Les résultats du « Baromètre vélo » 2025, grande enquête citoyenne sur la pratique du vélo au quotidien, ont été révélés. Dans l’agglomération limougeaude, le bilan sur les conditions de circulation est préoccupant et la situation peine à évoluer. A l’approche des élections municipales 2026, l’association « Véli-Vélo » tire la sonnette d’alarme et demande (et propose) aux élus des actes concrets pour tenir leurs promesses…
Créé en 2017 par la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), le « Baromètre vélo » est une grande enquête citoyenne qui évalue le ressenti des cyclistes « du quotidien » selon divers critères : sécurité, continuité des aménagements, services de stationnement, confort, etc. Avec plus de 330 000 contributions cette année, c’est un outil plébiscité et très efficace pour mesurer la satisfaction des usagers et détecter les besoins d’amélioration des infrastructures cyclistes dans les agglomérations.
Mais si, depuis de nombreuses années, l’utilisation du vélo comme mode de déplacement est louée de toute part pour ses bénéfices en terme de santé publique et d’environnement, il faut bien avouer que se déplacer à la force des mollets en Limousin ressemble encore trop souvent à un parcours du combattant, quand ce n’est pas tout simplement impossible si l’on veut arriver entier à destination…
Dans l’agglomération limougeaude, l’association « Véli-Vélo » cherche à légitimer le vélo à Limoges et rêve d’un beau réseau de pistes cyclables pour que la pratique s’y développe. Véli-Vélo fait d’ailleurs plus que rêver puisque l’association fait des propositions concrètes et précises sur les aménagements qui permettraient au vélo de retrouver une place de choix sur le macadam limougeaud. L’association a très récemment analysé les résultats locaux du baromètre vélo 2025 et tire la sonnette d’alarme sur le manque d’aménagements cyclables à Limoges et dans les communes alentours.
En Haute-Vienne, un engouement réel mais des résultats stagnants
La participation à l’enquête a fortement augmenté : le nombre de communes participantes en Haute-Vienne est passé de 2 à 12 depuis 2021, et Limoges enregistre une progression de +118 % de ses contributions, la plus forte hausse de toutes les grandes villes françaises.
Pourtant, ce regain de contributions n’a pas fait tourner la roue du bon côté mais démontre plus que jamais le sentiment négatif persistant de celles et ceux qui se déplacent à vélo en Haute-Vienne vis-à-vis des conditions de circulation. Pire encore, le département recule dans le classement national, passant à la 85ᵉ place sur 96 (une chute de 10 places depuis 2021), avec une progression globale du score du département (+3 %) parmi les plus faibles.
En gros, les usagers potentiels sont de plus en plus nombreux mais l’infrastructure cyclable reste très insuffisante malgré quelques améliorations ça et là. « La Haute-Vienne reste donc très en retard, et globalement défavorable au vélo », tranche l’association. Les points noirs sont connus : insécurité, discontinuités, stationnement insuffisant, et des accidents, parfois mortels. Pour Vélivélo, « les promesses électorales doivent céder la place aux actes concrets ».
Limoges : stagnation voire recul
La ville de Limoges, malgré une forte mobilisation des répondants, maintient une note générale très défavorable : « F » (2,69/6), la même qu’en 2021. Au classement des villes de plus de 100 000 habitants, elle recule de la 28ᵉ à la 35ᵉ place.

Source : association Véli-Vélo
Alors que des villes de taille comparable comme Clermont-Ferrand ou Poitiers ont mené des politiques ambitieuses en faveur du déplacement à vélo, la ville de Limoges peine à rattraper son retard. « Zéro kilomètre de piste cyclable sécurisée n’a été créé à l’intérieur des boulevards périphériques », pointe le collectif, rappelant que de nombreux axes majeurs demeurent sans équipements cyclables malgré les grands projets de transport.
Quelques progrès existent toutefois : « On peut noter le réaménagement de la RD29 avec la création d’une piste cyclable, ou encore la sécurisation des boulevards de Vanteaux et du Mas Bouyol », souligne Vélivélo. A noter aussi que les grands chantiers liés au projet « MOOVEO » devraient permettre de réaliser des aménagements cyclables intéressants sur le parcours des deux lignes du futur « Bus à haut-niveau de service »…
Si le stationnement progresse légèrement, grâce aux arceaux et aux vélos en libre-service, la sécurité et le ressenti global reculent. Les cyclistes qui ont participé à l’enquête réclament en priorité la création de continuités sécurisées jusqu’au centre-ville et la mise en place d’un réseau structurant, baptisé REVEL.

Des situations disparates dans les communes de l’agglomération
Le baromètre vélo 2025 a aussi permis d’évaluer les principales communes de Haute-Vienne et, dans son bilan très complet, Véli-Vélo en détaille les résultats. La situation varie fortement d’une commune à l’autre mais, à quelques exceptions et récentes améliorations près, le bilan n’est pas non plus très reluisant.
En voici quelques extraits :
- Couzeix : « Toujours rien n’est fait pour sécuriser la route de Bellac, pourtant axe majeur. » Note E.
- Panazol : malgré des pistes en centre-bourg, les liaisons vers Limoges restent sans aménagement. « Un accident grave sur la rue des Vignes illustre cette carence. » Note E.
- Isle : seule commune bien notée, avec un B. « Isle tire son épingle du jeu grâce à des axes principaux équipés et une continuité cyclable jusqu’à Aixe-sur-Vienne. »
- Rilhac-Rançon : note F, « le sentiment d’insécurité est très prononcé. »
- Saint-Junien : note F, notamment à cause de la D941 jugée dangereuse.
- Aixe-sur-Vienne : note F, la RN21 et le pont rénové sont pointés comme « une occasion manquée d’intégrer des aménagements cyclables. »
- Veyrac : « des progrès dans le bourg » suite au réaménagement récent, note D
Conclusion : un avertissement aux élus
Le baromètre vélo 2025 brosse un tableau sévère et peu flatteur pour la Haute-Vienne en général, et l’agglomération limougeaude en particulier : malgré une mobilisation citoyenne croissante, le sentiment général reste défavorable, voire désabusé.
« Les habitants veulent des pistes cyclables continues et sécurisées, des arceaux en nombre et un réseau structurant », résume l’association. Son message aux élus est clair : « Pour que le vélo cesse d’être une simple aspiration, il faut une volonté politique forte et visible. »
Pour plus d’informations, vous pouvez visiter le site du « Baromètre Vélo » ou sur celui de l’association « Véli-Vélo » .