Les « bassines » exclues des financements de la Région Nouvelle-Aquitaine par le nouveau règlement hydraulique agricole

Hier en séance plénière, le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine a adopté, après de nombreux débats, un nouveau règlement hydraulique agricole régional qui encadre l’attribution des aides régionales. Si elle reconnait tout l’intérêt de l’irrigation pour assurer sa souveraineté alimentaire, la région dit « non aux bassines ».

Ouf ! Il va enfin pleuvoir… Qui eut cru que, dans nos contrées normalement tempérées, nous verrions d’un aussi bon oeil l’arrivée d’importantes précipitations sur le Limousin dans les jours à venir ? En ayant commencé l’année avec un fort déficit hydrique, nous avons espéré que la situation se rétablirait au fil des mois mais ça ne fut pas le cas… Pire, la situation s’est même fortement aggravée avec des mois de septembre et d’octobre incroyablement chauds et secs pour s’avérer très préoccupante sur l’ensemble des bassins versants du territoire, en « alerte » ou en « crise » depuis de nombreuses semaines.

Source : Propluvia

Alors certes il va enfin pleuvoir un bon coup si l’on en croit les prévisionnistes mais on ne renversera pas la vapeur avec quelques dizaines de millimètres de pluie et il est plus que temps de se préparer à une gestion collective durable de la ressource en eau. C’est en tout cas ce que semble vouloir mettre en place la région Nouvelle-Aquitaine qui a adopté hier, en séance plénière, son règlement d’intervention régional en faveur de l’hydraulique agricole, excluant les stockages d’eau pompée dans les nappes des financements régionaux et FEADER sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine.

Des aides régionales et européennes conditionnées par des pratiques agro-écologiques

C’est Jean-Pierre Raynaud, élu de Dordogne et vice-président chargé de l’Agriculture et de la Transition agro-écologique, qui a présenté ce règlement d’intervention régional qui explicite les priorités des modalités de financement pour les aides régionales mais aussi FAEDER pour les projets d’irrigation. Il est le fruit de 8 mois de concertations menées, en partenariat avec les agences de l’eau, avec l’ensemble des partenaires socio-professionnels de l’agriculture et de la gestion de l’eau (syndicats agricoles, chambres d’agriculture, établissements publics de bassins, conseils départementaux…).

Si elle reconnait l’irrigation comme un atout essentiel pour sa souveraineté alimentaire, pour favoriser la diversité des exploitations et pour améliorer leur résilience face aux changement climatique, la Région assume donc les choix de développement listés dans sa feuille de route Neo Terra¹ et conditionne ses plus de 30 millions d’euros d’aides régionales et européennes, soit 7.7 M d’€/an sur un budget agricole annuel de 120 M€, à la mise en œuvre de méthodes agro-écologiques. C’est la 1ère région française à opter pour une politique hydraulique avec de tels engagements.

L’objectif est d’accompagner 400 projets, contre 200 lors de la programmation précèdente, et de favoriser l’innovation agricole, de rendre plus économe les réseaux collectifs existants et favoriser le partage de l’eau en donnant la priorité à la maitrise d’ouvrage publique et aux projets collectifs. Et comme l’a confirmé Jean-Pierre Raynaud : « La Région ne financera pas de réserves de substitutions […] et accompagnera les exploitations engagées dans ces projets pour les amener vers plus d’agro-écologie« .

Les réactions qui ont suivi la présentation du texte ont été nombreuses et divergentes, et de nombreux amendements ont été proposés par les différents groupes politiques. Ils ont tous été soumis au vote, certains ajoutés et d’autres rejetés, et le texte global a lui été adopté à la majorité.

Ce sujet de la gestion hydraulique agricole est très complexe, pour comprendre le point de vue des différents groupes politiques régionaux et mieux appréhender la situation dans son ensemble, on vous invite donc à revisionner les débats lors de la séance plénière du Conseil Régional du 16 octobre (à partir de 7h16)…


¹ Note de contexte

La Région Nouvelle-Aquitaine s’est engagée à mener une politique ambitieuse sur le plan environnemental qui s’appuie sur « Neo Terra« , une feuille de route régionale pour la transition écologique et énergétique définit en séance plénière au mois de juillet 2019 et qui s’appuie sur les préconisations des deux comités scientifiques régionaux Aclimaterra et Ecobiose.

Brice Milbergue
Brice Milbergue
Rédacteur en chef d'Actus Limousin
Quitter la version mobile