Quelques planches de culture, une serre froide, un potager et un petit coin de prairie de moins de 1000 m²… Et pourtant, une quarantaine d’espèces y poussent : des fleurs comestibles, des plantes aromatiques et des micropousses. A Compreignac, sur les rives du lac de Saint-Pardoux, Mathilde Léger a créé « La Prairie de Mariposa ».
Diplômée d’un BTS « Gestion et Protection de la Nature », Mathilde Léger a d’abord travaillé quelques années dans le monde naturaliste avant de rejoindre, pendant trois ans, la chaine de magasins bio « Biocoop ». « J’y ai découvert les valeurs d’une coopérative, et les bases du commerce alimentaire, la relation client, la valorisation des produits bio et locaux ainsi que la gestion d’entreprise. Cela a été une expérience significative, une superbe aventure humaine ! » raconte-t’elle. Elle y a aussi fait la rencontre de dirigeants qui l’ont soutenue et accompagnée lorsqu’elle a décidé de se lancer en 2020 à l’âge de 28 ans. « J’ai toujours eu une vocation pour l’alimentation et la médecine alternative par les plantes. J’aime cette liberté d’être au quotidien dans la nature, de pouvoir produire et récolter au rythme de la météo et des saisons. »

L’exploitation de Mathilde s’étend sur une petite surface. Elle la cultive à la main, du semis à la récolte, et sans intrants chimiques, ni pesticide ni engrais de synthèse. Pour optimiser ses rendements, Mathilde utilise une méthode dite « bio-intensive » qui permet de produire sur de petites surfaces avec une densité de culture importante, en favorisant les interactions naturelles entre les plantes et le respect de la biodiversité. Ce modèle exige toutefois une forte présence sur le terrain à certaines périodes de l’année, avec des interventions très régulières sur les planches de culture.
Durant les premières années, « La Prairie de Mariposa » proposait uniquement des plantes aromatiques et médicinales qui étaient transformées en infusions et aromates, avant de se tourner, en raison d’une forte demande, vers une offre incluant les fleurs comestibles, les micropousses et les herbes aromatiques fraîches. Sur cette petite parcelle, la production principale porte sur une quarantaine d’espèces de fleurs comestibles : pensées, capucines, tagètes, bleuets, calendulas, mauves ou encore bourraches, etc.
Chaque fleur a sa propre identité, ses propres nuances :
- le bleuet a une saveur douce et mielleuse,
- les primevères un goût de miel,
- les pétales de coquelicot une note de noisette sucrée,
- la capucine, avec ses feuilles au goût poivré et légèrement piquant, évoque le radis noir
- les pétales de tagète, ils exhalent des notes fruitées rappelant les fruits exotiques…

Certaines peuvent donc agrémenter les saveurs des créations culinaires alors que d’autres serviront uniquement à la décoration des assiettes ou des pâtisseries. Mathilde récolte ses fleurs à la main, de mars à octobre, les trie et les conditionne dans des barquettes d’une vingtaine de pièces. Elle répond également à des demandes sur mesure, notamment pour des événements ou des mariages…
Depuis 2024, la microferme s’est lancée dans une nouvelle aventure : les « micropousses », c’est à dire le stade de deux feuilles d’un jeune plant de légume, de légumineuse ou d’herbe aromatique. « Ce sont des bombes nutritionnelles, avec de nombreux bienfaits. Elles sont très prisées des sportifs ou des personnes présentant des carences. » explique Mathilde.

Les jeunes pousses sont récoltées seulement quelques jours après avoir été semées, alors qu’elles concentrent dans leurs feuilles une densité exceptionnelle de nutriments. Certaines études estiment qu’elles contiendraient jusqu’à 40 fois plus de vitamines que leur version adulte ! Cultivées dans une serre non chauffée, ces micropousses de radis, pois, tournesol, moutarde ou encore basilic (14 variétés sont pour le moment disponibles au catalogue) offrent des saveurs fraîches et puissantes.
Avec ses fleurs et ses micropousses, la Prairie de Mariposa a séduit une clientèle très locale du secteur de la restauration car les fleurs comestibles ne sont pas seulement décoratives : elles apportent du goût et une véritable identité aux plats. De nombreux établissements de Limoges et des environs intègrent ses produits à leurs cartes. Sylvain Antoni, le chef du Pont Saint-Étienne à Limoges, est l’un des clients les plus engagés de la Prairie de Mariposa. « C’est un vrai passionné, qui intègre totalement les fleurs comestibles et les micropousses dans la création de ses plats. Il est connaisseur et très curieux de nouveautés » sourit Mathilde Léger.

Les commandes se font par SMS (pour les professionnels) ou par mail (pour les particuliers) avec deux livraisons par semaine le mardi et le vendredi à domicile ou sur leur lieu de travail. Ce circuit court bien rôdé permet une vraie proximité avec le consommateur tout en limitant les intermédiaires et les risques de pertes. Et si les volumes de production restent modestes, les charges le sont aussi : principalement l’achat de semences et des plants (français et non traités), l’aménagement des surfaces, le matériel léger de culture et la logistique.
En cinq ans, La Prairie de Mariposa a su trouver sa place et construire une activité cohérente, fondée sur une production locale, en circuit court et avec des pratiques agricoles vertueuses. Seule à gérer l’ensemble de l’exploitation, Mathilde Léger prévoit désormais de développer la gamme de micropousses, d’introduire de nouvelles variétés de fleurs comestibles et d’élargir sa clientèle, notamment auprès des publics soucieux d’une meilleure nutrition.
Contact
La Prairie de Mariposa, Moulin de Chabannes, 87140 Compreignac
Pour en savoir plus : page Facebook de l’entreprise ou sur Instagram @laprairiedemariposa
Des atouts qui séduisent
Depuis quelques années, les fleurs comestibles font leur grand retour dans la cuisine contemporaine. Longtemps cantonnées à l’herboristerie ou à l’ornement, elles sont de nouveau recherchées pour leurs propriétés gustatives et esthétiques. Leur usage remonte à l’Antiquité, avec des traces dans les cuisines grecques, romaines et médiévales. À la Renaissance, certaines variétés étaient déjà cristallisées ou infusées.
Les micropousses connaissent également un succès croissant. Popularisées en Amérique du Nord dans les années 2000, elles se sont progressivement implantées en Europe. Leur intérêt réside dans leur teneur élevée en micronutriments, leur durée de culture courte (7 à 14 jours) et leur rendement sur petite surface. Elles s’adaptent bien aux modèles de culture urbaine, aux microfermes et aux exploitations orientées vers les circuits courts.