Une fois par mois, les élèves de l’école de maternelle de Margerides, petite bourgade de Haute-Corrèze, voient leur salle de classe transférée … en forêt ! Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse un soleil radieux, les enfants se retrouvent dans les bois. Nous les avons accompagné dans ce petit moment d’éducation au grand air.
Il est neuf heures dans la cour de la petite école du Châtaignier à Margerides, sur le Plateau bortois en Haute-Corrèze. En ce jeudi matin d’octobre, les 17 élèves de petite, moyenne et grande section ne vont pas rester dans leur salle de classe habituelle. Bottes aux pieds et manteaux sur le dos, Jade, Emmy, Chloé et leurs camarades attendent au portail, trépignent même.
Comme une fois par mois, leur maîtresse Justine de Miranda les emmène en forêt. Avant de franchir la porte, elle explique : « Cela fait quelques années que je propose ça. L’idée, c’est de transférer la salle de la classe dans la forêt. On change d’environnement mais on ne change pas le quotidien, ce n’est pas une classe verte ou une sortie nature. » Un concept scandinave dont s’est inspirée la professeure des écoles corrézienne. Au Danemark, plus de 20 % des classes de maternelles enseignent dans les bois de manière régulière.
À Margerides, derrière l’école et la mairie, le petit groupe que nous formons s’enfonce dans la campagne. « On est à un kilomètre », prévient Justine alors que les enfants de trois à cinq chantent derrière elle, accompagnés d’Emilie, l’assistante maternelle. L’occasion d’apprendre les bons gestes au bord de la route, de s’arrêter devant un ancien lavoir. L’aventure débute déjà ici.
Des exercices avec les feuilles et les branches
« Allez on s’installe, asseyez-vous ! » Les enfants sont rodés et s’installent sur le sol, à l’ombre des chênes. Même rituel qu’en classe, la journée commence par la date du jour, puis une petite chanson, le récit de l’alphabet, avant de passer au « travail ». Les exercices, forcément, sont en rapport avec la forêt. Pendant que les plus petits s’essayent à trier les feuilles mortes par couleurs, les plus grands comptent, trient les branches par taille…
« L’idée, c’est de travailler avec son environnement, d’éduquer à la biodiversité, de découvrir autre chose. Et le fait d’être en extérieur, ça apporte de la concentration, les élèves retiennent mieux », confie l’institutrice, livre dans la main. En effet, les points forts développés par cette technique au Danemark sont multiples : développement du bien-être chez les enfants, des compétences sociales, motrices, d’observation et de curiosité, et une adaptabilité accrue, notamment au fil des saisons…
« Savez-vous quels sont les animaux qu’on trouve dans la forêt ? », interroge la maitresse. Les réponses fusent dans la « salle de classe » chez ces jeunes qui vivent dans une zone rurale car tous connaissent le cerf, l’écureuil ou encore les oiseaux, et certains même sont « allés chercher des cèpes avec leurs parents ».
L’heure de la récréation a sonné mais ici, pas de toboggan ! La récré c’est l’occasion de se défouler un peu plus loin, dans le chemin qui s’enfonce dans le bois. Puis la matinée se poursuit avec un temps calme et de nouveaux exercices avant de remonter tranquillement vers l’école et la cantine. L’école au grand air ça creuse !
Le mois prochain, les feuilles qui s’accrochent encore aux branches seront sans doute tapies sur le sol. Peut-être même que la neige ne sera pas si loin. Mais qu’importe, Justine et Emilie emmèneront à nouveau les 17 écoliers à l’aventure au cœur de la forêt à la découverte des charmes d’une « nouvelle saison ».
