Il était une fois Sarah, Lise et Fanny, 3 éleveuses-bergères qui faisaient face au même (triste) constat : la laine de leurs brebis était considérée comme un « déchet sans intérêt ». La seule solution pour écouler leur stock consistait à le livrer à perte à des coopératives pour qu’elle file vers une transformation bas de gamme à l’étranger. Impossible de se résigner face à cette situation, il y avait forcément une autre solution, et elles l’ont trouvée : transformer leur laine en produits feutrés et la distribuer en vente directe.
Des bergères engagées et respectueuses du vivant
Les trois éleveuses se sont rencontrées autour de la volonté de diversifier leur production et de valoriser leur laine, mais elles ont aussi beaucoup d’autres points communs, notamment leur vision de l’élevage et les valeurs qui les animent dans leur métier-passion :
- Estives, pacages et transhumance : au sein de ces trois exploitations, les animaux vivent en plein air, élevés dans des conditions optimales et respectueuses de l’environnement. Les brebis de Sarah et Lise estivent sur les landes et tourbières du Plateau de Millevaches, et Fanny fait paître son troupeau dans les espaces naturels du Pays Basque. Ce système d’élevage extensif permet d’assurer un bien-être optimal aux animaux, et participe aussi à l’entretien et à préservation du paysage et du milieu naturel.
- Des brebis de race limousine : apparue au XIXème siècle sur le Plateau de Millevaches, cette race rustique est particulièrement adaptée au territoire car elle se distingue par sa capacité à résister aux hivers froids et humides. Sa laine, à la fois douce et résistante, se prête parfaitement à la transformation en laine feutrée.
Afin de passer de l’idée à la réalisation, elles ont suivi une formation destinée aux éleveurs auprès de Lainamac (Filière Laine de Nouvelle-Aquitaine et Massif Central). Créée en 2009 et basée à Felletin, l’association Lainamac considère la laine comme une ressource naturelle précieuse à valoriser et s’est donnée pour mission de la promouvoir et de sauvegarder la richesse de ses savoir-faire.
Nos trois bergères ainsi pu acquérir les compétences nécessaires pour produire une laine de grande qualité, notamment en mettant tout en œuvre pour qu’elle soit la plus propre possible : des brebis élevées en extérieur, des protections au sol au moment de la tonte, une grande vigilance au moment du triage qu’elles effectuent elles-mêmes et qui conditionne la qualité de la laine…
Sur 350 kg de laine récoltée, il en restera 160 kg après lavage, soit un rendement d’environ 50%.
Une fois la laine tondue et sélectionnée, il leur restait encore à trouver comment la transformer en produits de qualité.
Un processus de fabrication cohérent, local et solidaire
Il y a quelques dizaines d’années, la laine était encore considérée comme un produit noble, source de richesse. Malheureusement, la course à la rentabilité, le développement des fibres synthétiques et la délocalisation industrielle ont petit à petit fait disparaître cette filière en France. Aujourd’hui, entre 5000 et 10000 tonnes de laine sont exportées chaque année (80% de la production), dont la majorité à destination de la Chine.
Les usines ont tour à tour disparu, les artisans ont plié boutique et il est désormais presque impossible de faire transformer sa propre laine. Le procédé technique est très complexe et nécessite des compétences pointues, ainsi que du matériel performant et coûteux. Il n’existe plus à ce jour qu’une seule entreprise semi-industrielle de lavage de laine en France: « Lavage Laines du Gévaudan », située à Saugues, en Haute-Loire.
Si le savoir-faire ce cette entreprise unique en France perdure, c’est grâce à l’association entre l’entreprise familiale Laurent Laine, créé en 1898 et spécialisée dans la confection de matelas en laine, et les Ateliers de la Bruyère, un Groupe Économique Solidaire voisin, qui favorise la réinsertion, en embauchant des salariés en parcours de retour à l’emploi, dans différentes activités dont le travail du feutre et la fabrication de nombreux produits issus de la laine.
Et si ces deux entreprises ont fait le choix de la synergie, c’est aussi pour pouvoir garantir leur approvisionnement en matière première locale et de grande qualité. Elles apportent une attention particulière à la traçabilité de la laine et à la préservation de l’environnement. Le lavage est certifié bio, les eaux de lavage sont recyclées et utilisées comme fertilisants par les agriculteurs.
La transformation de la laine de brebis est aujourd’hui un marché de niche en France, mais de nombreux acteurs politiques et économiques ont pour projet de relancer la filière… Affaire à suivre !
Place à la créativité
Mais revenons à nos moutons … Une fois la laine lavée, Sarah, Lise et Fanny déterminent de quelle façon elles souhaitent la valoriser. La majorité de la production sera vendue en laine cardée (couleur naturelle ou teintée). Une autre partie sera remise à des artisans français qui la transformeront en objets de grande qualité, à la fois esthétiques, durables et confortables.
Et puis nos 3 bergères en garderont également pour fabriquer elles-mêmes des bijoux, accessoires et décorations. Vous trouverez ainsi dans leurs paniers de la laine cardée, des chaussons chauds, solides et confortables, des semelles, des chapeaux, des coussins, des boucles d’oreilles, des ceintures, des plaids et des tapis.
Et en cette période de fête, elles proposent même un kit de feutrage avec de la laine colorée et une aiguille à feutrer qui vous permettront de personnaliser vous-même vos chaussons. Pour passer commande, rendez-vous sur leur site et faites votre choix. Les commandes se font par contact mail et téléphonique.
Si vous préférez les rencontrer, vous les trouverez très prochainement au Marché de Noël de Limoges « 100% Artisans & Producteurs locaux ». Ce marché, qui réunit des producteurs locaux sélectionnés pour l’occasion par la chambre d’Agriculture et la chambre de Métiers, se tiendra du 8 au 22 décembre, de 10h à 19h, Place Saint-Etienne et sur le parvis de la Cathédrale.
Et en 2024, elle vous attendent à la Foire artisanale de Meymac, qui a lieu le 3e week-end d’août, ainsi qu’aux Journées de la laine à Felletin, fin octobre.
Pratique
Pour les contacter
Web : lesbergeressemmele.wixsite.com
Mail : lesbergeressemmelent@gmail.com
Téléphone : 06 21 50 27 94
Vente directe à la ferme
Ferme des Baies de Pan
Sarah CHAUSSAS – Giat – 19290 PEYRELEVADE – 06 21 50 27 94
Ferme Revenons à nos moutons
Lise ROLLAND – Le Besseau – 19170 TOY VIAM
Web : revenons à nos moutons.free.fr
Mail : revenonsmoutons@yahoo.com
Ferme Lilizain
Gaztelü – Quartier Larrebieu 64130 Arrast Larrebieu
bergeredesplantes@gmail.com
Pour en savoir plus sur la filière laine
Lainamac : Association de la filière laine
« Soutien à la filière de la laine » Question écrite n°20935 au Sénat, publiée le 18/02/2021