sur l’ensemble des réseaux mobiles,
  • améliorer localement la couverture de certains territoires pour répondre aux besoins des collectivités territoriales avec un principe de « couverture ciblée »,
  • couvrir les principaux axes routiers et ferrés,
  • améliorer progressivement la qualité des réseaux mobiles,
  • proposer une solution alternative de « couverture intérieur » pour les communications depuis l’intérieur des bâtiments,
  • développer la 4G fixe.

Depuis 2018, quatre opérateurs ont une autorisation d’utilisation des fréquences mobiles en France : Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR. Ils ont ainsi développé leurs réseaux pour proposer un niveau de couverture satisfaisant dans la majeure partie du territoire et remplir les objectifs fixés par l’ARCEP.

De 11% du territoire en 2017, la part de « zone blanche 4G » est passée à 1.9% du territoire. Du côté de la 2G/3G, utilisée pour les appels et les SMS, le territoire est désormais couvert à plus de 99.5% même si la qualité de service reste perfectible en milieu rural. Et pourtant, les opérateurs ont, depuis le lancement du « New Deal » mobile, ouvert 35 000 nouveaux sites mobiles, dont 23 000 en zone rurale, pour satisfaire les objectifs de « couverture ciblés »…

Alors, même la qualité du réseau laisse parfois à désirer, existe-t-il encore des coins sans le moindre réseau mobile en Limousin ?

Reste-t-il encore vraiment des « zones blanches » en Limousin ?

Pour suivre le déploiement des réseaux 2G/3G et 4G, l’ARCEP contrôle les données fournies par chaque opérateur et les présente au grand public sous la forme d’une carte interactive accessible sur le site monreseaumobile.arcep.fr. Vous pouvez y visualiser la couverture des quatre opérateurs français sur l’ensemble du territoire.

Aperçu du site « Mon réseau mobile »

En complément, l’ARCEP propose aussi des cartes de synthèses pour chaque département. Nous avons analysé les derniers cartes disponibles pour la Corrèze, la Creuse et la Haute-Vienne qui remontent à la fin du 2ème trimestre 2023.

A noter : pour compenser la faiblesse de la couverture 2G/3G en intérieur, les opérateurs ont développé les solutions d’appel wifi, via une connexion internet…

En Corrèze

Le département de la Corrèze est relativement bien couvert par la 4G en extérieur puisque 99.5% de la population et 94.6% de la superficie sont couvertes par au moins 3 opérateurs. Si les 4 opérateurs couvrent environ 99% de la population, pour la superficie Free ne couvre que 90% alors que Orange et SFR avoisinent les 97%.

Pour la 2G/3G en intérieur, les résultats sont plus fluctuants puisque qu’ils oscillent entre 82.9% et 92% de la population et entre 49.4% et 75.2% de la superficie selon l’opérateur.

Couverture 4G en extérieur et 2G/G en intérieur en Corrèze au 2ème trimestre 2023 © Arcep

Il reste donc quelques « zones blanches 4G » en Corrèze, aux environs de Meymac, Davignac, Ambrugeat et Bugeat, et le long des gorges de la Dordogne. Pour la 2G/3G intérieur, si l’on excepte les axes routiers prioritaires (A89/A20) et des principaux bassins de population, la qualité du réseau dès que l’on est dans un bâtiment est faible…

En Creuse

Le département de la Creuse est lui aussi relativement bien couvert par la 4G en extérieur avec 99.2% de la population et 96.4% de la superficie couverte par au moins 3 opérateurs. SFR couvre 99.3% de la population et Orange 98.1% de la superficie quand Free affiche des statistiques un peu plus faibles que ces concurrents avec 96.9% de la population et 92.8% de la superficie…

Pour la 2G/3G en intérieur, c’est tout aussi compliqué en Creuse et les niveaux de couverture vont de 77.2% à 87.1% en terme de population et de 57.4% à 74.4% en terme de superficie.

Couverture 4G en extérieur et 2G/G en intérieur en Creuse au 2ème trimestre 2023 © Arcep

Il reste aussi des « zones blanches 4G » en Creuse notamment vers Châtelus-le-Marcheix, La Courtine et Saint-Pierre-Bellevue. Pour la 2G/3G, le secteur sud de la Creuse et le Plateau de Millevaches en particulier sont relativement mal couvert dès que l’on est en intérieur…

En Haute-Vienne

Un peu plus dense que ses deux voisins, la Haute-Vienne est aussi un peu mieux couverte. La 4G est accessible par 99.9% de la population et sur 98.2% de la superficie avec au moins 3 opérateurs.

Idem pour la 2G/3G en intérieur qui est accessible à plus de 90% de la population quelque soit l’opérateur et pour lesquelles 93.3% des hauts-viennois ont le choix entre au moins 3 fournisseurs.

Les quelques « zones blanches 4G » qui subsistent se trouvent aux environs d’Eymoutiers et de Château-Chervix. Les mêmes secteurs sont concernés par un faible réseau en intérieur pour la 2G/3G auxquels s’ajoutent les zones les plus rurales du nord du département.

 

Il reste donc bien quelques « zones blanches » en Limousin mais depuis le lancement de ce fameux « New Deal », la grande majorité du territoire est couvert par la 4G. A l’intérieur des bâtiments, le recours aux appels wifi est pourtant presque une obligation dès que l’on habite hors des principaux bassins de population et surtout autour du Plateau de Millevaches.

Si vous cherchiez le moyen de vous déconnecter pendant quelques jours, le meilleur moyen reste donc d’oublier votre téléphone mobile dans un tiroir… en ayant pris soin de prévenir vos proches afin qu’ils ne s’inquiètent pas. Un peu comme avec votre résolution de ne pas boire une goutte pendant le « Dry January »… 😉

Source : Arcep – arcep.fr

Brice Milbergue
Brice Milbergue
Rédacteur en chef d'Actus Limousin

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