A Limoges, les bords de Vienne continuent leur transformation pour le plus grand bonheur des citadins !

Les Limougeauds retrouvent plaisir à musarder sur les bords de la Vienne. La rivière attire à nouveau les citadins qui lui ont pourtant longtemps tourné le dos. Le vaste programme d’aménagement et de végétalisation se poursuit pour requalifier des berges qui jadis grouillaient de vie.

Avant d’être un lieu de détente, les bords de la Vienne ont occupé une place essentielle dans l’activité industrielle de la ville. Autrefois, les « naveteaux » y récupéraient le bois charrié sur la rivière depuis le Plateau de Millevaches et des centaines d’ouvriers travaillaient dans les usines de porcelaine, des moulins à kaolin, des tanneries, et des filatures qui utilisaient la Vienne comme force motrice. Des vestiges subsistent encore comme à la Font-Pinot.

« Naveteaux » et laveuses sur les bords de Vienne, près du Pont St-Etienne vers 1870 © JB Audiguet via bnl-bfm.limoges.fr

Pour valoriser les quartiers des ponts, la Ville de Limoges a initié depuis 2016 une réflexion en vue d’aménager et de valoriser les bords de Vienne avec pour ambition de créer une continuité piétonne et un « parc naturel urbain » allant du pont Georges Guingouin au pont de l’A20. Les travaux sont phasés en plusieurs tranches jusqu’en 2030. Au coeur de la ville, c’est tout un secteur qui se transforme peu à  peu pour donner vie à un gigantesque espace vert propice à la promenade et aux activités de plein air.

Les différents phases du réaménagement des bords de Vienne © Ville de Limoges

Une prairie paysagère rive droite

Sur la rive droite, la 1ère phase de travaux lancée en 2023 sera achevée début mai entre le Pont Saint-Étienne et le viaduc SNCF. Les promeneurs et les joggers peuvent d’ores et déjà apprécier les changements comme cette vaste prairie qui a été aménagée à la Font Pinot. Elle s’articule autour d’un parking paysager en gradins de 80 places, d’un espace pour les sports en extérieur et d’une aire de jeux. Sur une esplanade en partie haute accessible depuis la rue de la Font Pinot, un espace accueillera des évènements. L’investissement se chiffre à 6,4 M€ TTC (études comprises) financé à 90 % par la Ville.

« Ce grand espace vert d’un hectare est désormais accessible au public » annonce le chef de projets urbains Rodolphe Wilmart, « ce site avait été racheté par la Ville dans les années 2000, sans être valorisé. Une centaine d’arbres ont été plantés, des essences locales et des d’autres plus adaptées au réchauffement climatique. Les 3/4 ont été plantés, il en manque quelques uns près de l’escalier qui va être construit dans le talus face à la rue des Sœurs de la Rivière. »

De nouveaux points de vues sur les ponts

Au pied du Pont de la Révolution, la « presqu’île de la filature » sera accessible partiellement à compter du mois d’avril. Cet ancien site industriel datant du 18ème siècle, délaissé depuis les années 80, va être valorisé. Le canal obstrué qui alimentait l’ancien moulin à kaolin a été nettoyé pour permettre, à nouveau, à la rivière de s’écouler normalement. Les promeneurs pourront aller sur la pointe de la presqu’île pour découvrir un panorama inédit. « Cet espace était insalubre, dangereux et fermé à la balade » indique-t-il, « il va désormais offrir des points de vue intéressants sur les ponts Saint-Martial et Saint-Etienne.»

Au pied du Pont de la Révolution, la presqu’île de la filature sera partiellement accessible © Corinne Mérigaud

Une passerelle sous le viaduc

Sous le viaduc SNCF, c’est une passerelle métallique de près de 50 m qui a été installée afin de contourner la pile du pont et d’assurer la continuité de la promenade sur la rive droite, évitant de prendre l’escalier. Elle est accessible aux personnes à mobilité réduite et cyclistes. « Elle est déjà ouverte et sera inaugurée lors de la course La Ponticaude le 16 mars » annonce-t-il. Une autre passerelle PMR est en cours d’installation pour franchir l’Anjoumard, un ancien affluent de la Vienne, et remplacera un petit pont en bois.

En continuant la balade entre le pont Saint-Étienne et le Pont Neuf, sur les berges du Quai Goujaud, des caillebotis métalliques vont être posés pour faciliter les croisements. « Cette liaison est très fréquentée et étroite » constate-t-il, « le cheminement sera élargi par endroits et offrira une nouvelle vue sur les quartiers en face comme celui du Clos Sainte-Marie. »

Rive gauche : la place Parbelle végétalisée

En 2026, une partie de la rive gauche va aussi entamer sa mue avec des travaux à venir dans le secteur Parbelle/Ventejol. L’objectif est de requalifier la Place Paul-Parbelle datant de la décennie 70, époque où les voitures avaient droit de cité à peu près partout. « Le calage du calendrier sera connu fin 2025 en fonction du diagnostic préventif archéologique piloté par la DRAC » confie-t-il, « ce site a une riche histoire et des vestiges ont été découverts près du pont Saint-Martial. La DRAC nous donnera ses prescriptions qui peuvent aller jusqu‘à des fouilles, ce qui pourrait impacter le calendrier. »

La future place Paul-Parbelle sera végétalisée © BASE/Artelia

Quelques 5,2 M€ HT vont être engagés pour mener à bien ce projet de requalification qui va donner plus de place aux piétons et aux vélos. Cela ne sera plus un parking même si « le nombre de places sera maintenu voire augmenté avec une répartition différente, plus en retrait du pont » assure Rodolphe Wilmart. Pas question donc de sacrifier l’activité commerciale dans ce quartier résidentiel. « La Ville veut végétaliser et renforcer la promenade sans faire l’impasse du stationnement car il y a une vie de quartier » martèle-t-il. Et comme sur la rive droite, de nombreux arbres vont être plantés et le patrimoine de la place sera valorisé avec des matériaux plus qualitatifs.

Des gradins verts Impasse de Nexon et un nouveau mur d’escalade

Dans le prolongement de l’allée Gabriel-de-Ventejol, l’impasse de Nexon qui est aujourd’hui guère attractive va à son tour être mise en valeur avec des gradins végétalisés en surplomb de la Vienne. « Ils seront aménagés le long de l’ancienne usine de porcelaine Leclair. On va dégager la végétation qui a poussé spontanément, ouvrir des fenêtres pour profiter de la vue sur le pont Saint-Martial » dévoile-t-il. Cela offrira une nouvelle balade de 300 m jusqu’à l’impasse Charles-Bichet qui débouche rue de Nexon.

L’actuel mur d’escalade érigé au jardin Nadalon, est arrivé en bout de course et va donc être remplacé. « Un mur d’escalade extérieur en libre service est un équipement rare » constate-t-il, « toutes les villes n’ont pas ça et il est fréquenté. C’est un loisir en vogue ces dernières années. » Les réseaux souterrains seront également refaits à neuf et d’ici, deux ans, ce secteur devrait devenir l’un des spots prisés des Limougeauds.

Le projet de remplacement d’un mur d’escalade en accès libre très fréquenté © BASE/Artelia
Corinne Mérigaud
Corinne Mérigaud
Journaliste Actus Limousin
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