Après 4 ans de travaux, une station « à la pointe » pour traiter et valoriser les eaux usées dans l’agglomération de Limoges

C’est la dernière ligne droite pour les travaux de la station d’épuration principale de Limoges commencés voilà quatre ans. La livraison des travaux est attendue au début de l’année 2025 mais les nouveaux équipements sont déjà opérationnels. Retour sur un projet d’envergure, pas forcément très glamour, mais qui se veut exemplaire sur le plan environnemental.

Depuis décembre 2020, Limoges Métropole a engagé un vaste chantier de modernisation de sa principale station de traitement des eaux usées, située sur la rive sud de la Vienne. Mise en service dans les années 1970 avant d’être agrandie en 2000, pour faire face à la hausse de la population et aux nouveaux enjeux environnementaux, la plus grande station d’épuration de l’agglomération avait bien besoin d’être modernisée et restructurée.

« La structure a toujours été innovante dans ses prestations mais aujourd’hui, on est arrivé à la fin de cycle » indique Philippe Janicot, vice-président en charge du cycle de l’eau. « Il fallait qu’on reparte sur un fonctionnement différent et adapté aux besoins et attentes d’aujourd’hui. Et en plus de la gestion des eaux usées, la STEP va être optimisée au niveau énergétique. »

Les installations historiques datant de 1969 ont été supprimées. A la place, de nouvelles ont été construites, avec notamment :

  • un décanteur primaire pour récupérer les boues primaires fermentescibles,
  • un nouveau digesteur qui stabilise les boues par un processus de fermentation et permet de produire du biogaz,
  • un troisième clarificateur qui sert à séparer la boue de l’eau épurée, et permet de garantir une qualité optimale des rejets dans les décennies à venir.

Un chantier d’envergure, digne d’un territoire précurseur en matière de traitement de l’eau, qui aura duré plus de 4 ans. Si c’est Limoges Métropole qui en est le maître d’ouvrage, les travaux ont été réalisés par un groupement de 40 entreprises et, au plus fort des travaux, quarante techniciens sont intervenus pour construire les ouvrages en béton. Le coût global du projet est de plus de 30 millions d’euros, dont un million pour la maîtrise d’œuvre, et il a reçu le soutien de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne à hauteur de 13,5 millions.

Une quarantaine d’entreprises ont été mobilisées pour construire la nouvelle station d’épuration © Limoges Métropole

Du biogaz dans le réseau public

Deux nouveaux dégrilleurs fins et plus performants ont été posés sur la partie prétraitement dès l’hiver 2021. Ils permettent d’éliminer, avant le traitement, les déchets contenus dans les eaux usées comme des lingettes, des feuilles, des plastiques. L’année suivante, c’est les deux filtres presse qui déshydrataient les boues produites par la station qui ont été remplacés par deux centrifugeuses dernière génération permettant d’avoir une plus grande stabilité de la matière sèche. Les principaux travaux sont donc finalisés depuis un an et tous les ouvrages en fonctionnement.

La création d’une filière biogaz constitue une étape importante de la modernisation de cet équipement. « La première injection de biogaz dans le réseau public a été réalisée en octobre 2023 » signale l’élu, « cela fonctionne et représente 10 GWh par an soit aux besoins de 3 760 logements basse consommation sur la rive gauche de la Vienne près de la STEP. Aujourd’hui, on arrive à 30 % de connexions, on est compétitif, il faut laisser le temps aux gens pour qu’ils soient informés et prennent de nouvelles habitudes d’abonnement et de fonctionnement. » A terme, les bâtiments raccordés verront ainsi leur facture énergétique réduite.

Les travaux qui devaient être réceptionnés en janvier 2024 accusent un an de retard mais la livraison est théoriquement envisagée en janvier. « Cela pourrait être décalé de deux ou trois mois mais, à la fin du premier trimestre, les travaux seront livrés » estime-t-il, « ce retard est dû aux travaux sur les clarificateurs. On a découvert leur état intérieur une fois vidés et tout a dû être repris par les entreprises. De plus, on est encore en phase de tests sur certains équipements et on attend le bilan pour lever toutes les réserves. »

La vidange des clarificateurs a engendré un surcroit de travaux imprévus © Limoges Métropole

Les conditions sont donc réunies pour atteindre les objectifs fixés : doubler la production de biogaz, réaliser des économies d’énergie (-17%) et garantir la qualité optimale des rejets sur le long terme.

Grâce au décanteur primaire, la consommation énergétique globale de la STEP devrait être considérablement réduite. Grâce aux centrifugeuses, le nouveau procédé de déshydratation des boues sera moins énergivore. Les boues liquides produites par la station sont désormais déshydratées, ce qui réduira les coûts de transport pour le compostage puis l’épandage sur des terrains agricoles.

« Susciter des vocations »

D’autres sources d’économies d’énergie ont été réalisées. La chaleur des eaux usées traitées est récupérée pour maintenir la température des digesteurs auparavant chauffés au biogaz. Et les deux grands bassins biologiques construits en 2000 ont été équipés de systèmes de brassage et d’aération dernière génération donc moins énergivores.

Depuis cet été, la démolition des anciens ouvrages vétustes, notamment le digesteur et les cuves de stockage des boues, a commencé et des travaux de voirie sont en cours. En outre, des sessions de formation et des animations seront régulièrement organisées. « Nous avons conçu ce projet pour qu’il soit aussi formateur pour les professionnels et le jeune public. On est déjà en collaboration avec l’Office international de l’eau pour qu’ils se forment. Nous pourrons également recevoir des écoles primaires voire des collèges, leur montrer les nombreux métiers dans ce domaine et susciter, pourquoi pas, quelques vocations en les informant de manière pédagogique. »

Pour tout comprendre sur le fonctionnement du traitement de la station d’épuration, on vous invite à consulter la vidéo explicative très complète disponible sur le site de la STEP !

© Limoges Métropole

Enfin, il faut noter que les eaux usées rejetées dans la Vienne sont désormais moins chaudes qu’auparavant. Un paramètre important pour préserver la biodiversité particulièrement en été lorsque la température de la rivière grimpe.

Chiffres-clés

  • 4 ans de travaux soit 118 985 h de travail prévues dont plus de 6 000 h d’insertion pour des publics éloignés de l’emploi,
  • une capacité de traitement des eaux usées équivalente à 285 000 habitants (80 000 à sa construction),
  • 9 communes concernées : Limoges, Feytiat, Panazol, Isle, Le Palais-sur-Vienne, Condat-sur-Vienne, Rilhac-Rancon, Bosmie l’Aiguille et une partie du Vigen,
  • jusqu’à 90 000 m³ d’eaux usées traitées par jour,
  • 2 millions de KWh par an d’économies d’énergie,
  • 12 740 tonnes de boues produites par an.

Pour retrouver l’ensemble des informations et des images sur les travaux du STEP rendez-vous sur le site step-lm.fr.

Corinne Mérigaud

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