Nouveaux locaux, nouvelles marques : French Booze Project amorce un tournant stratégique

Installée en Haute-Vienne, la distillerie French Booze Project a su s’imposer dans le paysage des spiritueux artisanaux grâce à des créations originales et un savoir-faire exigeant. Après avoir conquis les concours internationaux, elle amorce en 2025 un tournant stratégique : de nouveaux locaux, une levée de fonds, et le lancement de deux nouvelles marques destinées à un public plus large.

C’est en 2020 que l’histoire démarre à Pierre-Buffière, au sud de Limoges. Laurent Mandon, originaire de la région, revient de plusieurs années de voyages autour du globe et décide de créer des spiritueux inspirés des saveurs du monde tout en valorisant les ressources du Limousin, du chêne local aux plantes aromatiques. Avec peu de matériel mais beaucoup de passion et d’exigence, il installe sa première distillerie dans un modeste hangar de 180 m². Il conçoit seul ses recettes et mise sur une production artisanale de haute qualité : distillation au bain-marie dans des alambics traditionnels et sélection rigoureuse des ingrédients.

Son premier grand succès c’est le gin « Bleu de Limoges » en hommage à la porcelaine. Il se distingue par sa couleur bleutée, obtenue grâce à des anthocyanes, qui vire au violet au contact du tonic. La recette, à base de quinze plantes exotiques, est inspirée des voyages de Laurent Mandon. L’étiquette, extrêmement graphique, est imaginée par la Limougeaude Claire Gaudriot. Ce gin original attire vite l’attention et remporte même une médaille d’or au Frankfurt International Trophy et une médaille d’argent au concours de Lyon en 2021. Le gin « Hostile », aux notes poivrées et zestées, inspiré des environnements extrêmes traversés par Laurent Mandon, suit la même trajectoire, enchaînant les récompenses à Francfort, à Bruxelles et à Londres…

Mais Laurent Mandon ne se limite pas au gin. Il élargit sa gamme avec la vodka « EOS », le rhum « Wani Yaro » (à base de mélasse, vieilli huit mois en fût de chêne du Limousin), un brandy original conçu à partir de vin et de miel, ainsi qu’avec plusieurs liqueurs, dont une à la menthe (Summit) et un pastis (Le p’tit jaune de Limoges). La reconnaissance est au rendez-vous : la distillerie vient d’obtenir quatre médailles à l’International Wine & Spirit Competition 2025, le plus grand concours de spiritueux au monde.

Afin de pérenniser cette réussite, l’entreprise devait se structurer et grandir. « Il fallait passer un cap. Franchir l’artisanat pour se développer et aller chercher de nouveaux marchés », dit Laurent Mandon. L’année 2025 marque donc un tournant. L’entreprise lève 500 000 euros, accueille de nouveaux associés et recrute deux collaborateurs. Elle quitte aussi son atelier artisanal pour s’installer dans une nouvelle unité de production de 800 m² au Palais-sur-Vienne, près de Limoges. Un site plus fonctionnel, qui permet de regrouper la fabrication, le stockage et l’accueil du public. Cet outil industriel maîtrisé offre les moyens de contrôler toute la chaîne de production tout en conservant une qualité artisanale.

Dans les nouveaux locaux, alambics traditionnels et matériel dernier cri sont associés © Nicolas Yardin

Surtout, French Booze Project lance cette année deux nouvelles marques : « Petrospirits » et « Lorenzo B ». L’objectif est clair : élargir la clientèle en France et à l’international. « Nous gardons des méthodes de production exigeantes : distillation à partir de mou de malt, élevage en fûts… Mais nous proposons des goûts plus structurés, facilement identifiables au nez et en bouche. » La marque Petrospirits mise aussi sur un packaging radicalement original : des flacons en inox en forme de baril. « Nous nous sommes compliqué la vie mais visuellement, l’impact est fort. C’est indispensable pour exister dans un linéaire de caviste ou en grande distribution. »

Un packaging destiné à marquer les esprits dans les rayons © French Booze Project

Les deux nouvelles marques proposeront une gamme de whiskies, rhums et gins, avec des positionnements complémentaires à celui, plus artisanal, de French Booze Project. Grâce à ces investissements, la distillerie espère désormais atteindre une production de 30 000 à 50 000 bouteilles par an, contre environ 5 000 aujourd’hui. Une montée en puissance réaliste, appuyée par des contacts avancés avec des distributeurs au Canada, au Japon et en Afrique. Les États-Unis sont également dans le viseur mais cela dépendra des fameux droits de douane…

French Booze Project continue ainsi à structurer son activité autour de méthodes artisanales tout en diversifiant ses débouchés sans renier ses valeurs et son identité.

Pour plus d’informations : frenchboozeproject.com

Yanic De Borie
Yanic De Borie
Correspondant Actus Limousin
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