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Région Limousin
mardi 2 septembre 2025

Vieillir sans perdre le lien : la résidence autonomie, un bon compromis entre le maintien à domicile et l’Ehpad

Alors que la population limousine vieillit plus vite que la moyenne nationale, les résidences autonomie constituent une alternative intéressante à l’isolement et aux Ehpad. À Ussel, la résidence « Les Acacias » propose 30 logements aux séniors et leur permet de vivre chez eux en profitant d’un environnement convivial et sécurisant.

Vieillir sans s’isoler : un défi pour le Limousin

Le Limousin est aujourd’hui l’une des régions les plus âgées de France. En Corrèze, selon l’INSEE, plus d’un habitant sur trois a plus de 60 ans. D’ici 2040, selon l’Inspection générale des affaires sociales, la proportion des personnes en situation de perte d’autonomie devrait augmenter de plus de 36 % sur le territoire français. Face à ce vieillissement démographique se pose la question du « bien vieillir » : comment rester autonome et indépendant, mais sans se retrouver isolé ?

À la résidence Les Acacias, autonomie rime avec solidarité

Située à Ussel, la résidence autonomie Les Acacias est un exemple de réponse à ces enjeux. Ce bâtiment, un ancien foyer de jeunes travailleurs, est géré depuis 2012 par le Centre Communal d’Action Sociale d’Ussel. Il accueille désormais une trentaine de séniors dans des appartements individuels d’environ 40 m² de type T2. Pour Nathalie Chatonnier, responsable de service, « la résidence autonomie permet aux personnes âgées de profiter de leur autonomie le plus longtemps possible. L’objectif est de lutter contre l’isolement social, créer du lien, tout en permettant à chacun d’avoir un espace privé. »

Les habitants des Acacias ont tous un « groupe iso-ressources » (GIR) de 5 ou 6. Cela signifie qu’ils sont autonomes ou quasi autonomes selon la grille officielle AGGIR qui est utilisée pour évaluer le niveau de perte d’autonomie des personnes âgées. Ce type de résidence est donc idéal pour ceux qui souffrent de solitude, ou dont le logement est devenu inadapté (escaliers, entretien, isolement, insalubrité, …), mais qui ne souhaitent pas entrer en Ehpad.

Si les appartements sont privatifs, le salon est ouvert à tous et propice au « papotage » ! © Camille Rizard

Les appartements sont privatifs mais plusieurs espaces communs (une cuisine, un salon, un jardin, une salle d’activités) permettent à celles et ceux qui le souhaitent de participer à la vie collective. Un Conseil de vie sociale se réunit plusieurs fois par an pour associer les résidents et leurs familles aux décisions importantes.

« On vit comme chez soi, mais on n’est jamais seul », résume une résidente. « Ici, on parle, on s’entraide, on rit. C’est précieux. ».

Un quotidien rythmé par les rencontres et les projets

Tous les jours ou presque, des activités sont proposées par divers intervenants : ateliers mémoire, vélo cognitif, sorties culturelles, jeux, gym douce, tricot, cuisine, arts créatifs ou même poésie. Des ateliers sont aussi régulièrement organisés en partenariat avec la médiathèque, le CPIE ou encore Haute Corrèze Communauté.

Partie de « Qwirkle » : le jeu est un excellent moyen de faire travailler les neurones et les zygomatiques ! © Camille Rizard

Les projets ne manquent pas. Parmi ceux qui ont marqué le quotidien aux Acacias, la création du livre « Autour du monde » reste un souvenir fort. Ce recueil de recettes, disponible chez Mymy Libri, une librairie usselloise, est le fruit d’un investissement de longue haleine car pour réaliser l’ouvrage les résidents ont mené un important travail de recherche, d’écriture, d’illustration et de transmission. Ce projet original leur a permis de rencontrer de nouvelles personnes en dehors de la résidence, de partager leurs souvenirs, et de s’ouvrir à d’autres cultures.

Le recueil de recettes « Autour du Monde » a demandé un important travail de recherche aux résidents © Camille Rizard

L’équipe de la résidence mise aussi sur l’intergénérationnel, en favorisant les échanges avec les plus jeunes, notamment par la visite des enfants du Conseil municipal des jeunes ou des centres de loisirs. « C’est familial, il y a une bonne ambiance. On fête les anniversaires, on partage les repas festifs, on fait du crochet. On rigole ! », racontent les résidents. L’entraide est spontanée : « Ceux qui ont une voiture emmènent ceux qui n’en ont pas à la pharmacie ou faire quelques courses. Et Michel, c’est notre électricien attitré quand les plombs sautent ou que le micro-ondes tombe en panne ! »

Des services adaptés aux besoins dans un cadre sécurisé

Une équipe pluridisciplinaire (agent d’accueil, d’animation et de gardiennage, éducateur sportif ainsi que divers intervenants culturels et médicaux) veille discrètement au bien-être des résidents. Afin de faciliter la vie des résidents, de nombreux services pratiques leurs sont proposés : le portage de repas, le transport pour les courses, ou une aide ponctuelle pour les démarches administratives.

Le loyer s’élève à environ 500 € charges comprises, avec possibilité de bénéficier des APL (Aide personnalisée au logement) versée par la CAF ou la MSA. Enfin, quelques logements attenants sont réservés à l’hébergement d’urgence, notamment pour des familles précaires. Les rires d’enfants animent alors les couloirs de la résidence.

Un modèle d’avenir pour les territoires ruraux

En France, plus de 100 000 personnes âgées ont déjà opté pour les résidences autonomie. Encore trop peu connues, il en existe pourtant déjà une vingtaine en Limousin (9 en Corrèze, 3 en Creuse et 10 en Haute-Vienne) où elles apparaissent comme un habitat d’avenir bien adapté aux besoins de la population âgée des territoires ruraux.

Entre le logement social, l’accompagnement médico-social léger et la vie en communauté, ces résidences proposent un compromis intéressant, et une alternative à l’Ehpad pour celles et ceux qui ont encore une autonomie suffisante. « J’ai perdu mon mari, et j’ai quitté Meymac pour me rapprocher de ma fille », témoigne une résidente. « Ici, j’ai retrouvé une communauté. Je ne retournerais pas vivre seule. »

Remédier à la solitude sans renoncer à sa liberté, voilà qui permet de garder le moral et de vivre longtemps. D’ailleurs, la CNSA (Caisse nationale de soutien à l’autonomie) a alloué 15 millions d’euros à 32 départements en 2024 pour ouvrir de nouvelles places en résidences Autonomie.

Pour s’informer et réserver son logement

La résidence « Les Acacias » accueille encore de nouveaux résidents. Il suffit d’avoir plus de 60 ans, d’être autonome, et de vouloir vivre dans un cadre sécurisant, à taille humaine, où chacun peut trouver sa place.

Contact : CCAS d’Ussel, 05 55 46 54 11, ccas@ussel19.fr ou sur le site de la ville d’Ussel

La liste des résidences autonomie en Limousin est disponible sur le site action-sociale.org

Camille Rizard
Camille Rizard
Correspondante Actus Limousin en Haute-Corrèze

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