Spirulinier : le drôle de métier de Maxence, qui produit des algues microscopiques à Chabrignac en Corrèze

À Chabrignac (19), Maxence Scurbecq exerce une activité originale : il est spirulinier et produit, dans des grands bassins d’eau verte émeraude, une algue microscopique dont les propriétés lui ont permis de décrocher le titre de « super-aliment ». Rencontre.

Depuis 2017, Maxence Scurbecq est producteur de spiruline à Chabrignac (19) à quelques kilomètres au nord-ouest d’Objat. Ancien menuisier, il est tombé amoureux de cette algue bleue verte microscopique aux propriétés étonnantes et, après s’être formé auprès de « spiruliniers », il a créé sa propre dans la culture de spiruline dans la campagne corrézienne.

« Spirulinier », un drôle de métier

Tous les matins depuis le mois d’avril, Maxence gravit la pente qui sépare sa maison de ses serres qui hébergent des piscines à la couleur étrange, et pour cause : ce sont des bassins de culture de spiruline, une algue microscopique !

Une belle eau verte qui donnerait presque envie d’y piquer une petite tête © Pauline Sutter

Avant de procéder à la récolte, Maxence se munit d’une sorte de spatule appelée « disque de Secchi » qu’il plonge dans un seau rempli d’eau verte pour connaître le taux de spiruline et savoir si le moment de la récolte est venu. « D’avril à septembre, je récolte environ deux fois par semaine puisque la spiruline pousse de 25% par jour ».

Aujourd’hui, c’est le moment de récolter : Maxence se munit d’un seau pour y puiser de cette eau d’une belle couleur verte qu’il verse ensuite sur un tissu assez fin (utilisé en sérigraphie) et un filtre qui vont permettre à l’eau d’être filtrée et de retourner toute propre dans le bassin pour ne garder que la spiruline ! Après la filtration, il reste une sorte de pâte d’un beau vert profond que Maxence va placer sous un pressoir pour en retirer tous les excédents d’eau.

Après filtration, la spiruline se présente sous la forme d’une pâte d’un vert profond © Pauline Sutter

Il passe ensuite cette spiruline dans un ancien presse-saucisse réinventé pour en faire des spaghettis de spiruline que Maxence dépose sur des plaques pour les mettre dans un séchoir solaire. En fin d’après-midi, la spiruline est bien sèche et prête à être conditionnée en sachet. « Après le séchage, la spiruline diminue de volume : sur 50 kg de biomasse fraîche dans le séchoir, il reste 5 kg ! On en perd 90% puisqu’elle est essentiellement constituée d’eau. »

Les « spaghettis » sont ensuite passés au séchoir. « Sur 50 kg de biomasse fraîche dans le séchoir, il reste 5 kg ! » © Pauline Sutter

Après la récolte, retour dans les serres pour vérifier que la spiruline est bien oxygénée grâce aux roues à aube qui remuent constamment l’eau légèrement salée et alcaline. C’est aussi le moment de nourrir la plante avec un engrais soluble composé surtout d’azote et de fer. « La spiruline est une cyanobactérie qui se comporte comme une plante, elle a donc besoin d’engrais pour grandir et de lumière pour faire sa photosynthèse. »

Maxence va continuer de récolter sa spiruline deux, voire trois fois par semaine entre avril et septembre : « mes serres ne sont pas chauffées et la température optimale de croissance de la spiruline est entre 30 et 33°C. Sous les 15°C, elle rentre en dormance et je ne la nourris plus, je me contente de vérifier que l’eau est bien oxygénée pour la retrouver l’année suivante en pleine forme ! »

La spiruline : un « super-aliment »

Maxence a appris le métier auprès de spiruliniers avant de suivre quelques formations plus théoriques et requises (en hygiène notamment) pour pouvoir proposer sa propre spiruline à ses clients : « la spiruline est considérée comme un « super-aliment » : elle détient les records en protéines assimilables, en vitamines puisqu’elle les a presque toutes, même la B12 ! Elle contient également tous les oligoéléments, tous les minéraux dont énormément de magnésium et de fer ! Utilisée en cure d’un mois, elle comble les carences. L’idéal c’est de faire plusieurs cures dans l’année, notamment aux intersaisons ou d’en consommer un peu quotidiennement. »

Riche en protéines, en fer, en vitamine B12, en vitamine E (antioxydante) en minéraux et en oligo-éléments (calcium, phosphore, magnésium, zinc…), la spiruline permet de vaincre les carences nutritionnelles. Elle contient également de la chlorophylle et de la phycocyanine, ce fameux pigment qui lui donne sa couleur verte et qui agit comme un puissant antioxydant.

Souvent plébiscitée par les sportifs, la spiruline permet de mieux récupérer après un effort intense et de stimuler l’organisme pour avoir de meilleure performance. Dans ce cas, il est conseillé d’en consommer 10 grammes par jour pendant un mois. Si vous souhaitez faire une cure bien-être, consommez 5 grammes de spiruline pendant un mois.

En pleine saison, Maxence produit environ 12 kg de spiruline par semaine qu’il conditionne en sachet de 100 grammes pour les vendre sur différents marchés de Corrèze. Et il propose également d’autres produits à base de spiruline comme des pestos ou de la spiruline fraîche. Chaque matin, Maxence adore se faire une tartine avec de la spiruline fraîche en guise de confiture : testé et approuvé ! « L’important lorsque l’on consomme de la spiruline c’est de ne jamais la faire chauffer sans quoi vous perdriez toutes ces vertus nutritionnelles ! »

Confiture ou spiruline sur les tartines ? © Pauline Sutter

D’où vient la spiruline ?

Cette micro-algue est de la famille des cyanobactéries, la première forme de vie sur Terre à qui l’on doit notre existence. Apparue il y a 3.5 milliards d’années, c’est elle qui a commencé à produire de l’oxygène sur terre et permis à bien d’autres organismes de voir le jour.

La spiruline était déjà consommée par les civilisations primitives en Afrique et en Amérique du Sud. Elle apparaît en Europe entre le XIVe et le XVe siècle ramenée par les conquistadors qui avaient découvert son utilisation grâce aux aztèques. En consommant de la spiruline, les aztèques s’assuraient d’avoir assez de protéines tout au long de l’année.

Ce n’est qu’en 1960 que les scientifiques se penchent sur ses propriétés et que « Spirulina platensis » révèle ses nombreuses vertus nutritionnelles. Elle commence à être réellement cultivée à grande échelle à la fin des années 70. Depuis plusieurs années, la spiruline s’est popularisée dans l’Hexagone notamment auprès des sportifs et des végétariens qui veulent des sources de protéines non carnées.

Plus d’information sur la spiruline de Maxence sur le site aliment-terre-spiruline.com

NDLR : avant de consommer de la spiruline, faites vos propres recherches pour vous assurer que cela correspond bien à vos besoins, et en comprendre les propriétés et les précautions d’utilisation…

Pauline Sutter
Pauline Sutter
Correspondante Actus Limousin
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