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Région Limousin
lundi 31 mars 2025

Le FRAC-Artothèque Nouvelle-Aquitaine emménage dans une ancienne imprimerie du XIXè siècle au coeur de Limoges

Des cartons, des caisses, des œuvres soigneusement emballées ou en train de trouver leur place sur les coursives. Les travaux du Frac-Artothèque sont presque terminés et les salariés s’emploient à déballer les œuvres qui prendront place dans ce temple de l’art contemporain.

Les locaux du 17 bis rue Charles Michels commencent une nouvelle vie après en avoir déjà connu plusieurs. Il faudra patienter jusqu’au 20 mai pour que le public puisse pénétrer dans ce bâtiment et découvrir un site conçu pour magnifier l’art contemporain qui va compléter le CIAP de Vassivière, le CAC de Meymac et le musée de Rochechouart. Une décennie aura été nécessaire pour concrétiser ce projet titanesque initié par la Région Limousin et poursuivi par la Région Nouvelle-Aquitaine qui a injecté 6,5 millions d’euros.

Le bâtiment de 1900 m² n’avait quasiment pas bougé depuis sa construction, en 1893, par l’architecte Alfred Rouchaud. Il a initialement accueilli l’imprimerie Plainemaison durant une dizaine d’années avant d’être transformé en magasin de tissus au début du XXe, reconverti un temps en jardin oratorien avant d’accueillir les enseignes Touchatou et Eurodif avant son rachat par la Région en 2014.

Escalier et carrelage d’origine dans le bâtiment intégralement rénové © Corinne Mérigaud

Le lieu, bien connu des Limougeauds, a été entièrement restauré du sous-sol à la verrière. Les architectes français Jakob+MacFarlane ont aménagé l’intérieur sur les quatre niveaux traité la façade et choisi le mobilier du café-lecture. Le cabinet d’architecture Spirale basé à Limoges a restauré la structure et la verrière. La charpente métallique de style Eiffel donne un charme tout particulier à ce lieu rappelant son éphémère histoire industrielle. La verrière apporte une lumière naturelle qui sublime l’ensemble. Au sol, les couleurs du carrelage d’origine tranchent avec les murs blancs immaculés où seront accrochées des œuvres.

La charpente métallique de style « Eiffel » donne un cachet très particulier à ce bâtiment d’origine industrielle © Corinne Mérigaud

Une « Artothèque » avec plus de 500 œuvres à emprunter

L’emplacement en centre-ville devrait permettre de démocratiser l’art contemporain, trop souvent considéré comme élitiste, notamment par la gratuité de l’entrée et le changement régulier de la configuration, des œuvres accrochées et des expositions. « En France, les FRAC sont quasiment tous en périphérie des villes ce qui est fort dommage » déplore la directrice, Catherine Texier, « car nous travaillons pour que l’art s’inscrive dans le quotidien de tout le monde. »

Avec un lieu en cœur de ville, l’art contemporain ne pourra qu’entrer plus facilement dans les foyers. Quelques 500 œuvres seront disponibles sur place, prêtes à passer un peu de temps chez vous. Car une « artothèque » ça fonctionne comme une bibliothèque : on peut donc y emprunter une œuvre, l’installer un temps dans son salon puis la ramener pour en prendre une autre etc…

Parmi les 500 œuvres à emprunter, vous en trouverez sûrement à votre goût © Corinne Mérigaud

Avec 7000 œuvres en réserve, soit plus d’un millier d’artistes à découvrir, il s’agit de l’une des plus importantes collections régionales de France. « C’est un nouveau poumon culturel, un levier d’attractivité et de rayonnement pour la ville » estime Charline Claveau, vice-présidente régionale en charge de la culture. « Faire du territoire une destination incontournable pour les amateurs d’art contemporain et de culture, tel est l’objectif de ce lieu. »

Les visiteurs pourront se balader librement au sein des 1 200 m² d’espaces d’expositions, en entrant par le café lecture dont le mobilier en cuir et bois a été spécialement réalisé par la manufacture d’Argentat pour valoriser les savoir-faire. « C’est un vrai pari de ne pas reprendre les codes des bornes d’accueil du public » annonce la directrice, « tout le monde pourra venir boire un café et regarder une œuvre même si c’est pour 20 minutes. L’idée est que ce lieu soit fréquenté le plus régulièrement possible avec un kaléidoscope d’espaces. »

Un mur numérique et une boîte immersive

Côté rue, un mur numérique amovible comme des volets permettra de projeter des œuvres et d’attirer les regards des passants pour les inciter à entrer. A l’intérieur, l’agencement et les distributions d’origine ont été préservés, les volumes et la hauteur sont impressionnants. Les anciens clients ne seront pas dépaysés (!), car ils retrouveront le charme authentique de leur ancien magasin, libéré de ses rayons et marchandises. Le lieu est devenu modulable grâce à quelques interventions discrètes.

Sur la façade du bâtiment, un mur numérique modulable permettra de projeter des oeuvres pour les passants © Corinne Mérigaud

Dans l’atrium, une grosse « boîte » immersive attire l’oeil. Il suffit de pousser la lourde porte en bois et métal pour pénétrer dans un endroit surprenant où des œuvres numériques sont projetées au sol et sur les murs. Le contenu défile mais le spectateur aura la possibilité de l’arrêter pour s’immerger virtuellement dans l’atelier d’un artiste. Cet équipement est sans équivalent et propose de vivre une expérience audiovisuelle inédite en immersion totale.

La « boîte » se prolonge au 1er étage sur un balcon ouvrant sur l’atrium qui accueillera des expositions. Telles les coursives d’un navire, les deux galeries permettront d’accrocher des œuvres issues notamment des collections. Un pôle ressources devrait ouvrir en 2026 pour soutenir les artistes et accompagner les porteurs de projets artistiques et culturels. « C’est une chance d’avoir un lieu digne de ce nom pour exposer la collection du Frac-Artothèque et de revaloriser le patrimoine en centre-ville » assure Frédéric Bernardaud, président du Frac-Artothèque « c’est aussi l’occasion de donner un éclairage dynamique, positif et porteur d’avenir pour Limoges. »

L’exposition inaugurale « Paysages recommencés » proposera un clin d’oeil aux collections publiques et se déclinera jusqu’à la fin de l’année dans tous les espaces avec des pièces signées par 70 artistes prêtées par le CNAP, le CAPC Bordeaux, la Cité internationale de la tapisserie et le Musée d’art contemporain de Rochechouart et provenant également des FRAC Meca, Poitou-Charentes, Occitanie Toulouse.

En cours d’installation, l’exposition « Paysages recommencés » sera visible pour l’ouverture, le 20 mai prochain © Corinne Mérigaud

L’inauguration officielle est prévue pour le 20 mai et le FRAC Arthotèque de Limoges devrait ouvrir au public dans la foulée. Il sera ensuite ouvert du mercredi au samedi, de 10 à 19 h, le deuxième dimanche du mois, nocturne un mercredi par mois. Entrée gratuite.

Plus d’informations sur le site fracartothequenouvelleaquitaine.fr

Corinne Mérigaud
Corinne Mérigaud
Journaliste Actus Limousin

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