-1.9 C
Région Limousin
mercredi 11 décembre 2024

En Corrèze, la lutte de toutes les instances contre les violences faites aux femmes

L’an passé, à l’occasion de cette journée internationale contre les violences faites aux femmes, nous étions partis à la rencontre des associations qui luttent contre ce fléau en Haute-Vienne. Cette année, c’est du côté de la Corrèze que nous avons rencontré des femmes qui se démènent pour aider, protéger et informer les victimes.

25 ans après l’instauration d’une « Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes » par l’ONU, le constat est toujours aussi tristement intolérable… Et les récentes nouvelles en provenance des États-Unis, où un masculinisme haineux est porté en étendard par les chantres du futur président, montre malheureusement que la lutte pour faire cesser ce fléau est plus que jamais une urgence, vitale dans de trop nombreux cas.

Des violences qui augmentent, des instances qui se structurent

En France, les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec 271.000 faits de violence recensés dans le pays en 2023 (+ 10 %), les violences conjugales sont en augmentation. La Corrèze n’échappe à ce phénomène : +10% de violences constatées en 2023, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. En 2022, 1.010 faits de violence avaient été recensés (+13 %) avec un part croissante de violences sexuelles (+ 16 %).

Pourquoi une telle augmentation ? Nous avons échangé avec Marie Renard, Déléguée aux droits des femmes et à l’égalité à la Préfecture de la Corrèze. Elle explique : « On dit que la parole s’est libérée ces dernières années, avec les phénomènes comme Metoo, Balance ton porc … Il y a une plus importante déclaration des faits anciens mais ce n’est pas la seule raison. Les violences continuent d’augmenter. Ce qui a libéré la parole aussi, c’est la meilleure formation de ceux qui reçoivent cette parole (accueil de la victime, compréhension du phénomène) … »

Mais comment forme-t-on à recevoir les victimes ? « Par exemple, on a un collectif associatif qui sensibilise à l’école de gendarmerie de Tulle. Les Forces de l’ordre sont maintenant formées pour les aider dans les procédures, et aussi humainement. Un autre exemple : on sensibilise les agents d’accueil des espaces France service, non pas pour les transformer en spécialistes mais leur donner quelques billes, comment aborder, comment repérer… »

En Corrèze, comme ailleurs, plusieurs dispositifs sont mis en place par l’Etat. « Il y a une Gouvernance départementale sous l’autorité du Préfet : un comité local d’aide aux victimes dont une session spéciale victime de violences conjugales qui se réunit depuis 3 ans une fois par an. De cette instance, émane la cellule opérationnelle de lutte contre les violences conjugales », poursuit Marie Renard qui dirige cette cellule : « C’est un comité de pilotage mensuel que je réunis avec la Maison de protection des familles de la Gendarmerie, la Police, le médecin légiste et le Département de la Corrèze. Dans cette cellule, on essaie de faire avancer des situations complexes. »

Les associations locales, relais essentiel au plus près des victimes

Faire avancer des situations complexes, c’est aussi la mission des associations du territoire qui jouent un rôle primordial dans cette lutte et sont souvent la première porte vers laquelle les victimes se tournent.

Nous avons poussé celle de l’association Uss’Elles, en Haute-Corrèze, où cinq bénévoles se relaient pour assurer une permanence téléphonique. Marie-Line prend la parole : « On a une permanence téléphonique et on accueille les victimes pour mener des entretiens dans un local, à Ussel. On les accompagne aussi moralement et physiquement dans les démarches juridiques, administratives et sociales« .

Pour cela, l’association travaille avec un large réseau de partenaires (les services de l’Etat, les instances départementales, le commissariat, la gendarmerie, les Urgences, les centres médico-psychologique, les centres communaux d’action sociale,  les assistantes sociales, les Maisons des ados ou encore la Communauté professionnelle territoriale de santé de Haute-Corrèze…). Depuis le début de l’année, rien qu’à Ussel, 35 femmes ont déjà pris contact avec l’association. « On a des situations vraiment difficiles. Il y a des femmes et leurs enfants qui sont vraiment isolés », confient les bénévoles qui ne comptent pas leur temps.

L’isolement, voilà ici une caractéristique de nos zones rurales. La Déléguée aux droits des femmes et à l’égalité reprend : « Les victimes de violences dans nos campagnes ne parlent pas parce qu’elles sont isolées, elles manquent de connaissance sur les aides qui existent, l’absence d’anonymat est aussi une barrière. On a par exemple des femmes victimes de violences conjugales qui sont en Gaeg avec leur bourreau, c’est très délicat. »

Comme l’association Uss’elles, d’autres associations œuvrent dans le département. Il nous paraît important de les citer ici :

« Aussi, depuis deux ans, on travaille avec une association de Haute-Vienne, Appel 87, qui est composée de psychologues qui accompagnent les enfants, car les enfants sont présentés comme des victimes à part entière et sont représentés au procès. La loi reconnaît ce statut de victime et c’est très important », ajoute Marie Renard qui termine sur une note positive : « En Corrèze, la gouvernance et le pilotage sont plutôt efficaces, il y a une excellente collaboration. »

Même constat du côté des associations. « On note que depuis notre création en 2010, il y a des changements positifs dans la prise en charge des victimes de violences intrafamiliales sur le territoire, mais il y a encore du travail », terminent les Usselloises qui s’attachent aussi à sensibiliser dans d’autres associations, dans des lycées et en zone rurale en proposant notamment des événements.

Les numéros utiles

Pour rappel, il vous suffit de composer le 39 19 pour joindre le service national de « Violence Femme Info ». Plus d’informations sont disponibles sur arretonslesviolences.gouv.fr.

Pour trouver de l’aide en Corrèze :

Si vous cherchez de l’aide en Haute-Vienne :

France Victimes 87 – 05.55.32.68.10

W!FE – 06.28.29.18.20. Accueil 7j/7j 24 h/24

IELES – 07.65.65.94.70.

Si vous cherchez de l’aide en Creuse :

Intermede 23 – 05 87 08 70 99 / 06 49 47 11 13

Aravic France Victimes 23 – 05 55 52 39 81

Le Ladies Studio (salle de sport 100% féminine) – 05 44 30 00 61

Jérémy Truant
Jérémy Truant
Correspondant Actus Limousin

A la une

Plus d'articles