Depuis 2005, une dizaine de radios associatives du Limousin se sont lancées dans une grande quête collective : le « GRAL » pour Groupement des Radios Associatives Libres. Ensemble, elles produisent un journal quotidien et des chroniques hebdomadaires, et unissent leurs forces pour défendre les radios locales et l’information de proximité.
L’union radiophonique fait la force !
« Ensemble, on est plus fort » : c’est ainsi que l’on pourrait résumer le Gral, Groupement des Radios Associatives Libres, qui réunit depuis 2005 dix radios qui diffusent sur les ondes de Haute-Vienne, de Creuse et de Corrèze. « Nous mettons en commun nos compétences. Mais chaque radio garde son indépendance, à laquelle elle est farouchement attachée », rappelle Sébastien Péjou, journaliste à Emergence FM et coordinateur de la rédaction du Gral.
Ces radios (lire encadré) font depuis longtemps partie du paysage local. De Magnac-Laval à Tulle, de Guéret à Saint-Yrieix-la-Perche, elles composent un maillage complet du territoire et proposent des informations de proximité en s’appuyant sur des bénévoles et des acteurs locaux. Ce modèle associatif permet de garder une véritable liberté de ton et d’esprit. Il est surtout la garantie d’une information pluraliste, avec des programmes qui mettent en avant la vie culturelle, politique et associative de leurs bassins de diffusion.
« Toutes les radios n’ont pas la possibilité de réaliser des journaux quotidiens ou de produire de l’information. Le Gral a permis de coordonner les équipes et de proposer chaque jour un journal commun grâce à 20 salariés, dont 5journalistes professionnels » souligne Sébastien Péjou, qui organise chaque matin une conférence de rédaction pour déterminer les sujets qui feront l’actualité. « Pas toujours simple lorsqu’il s’agit de satisfaire dix radios qui ont des auditeurs, des cibles et des opinions différentes. Heureusement, nous avons tous un ADN commun, associatif et de proximité. »
Le Gral réunit dix radios diffusés sur 26 fréquences régionales en Limousin et en Périgord. Kaolin, la radio (Saint-Yrieix-la-Perche) ; Radio Trouble Fête (Limoges) ; RMJ, la radio des meilleurs jours (Magnac-Laval) ; RCF, radio chrétienne (antenne de Limoges) ; Radio Pays de Guéret ; Radio Vassivière (Meymac, Felletin) ; Radio Pac (Pompadour) ; Bram FM (Tulle) ; Emergence FM (Limoges).Le conseil d’administration, qui réunit un représentant de chaque radio, est présidé par Philippe d’Hauteville de Bram FM. Il a succédé à Denis Lespiaut, président de Kaolin FM, figure historique qui a porté le Gral depuis sa création.
Des radios de proximité, indépendantes mais fragiles
Cette indépendance est un atout, mais peut tout aussi constituer une faiblesse : comme de nombreux secteurs, les radios associatives sont soumises aux restrictions budgétaires de l’État. « Nos moyens financiers et techniques sont de plus en plus limités », reconnaît Sébastien Péjou. « Beaucoup de radios ont vu leurs équipes se réduire. Elles ne peuvent plus rémunérer des salariés ou des alternants. »
Dernier exemple en date : la bataille contre la baisse annoncée des subventions via le Fonds de soutien à l’expression radiophonique (qui bénéficie à plus de 700 radios associatives) que le Projet de Loi de Finances présenté par le gouvernement Barnier prévoyait de réduire d’un tiers en 2025, soit 10 millions d’euros sur les 35 millions prévus. Cette décision a finalement été annulée mais la vigilance reste de mise dans un secteur déjà fragile et financé à 70 % par l’État pour leur rôle essentiel de communication sociale de proximité.
Le reste des recettes des radios associatives vient des MIG/MIC (Message d’intérêt général/Message d’intérêt collectif) et des publicités locales dont le nombre reste limité par le CSA, l’autorité publique française de régulation de l’audiovisuel. Conscient de cette fragilité, le ministère de la Culture devrait accorder des subventions supplémentaires aux radios rurales dans le cadre du plan Culture et ruralité mis en place jusqu’en 2027…
Les radios associatives font aussi face à un autre défi, technologique cette fois, avec la mise en place du DAB+ qui va, dans le futur, remplacer la bande FM. Une diffusion numérique qui présente l’avantage d’élargir la zone de couverture de chaque radio mais nécessite de payer deux fois pour avoir le droit de diffuser en FM et en DAB+, sans pour autant augmenter le nombre d’auditeurs.
Et malgré les difficultés qui pèsent sur leurs antennes, Sébastien Péjou reste confiant : « Les radios associatives ont déjà connu de nombreuses crises. Nous savons être résilients. Le Gral est un modèle d’entraide et de coopération qui fait entendre une voix différente. Nous sommes les représentants d’une diversité et d’une qualité d’informations auxquelles les auditeurs sont résolument attachés. »
Pour découvrir le Groupement les Radios Associatives Libres, rendez-vous sur legral.info ou sur la page facebook du GRAL.
