1525 – 2025 : le lycée Gay-Lussac, le plus vieux « bahut » de Limoges, célèbre ses 500 ans !

On n’a pas tous les jours 500 ans ! Le plus vieil établissement de Limoges fête ses cinq siècles d’histoire avec deux expositions originales et une vidéo qui retrace l’évolution de cet établissement emblématique de Limoges.

Quel est le point commun entre le mime Marceau, le physicien Arsène d’Arsonval, les frères Charles et Théodore Haviland, les écrivains Robert Margerit et Georges-Emmanuel Clancier, l’avocat Roland Dumas, le chef d’entreprise Jean Gandois ou encore Claude Bébéar, créateur des assurances AXA ?

Tous ont étudié au lycée Gay-Lussac avant de connaitre, comme tant d’autres, une fort belle carrière… « Les anciens élèves, qu’ils soient devenus diplomates, généraux, amiraux, écrivains, artistes, dirigeants d’entreprises nationales et internationales, entrepreneurs, cadres de la haute fonction publique, chirurgiens, chercheurs, universitaires, professeurs, journalistes, édiles, ne se comptent plus » atteste le proviseur Jean-Marc Colombeau. Gage d’excellence, l’établissement accueille aujourd’hui 1100 élèves, 390 étudiants et 133 enseignants.

Cinq siècles de transformation

L’histoire de « Gay-Lu » débute en 1525 avec un collège de garçons fondé par les consuls de Limoges, près de l’église Saint-Pierre-du-Queyroix, dans une cité protégée par des remparts. Cependant, en raison d’une épidémie de peste et des guerres de religion, il n’ouvrira qu’en 1583… Quinze ans plus tard, il est confié aux Jésuites qui le dirigeront pendant près de 200 ans et feront construire deux ailes de bâtiments et l’actuelle chapelle. Les travaux dureront jusqu’en 1685…

La façade du collège des Jésuites, aujourd’hui à l’arrière du bâtiment © DR – Photothèque Paul Colmar

Après la dissolution de la congrégation religieuse en 1762, des prêtres séculiers vont diriger le collège rebaptisé Sainte-Marie. Le bâtiment principal est démoli et l’architecte limougeaud Joseph Brousseau dessine alors les plans de l’imposant bâtiment qui donne sur le boulevard Georges Périn. On lui doit les deux clochetons à bulbes qui magnifient l’édifice, inscrit aux Monuments Historiques en 1936. Les travaux vont s’achever en 1772.

En 1789, la chapelle accueille la réunion des États Généraux pour élire les députés du Haut-Limousin. En 1795, l’établissement comptait 140 externes et 60 pensionnaires alors qu’il n’y avait plus de 17 élèves trois ans plus tôt ! Durant cette période de rapides changements de régime politique en France, le collège deviendra une école centrale sous le Directoire, puis un lycée royal en 1804, un lycée impérial sous Napoléon, un collège royal à la Restauration, de nouveau un lycée impérial au Second Empire et enfin un lycée national à partir de 1871…

En hommage au physicien miaulétou

Le lycée prendra officiellement le nom de Gay-Lussac en 1889 suite au décret du président de la république Sadi Carnot, natif de Limoges. Le physicien chimiste, né à Saint-Léonard de Noblat en 1778, est reconnu pour ses travaux sur les propriétés des gaz. Il fut par deux fois président de l’Académie des sciences. Un musée rappelle sa carrière dans sa ville natale. Le bâtiment principal a été rehaussé d’un étage en 1864 et un fronton a été ajouté au centre avec une horloge, donnant un aspect plus monumental. Un petit collège a été édifié contre l’église en 1868 pour accueillir les élèves du CE2 à la 4ème.

