Après Legrand, c’est au tour de Valeo d’annoncer une bien mauvaise nouvelle pour le secteur industriel local avec la suppression de 83 des 225 postes de son site à Limoges, dans le cadre d’un plan social national qui concerne 8 sites et plus de 860 emplois. Une décision aux conséquences sociales dramatiques et qui enfonce un peu plus la tête de l’industrie française dans l’eau de la crise…
Alors que Stellantis se sépare de Carlos Tavares, considéré comme le « sauveur » de Peugeot au milieu des années 2010, et que le groupe Volkswagen envisage, pour la première fois de son histoire, la fermeture de trois usines en Allemagne, il ne fait aucun doute que le secteur automobile européen est face à une nouvelle crise de grande ampleur. Face à la concurrence d’un secteur automobile chinois qui se porte à merveille, l’inflation des dernières années et la hausse des prix de vente des véhicules neufs (> 36 000€ en moyenne en 2024) ont plombé la demande, notamment dans le secteur des véhicules électriques.
Les équipementiers automobiles anticipent donc la crise à venir et, après Michelin, c’est au tour de Valeo d’annoncer un plan social d’envergure dans l’Hexagone avec la suppression de plus 860 postes et la fermeture de deux sites (ceux de La Verrière et de la Suze-sur-Sarthe). Un nouveau coup de tonnerre qui inquiète par son ampleur. Car sur le site de Limoges, qui comptait presque 600 salariés dans les années 1990 et encore plus de 250 il y a peu, c’est 53 licenciements secs dans les bureaux et 30 départs volontaires dans les ateliers qui ont été annoncés à l’occasion du dernier Comité Social d’Entreprise, la semaine passée à Amiens.
S’il était pressenti depuis quelques mois, ce plan social est bien évidemment très mal vécu par les salariés de Valeo qui s’inquiètent, dans la conjoncture actuelle, des difficultés à venir pour retrouver un emploi dans la région quand l’industrie française est en berne.
Du côté de Valeo, les objectifs sont clairs : surperformance des ventes, génération de cash, réduction de l’endettement, amélioration significative de la rentabilité… Comme en témoigne la conclusion de Chistophe Périllat, DG de Valeo, après la publication des chiffres du 3ème trimestre : « Toujours focalisés sur la génération de cash, nous confirmons notre ambition de faire de 2025 une nouvelle étape d’amélioration significative de notre rentabilité et la réduction de notre endettement. »
Des « mots doux » qui vont ravir les oreilles des actionnaires de Valeo (Black Rock, le fonds souverain norvégien Norges Bank, le fonds de pension américain Capital Group ou encore la famille Dassault à travers sa société Sitam Belgique…) mais qui font complétement fi des conséquences sociales à venir sur les huit sites concernés pas ce plan. Pourtant, si Valeo est encore aujourd’hui l’un des équipementiers automobiles leader sur ses marchés, c’est très certainement grâce aux filières de formations françaises qui lui ont permis de disposer des « cerveaux » capables de développer ses produits, des « mains » capables de les fabriquer…
Récemment encore, le site de Nogent-le-Rotrou, le seul non impacté par le plan social, a été transformé en un centre d’innovation technologique avec l’appui du programme France 2030 et le soutien de la BPI. Un bel investissement de l’État pour permettre à l’un de ses fleurons industriels de rester compétitif à l’avenir, que l’équipementier remercie donc par un « joli » plan social quelques mois plus tard. « Valeo a la conviction que progrès social et performance économique sont indissociables » indique l’entreprise dans la page de son site consacrée à la « RSE ». Une conviction qui ne pèse apparemment plus très lourd…