Attendu fin 2023, le rapport de la mission d’étude sur la démographie vétérinaire vient d’être rendu public. Il met à mal la pertinence du projet de création d’une 5ème école vétérinaire nationale publique à Limoges, que défend Alain Rousset depuis 2020.
Alain Rousset arrivera-t’il un jour à rendre réalité le vieux rêve de l’intendant Turgot de créer une école vétérinaire à Limoges, au cœur d’un territoire d’élevage ? C’est en tout cas ce que le président de la Région Nouvelle-Aquitaine tente de faire depuis son annonce au Salon de l’Agriculture 2020. Le problème, c’est que le Ministère de l’Agriculture n’a toujours pas donné de feu vert officielle et cette perspective semble un peu plus s’éloigner avec les conclusions du récent rapport de la mission d’étude sur la démographie vétérinaire dont la réponse était initialement attendue pour la fin de l’année 2023…
Si le fort soutien de la Région pour la création d’une cinquième école vétérinaire publique y est loué, la pertinence de l’installer à Limoges est contestée par l’enclavement de la capitale limousine (« fragilisée en termes d’attractivité par l’accessibilité routière et ferroviaire ») et des perspectives démographiques à la baisse. Plus globalement, c’est le contenu même du projet qui y est questionné tout comme sa complémentarité avec l’offre des quatre autres écoles nationales vétérinaires. Deux autres projets de nouvelles ENV sont mentionnés dans l’étude : à Metz et à Bayonne, et donc aussi en Nouvelle-Aquitaine, porté par l’EI de Purpan, mais c’est bien pour le projet limougeaud que se bat le président de la Région.
Alors que le projet souhaité par Alain Rousset vise à endiguer le manque de professionnels du soin animal en milieu rural, le rapport semble même questionner l’intérêt de créer une nouvelle école vétérinaire publique indiquant que « l’étude de l’évolution démographique du nombre d’étudiants vétérinaires, actuellement en formation, tant en France que dans l’Union européenne, conduit à une estimation de 1 800 vétérinaires par an » avant d’ajouter que «ceci semblerait donc permettre de couvrir largement, d’ici quelques années, les besoins nécessaires voire même disposer d’un excédent de vétérinaires, si tous souhaitent exercer la médecine et la chirurgie des animaux.»
En conclusion, le rapport indique que « la réflexion quant à l’opportunité et la faisabilité de la création d’école vétérinaire en France n’est pas liée à un besoin accru de diplômés mais se base sur une question de choix politique de renforcer la souveraineté de la France dans la formation des vétérinaires, déjà en partie assurée par le plan de soutien en cours.» remettant ainsi entre les mains d’un Ministère de l’Agriculture, actuellement vacant et déjà bien occupé à gérer les crises agricoles successives, une décision dont il n’est démontré aucune urgence…
Alain Rousset n’a bien évidemment pas apprécié le contenu d’un rapport qu’il juge « plein de contradictions » et continue de croire à la pertinence du projet quitte à en revoir une partie du contenu. Toujours est-il que la perspective d’une première rentrée en 2026, évoquée il y’a encore peu, n’est certainement plus d’actualité. Quant à savoir si le « vieux rêve de Turgot » deviendra un jour réalité, il faudra déjà attendre qu’un nouveau ministre soit nommé et qu’il veuille bien ressortir le dossier du dessous de la pile où il vient de retourner…