Parti de bon matin, bien décidé à trouver la matière nécessaire à un article du jour sur le début de la saison des cèpes dans les forêts limousines (en plus j’avais le titre : « le retour du Roi », clin d’oeil au Seigneur des Anneaux, haha) me voilà revenu quelques heures plus tard avec un sac vide et le cœur gros. Bredouille, déçu, fâché ! Parfait pour un billet de « mauvaise » humeur, une fois n’est pas coutume…
Depuis ma plus tendre enfance, je suis un grand amateur de cueillette. A peine encaissé le choc de la rentrée des classes, commençait la période où mon père venait me récupérer à la sortie de l’école et nous partions ensemble débusquer girolles et cèpes, arpentant les bois de son enfance à lui, dans cette atmosphère de secret partagé qui ne demande pas beaucoup de mots. Mais cette année, c’est décidé je n’irai plus aux champignons…
Et pour cause, mes 3 coins préférés ont purement et simplement disparus… Coupées, rasées, mes forêts préférées ont subi pendant l’été les assauts incessants des abatteuses qui ont méthodiquement ébranchés, tronçonnés, débités chacun des arbres dont je faisais consciencieusement le tour, l’oeil en mode « macro », à la recherche d’une tâche beige crème, marron ou jaune. Je veux bien comprendre que la forêt n’est pas un espace sauvage mais une zone de culture et que lorsque le bois est mûr il faut le couper mais pourquoi mes 3 forêts préférées la même année ? Tristesse…
En plus, j’ai découvert que la concurrence était désormais motorisée… Car oui, on est rarement le seul à connaitre son coin, même si on se garde bien de révéler l’endroit où l’on a fait ses plus belles cueillettes. On évite de se garer trop près, et si on aperçoit un autre cueilleur, on s’évite cordialement en dissimulant son trésor aux yeux de l’intrus et en se promettant de venir plus tôt que lui la prochaine fois. Mais cette fois, c’est à moto que les intrus sont venus, rayant les sous-bois de leur traces de crampons, dérapant à tout va au milieu de la mousse. Colère…
Et puis, dans 3 jours c’est l’ouverture de la chasse… Et moi je ne suis pas chasseur. Je n’ai rien de spécial contre les chasseurs mais je n’aime beaucoup les armes à feu surtout parce que je ne serais jamais du bon côté du fusil. Je veux bien entendre les arguments de la régulation des populations de faune, mais je suis moi aussi un usager des forêts et je déteste entendre le plomb voler près de mes poils quand je fais le « sanglier » pour aller cueillir un champignon bien planqué ! Cette année, la chasse sera apparemment autorisée tous les jours en Haute-Vienne et en Creuse et 5 jours par semaine (sauf le mardi et le vendredi) en Corrèze. Ça va pas laisser beaucoup de créneaux pour emmener les enfants parce que même si les accidents de chasse sont rares, rare c’est déjà trop quand on a des minots. Angoisse…
Bref, il y’a quand même de fortes chances pour que dans quelques jours, je sois de nouveau dans les bois à courir après les champignons parce qu’il m’est toujours difficile de résister à l’appel de la forêt mais pour cette fois j’aurais mieux fait de m’abstenir…