Article mis à jour le 30 octobre, voir en bas de page ↓
Si l’annonce des coupes budgétaires prévues dans le Projet de Loi des Finances 2025 du gouvernement de Michel Barnier a provoqué une vive colère au sein des collectivités territoriales, elle pourrait à l’inverse contraindre au silence nombre de radios locales associatives et mettre un peu plus en péril la pluralité des médias locaux pour réaliser une économie dérisoire…
Créé en 1982 suite à la suppression du monopole d’État sur la radiodiffusion et l’autorisation des radios libres, le Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER) a permis de faire émerger et perdurer jusqu’à aujourd’hui plus de 700 radios associatives locales en France en accordant des aides financières aux radios de proximité sous la forme de :
- subvention d’installation (16 000€ maximum),
- subvention de fonctionnement,
- aide à l’équipement (50% max des investissements, plafonnée à 18 000€ sur 5 ans)
Initialement financé par une taxe sur les annonces publicitaires, il dépend depuis 2008 d’une dotation du Ministère de la Culture. En 2022, cette dotation était ainsi de l’ordre de 33.1 M€ et le FSER avait bénéficié à plus de 730 radios associatives (voir le rapport d’activité). A titre indicatif, le montant de la subvention de fonctionnement accordée à la très grande majorité des radios était compris entre 35 000 € et 40 000€, et représentait en moyenne 40% de leurs ressources…
0.50€/français/an pour leur permettre d’entendre différents « sons de cloches » sur le trajet du boulot ou l’autoroute des vacances en favorisant la pluralité radiophonique dans tous les recoins de l’Hexagone, on semblait pourtant tenir là un système plutôt efficace !
Une baisse de 10M€ prévue pour 2025
Oui mais voilà, le nouveau gouvernement a fait de la réduction du déficit sa priorité #1 et va donc même jusqu’à compter les quelques « piécettes » de ses fonds de poche pour ne pas franchir la « sacro-sainte ligne rouge » de l’augmentation d’impôts, même si l’optimisation fiscale est devenue le hobby favori des plus aisés…
Et c’est donc 10M€ de baisse du « FSER » qui sont annoncés pour 2025, soit 1/3 des recettes ! Nous ne sommes pas là dans une participation équitable à un « effort collectif », mais plutôt dans la destruction d’un écosystème réparti sur l’ensemble du territoire et des emplois, déjà précaires, qui y sont associés.
Pour avoir un ordre de grandeur, l’économie proposée par le « PLF 2025 » par la réduction de plus de 30% de la dotation au Fond de Soutien à l’Expression Radiophonique représente 0.016% des 60 milliards € prévus par l’effort budgétaire et 0.00035% du PIB annuel de la France… une goutte d’eau dans « l’océan de la dette » !
Passer plus de publicités (mais pas trop sinon plus d’aides du FSER…) ou mourir à petit feu, les 700 radios locales risquent d’avoir bien du mal à continuer à faire leur boulot et ce dès demain. Alors c’est sûr on captera toujours les grandes radios nationales, très parisiano-centrées, mais pour écouter ce qu’il se passe à côté de chez nous, ça va devenir de plus en plus compliqué.
Vives les radios locales !
Média résolument local et fan de radio, Actus Limousin apporte donc tout son soutien aux radios libres du Limousin : Bram’FM, Bréniges FM, Radio Grand Brive, RBA, Radio PAC, Radio Vicomté, Radio Pays de Guéret, Radio Vassivière ♥, Beaub FM ♥, Emergence FM, Flash FM, Kaolin FM, RMJ, Radio Trouble Fête, Swing FM ♥, au Groupement des Radios Associatives Libres, et aussi à Ici l’Onde et à toutes celles qui émettent déjà via le web.
Mise à jour du mercredi 30 octobre
A l’occasion des questions au gouvernement du mardi 29 octobre, à l’Assemblée Nationale, M Laurent Saint-Martin, ministre chargé du Budget et des Comptes publics, a indiqué en réponse à la question de Mme Béatrice Bellamy, députée de la 2ème circonscription de la Vendée que le gouvernement suivrait « la proposition, faite de façon très transpartisane lors de la commission, à savoir remonter les crédits à la hauteur de l’année 2024 […] permettant à ces 750 radios locales associatives de continuer d’émettre, de continuer à assurer ce lien de proximité mais aussi de développement de lien social et surtout assurer, ce qui est très important dans notre pays, le pluralisme dans l’information.«