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Région Limousin
mardi 23 septembre 2025

12 km et 50 bâtiments chauffés : Saint-Junien accélère sa transition énergétique avec un réseau de chaleur ambitieux

C’est un chantier de grande ampleur qu’a lancé la Ville de Saint-Junien en construisant un réseau de chaleur de 11,4 km. L’objectif est de remplacer le chauffage au gaz par de l’énergie renouvelable et de raccorder la quasi totalité des bâtiments municipaux mais pas seulement soit cinquante au total.

« Ça se passe plutôt bien vu l’ampleur du chantier, ce n’est pas le premier comme ça que réalise Engie Solutions et ils sont même en avance sur le planning » constate Hervé Beaudet, le maire de Saint-Junien. Un élu qui n’a pas, non plus, eu de retours revendicatifs de commerçants ou de riverains. Un médiateur est d’ailleurs à leur disposition.

Depuis le mois d’avril, les travaux vont donc bon train dans les différents quartiers de la ville pour aménager un réseau de chaleur de près de 12 km. Actuellement, ils sont concentrés dans le cœur de ville, autour de la mairie, ainsi dans les secteurs Roc Chêne et Bellevue où trois équipes interviennent de manière concomitante. Des tranchées sont creusées pour y installer les tuyaux d’eau de ce gigantesque réseau de chaleur qui desservira 50 bâtiments et infrastructures de la ville.

Les travaux ont débuté en centre-ville de Saint-Junien avec la réalisation de profondes tranchées pour enterrer les tuyaux © Corinne Mérigaud

Ce projet, remporté par ENGIE Solutions, a fait l’objet d’une délégation de service public de 25 ans qui comprend, en plus de la construction, l’exploitation du réseau biomasse, soit un investissement de 14 M€. « Pratiquement tous les bâtiments publics seront reliés à l’exception de l’école de Glane car il est impossible de franchir la rivière » précise le maire, « cela concerne par exemple la Région avec les lycées, le Département avec les collèges, la Communauté de communes, l’hôpital, La Poste, le centre aqua-récréatif, le centre d’incendie et de secours mais aussi 400 logements de l’Office public de l’habitat. »

Ne plus dépendre des fluctuations de prix

Ce projet avait été annoncé au début de la mandature de Pierre Allard et il s’est imposé après l’explosion du prix des hydrocarbures et à la guerre en Ukraine. « Cela a accéléré le choix d’implanter un système de chauffage qui ne dépendrait pas des fluctuations du marché » précise-t-il, « le prix est garanti sur 23 ans, ce qui permettra d’avoir un budget plus maîtrisé et qui ne dépendra plus de la hausse du prix du gaz. En 2022, notre facture d’énergie avait été multipliée par sept en un an grimpant à 800 000 euros ! Nous n’avons pas pu l‘absorber sur un budget. Cette année, on l’estime entre 250 000 et 300 000 euros. »

La Ville y voit donc une solution pour maintenir sa capacité d’investissement sans impacter son budget avec une économie espérée de 30 %.

Une chaufferie en travaux près de l’aérodrome

Pour produire cette énergie, une chaufferie biomasse est en construction avenue du Général de Gaulle, près de l’aérodrome. Elle sera mise en service en novembre 2026 et couvrira 90 % des besoins thermiques. Elle sera complétée par une chaudière de secours au gaz naturel. Quelques 54 sous-stations alimenteront les bâtiments en chauffage et eau chaude délivrant une puissance de 9 550 kW.

Ce réseau de chaleur évitera de rejeter 3 461 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de 81 000 tonnes au total, réduisant les émissions de 83 %. « La dimension écologique du projet est à souligner, on ne brûlera plus d’hydrocarbures et on évitera des rejets de CO2 » ajoute Romain Barnabé, directeur de cabinet, « la chaufferie sera alimentée par des déchets de scieries soit deux à trois semis remorques par semaine. » L’approvisionnement se fera en circuit court, à seulement 80 km, ce qui permettra de valoriser 6 500 tonnes de bois énergie par an. Trois postes seront créés pour assurer le fonctionnement et la maintenance de la chaufferie.

La chaleur sera produite par une chaufferie biomasse alimentée par les déchets de scieries © S. Leitenberger – stock.adobe.com

Pour les locataires de Saint-Junien Habitat aussi, la facture devrait diminuer. « Le bailleur social n’aura plus besoin d’amortir l’entretien de ses chaudières d’où une maîtrise des coûts et pas d’augmentation de loyer » ajoute le maire, « il y aura aussi une plus grande égalité sociale car les locataires qui ne chauffaient pas ou peu leur logement auront de meilleures conditions de vie. »

Enfin, deux archéologues suivent l’avancée des travaux au jour le jour et procèdent en temps réel à des fouilles. Pour l’heure, ils n’ont trouvé rien de plus que ce qui était déjà connu à savoir des puits et des rails.

Où passera le réseau de chaleur ?

– Le tracé du réseau commence au Nord-Est de la ville pour rallier l’Est par Le Chatelard et le Palais des Congrès. Il descendra vers le Sud-Ouest couvrant les zones du centre aqua-récréatif, le collège et lycée Paul Eluard et la cité Bellevue. Il remontera jusqu’à l’hôpital, au pôle culturel et à l’école de musique et s’achèvera par le centre historique pour raccorder l’Hôtel de Ville, le centre administratif, les écoles et le Palais des Sports.

Le plan du futur réseau de chaleur qui alimentera une cinquantaine de bâtiments communaux de Saint-Junien © Ville de Saint-Junien

– Seront également raccordés : les gymnase Paul Eluard et Paul Langevin et les Charmilles.

– Le réseau desservira également l’école de la République, le collège Langevin, l’école maternelle Cachin, le centre administratif, les vestiaires du club de rugby, le centre d’incendie et de secours, le lycée Vaillant, l’école Chantemerle, l’IME, le centre technique municipal et l’école Joliot-Curie.

Le projet complet et le détail des travaux sont consultables sur le site rezomee.fr/reseau-de-chaleur-saint-junien

Corinne Mérigaud
Corinne Mérigaud
Journaliste Actus Limousin

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