Le petit collège édifié en 1868 accueillait les élèves du CE2 à la 4ème © DR – Photothèque Paul Colmar
Autre temps, autre mœurs… Les « petits » devaient être plutôt calmes après le repas de midi ! © DR – Photothèque Paul Colmar

A partir de 1926, la chapelle va servir de salle des fêtes et de gymnase. Un nouveau bâtiment regroupant les salles scientifiques est imaginé par l’architecte Léon Faure et construit le long du Boulevard Louis Blanc en 1934 . Enfin, le lycée va être complété par deux nouvelles ailes plus modernes en 1960, conçues par l‘architecte René Blanchon, pour remplacer le bâtiment d’origine Place Saint-Pierre. D’autres travaux vont être menés lorsque la Région prendra la compétence des lycées en 1986, comme la création d’un réfectoire et de salles de classes en décaissant la cour intérieure puis divers aménagements dans les années 2000.

Des expositions et des collections remarquables

Pour rappeler le passé de leur lycée, les élèves de la classe de 1ère 7 ont travaillé 6 mois afin de préparer une exposition rétrospective dans le cadre de la démarche régionale « Histoire de bahuts ». « Cinq cents ans c’est incroyable » constate Valentine, « nous vivons tous les jours dans ce lycée et c’est très important de savoir son histoire. » Sa camarade Nessa a découvert les plaques commémoratives accrochées dans l’entrée, les élèves ne passant plus devant depuis que l’entrée s’effectue du côté de la Place Saint-Pierre. « Cela a été une expérience de s’intéresser à notre lycée et d’approfondir nos connaissances. Je ne savais pas que le lycée commémorait le 11 novembre. »

Pendant 6 mois, les élèves se sont intéressés aux 500 ans d’histoire de leur lycée © Corinne Mérigaud
Au coeur de la résistance
« L’affaire du 17ème barreau », c’est l’acte héroïque de quelques lycéens qui ont résisté face à l’occupant en 1943 réunis dans un mouvement dénommé « Le 17ème barreau ». Plusieurs seront arrêtés, internés et déportés. Un documentaire écrit par Guy Girard et Guillaume Coudray, sorti en 2008, retrace cet épisode tragique. Autre héros, le proviseur alsacien Joseph Storck (une salle porte son nom) a fabriqué de faux papiers dans son imprimerie clandestine, ce qui sauva des dizaines d’élèves juifs qu’il plaçait dans des familles d‘accueil tout en interdisant l’accès du lycée à la police de Vichy. Il a reçu le titre de « Juste parmi les nations » en 1998 à titre posthume.

Jérémie quant à lui a été admiratif en découvrant les premiers plans du lycée : « ils étaient avancés par rapport à leur temps, tout était écrit à la main, c’est bien de connaître toutes ses étapes. » Pour Antoine, c’est l’attractivité du lycée qui fut une surprise, « c’est impressionnant d’avoir 1 000 élèves dans ce lycée qui est le deuxième plus vieux de France, de découvrir l’endroit où nous sommes, de savoir que ça date de plusieurs siècles. » Une exposition photos réalisée par Fabrice Varréras, CPE des classes prépas, sera prochainement accrochée sur les grilles et visible depuis le Boulevard Georges Périn.

C’est moins connu mais « Gay-Lu » possède aussi une remarquable collection pédagogique à commencer par des instruments de physique et de chimie, rappelant la vocation scientifique de l’établissement. « Suite à l’étude inventaire en cours sur le patrimoine des lycées, nous avons découvert 70 instruments de physique, dont le galvanomètre balistique d’Arsène d’Arsonval et ses déclinaisons jusqu’à aujourd’hui, des instruments de chimie, 40 plâtres à dessin (moulages en 3D pour s’exercer au dessin), de la verrerie et une riche collection de sciences naturelles dans toutes les spécialités : zoologie avec un crâne de panthère et de lion, géologie et anthropologie. » indique Stéphanie Casenove, chargée d’inventaire, « Nous avons découvert de nombreux animaux exotiques ramenés de colonies comme un tatou et certains qui ont été donnés récemment comme un faux-gavial juvénile et une belle collection de coquillages. »

Des objets rares, du matériel ancien, et même des animaux exotiques ! © Corinne Mérigaud

 

Pour compléter : voir la vidéo documentaire « Le lycée Gay Lussac, 500 ans d’histoire« 

Corinne Mérigaud
Corinne Mérigaud
Journaliste Actus Limousin
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