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Région Limousin
mardi 10 décembre 2024

Le loup est-il de retour en Limousin ?

Le loup est-il de retour en Limousin ? Pas encore mais il y est en tout cas de passage puisque sa responsabilité vient d’être reconnue pour une attaque survenue au début du mois de mai dans le Nord de la Haute-Vienne. A peine arrivé et déjà « non-grata », pas sûr que celui-ci ne reste aussi longtemps que son prédécesseur…

Il y’a un an, un loup était abattu en Corrèze après avoir passé environ une année et demie sur le territoire du plateau de Millevaches. Arrivé en Limousin à la fin de l’année 2021, ce jeune mâle solitaire avait été impliqué, selon l’Office Français de la Biodiversité, dans une cinquantaine d’attaques sur des troupeaux d’ovins avant d’être finalement abattu par les louvetiers, sur la commune de Tarnac, en mai 2023.

Ce « retour du loup » avait déchainé des passions divergentes entre des éleveurs contraints de prendre en compte une nouvelle menace sur leurs troupeaux et de s’équiper en urgence des mesures de protection (filets, système d’effarouchement, chiens…), et des défenseurs de la biodiversité persuadés qu’une cohabitation était possible et que le retour, dans les forêts limousines, d’un « super prédateur » permettrait une régulation naturelle des populations de cervidés et de sangliers.

Après deux hivers consécutifs passés sur place, le loup s’était bien installé sur le plateau de Millevaches, mais l’expérience aura finalement tourné court. Car ce jeune mâle n’aura jamais appris les codes de « ce qui se mange sans danger » et de « ce à quoi on n’a pas le droit de toucher » et a finalement été abattu, dans le cadre d’un tir de défense simple autorisé par la préfecture, alors qu’il s’apprêtait à attaquer de nouveau un troupeau sur lequel il avait déjà commis des dégâts.

Aucune nouvelle attaque n’a été signalée au cours de l’année 2023, preuve qu’aucune meute ou autre individu n’étaient présents sur le territoire, contrairement à ce que certains fervents détracteurs du loup avaient pu affirmer à l’époque…

Le loup déjà de retour en Limousin ?

A la mi-mars, la piste du loup n’était « pas écartée » après l’attaque d’un troupeau de brebis de Gentioux-Pigerolles (Creuse). Et en ce mois de mai, la piste du loup vient d’être retenue par l’OFB suite à une attaque survenue le 5 mai à Saint-Léger-Magnazeix. Le loup roderait donc à nouveau en Limousin. De là à dire qu’il est de retour, il y’a néanmoins un grand pas.

En effet, chaque année à la fin de l’hiver, c’est la phase de dispersion pour les loups et de nombreux jeunes mâles quittent la meute et s’en vont « voir du pays » à la recherche d’une autre meute ou d’un territoire où ils pourraient s’installer. Au printemps, des loups sont donc signalés aux quatre coins de la France mais ne s’y installent pas forcément.

Le loup n’est donc pas encore de retour en Limousin, pour l’instant il y est juste de passage. Il faudra attendre plusieurs mois pour savoir si un individu s’installe sur le territoire.

Tirs simplifiés, protection inférieure envisagée… l’heure de la cohabitation a t-elle sonné ?

En Creuse, si la piste du loup n’a pas été clairement confirmée, la préfecture a autorisé des tirs de défense simple pour l’éleveur impacté. Pourquoi ? Car la procédure a été grandement simplifiée dans le nouveau « Plan Loup 2024-2029 ». Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, a plaidé en faveur d’une facilitation des tirs et d’une meilleure indemnisation des dommages, et obtenu gain de cause dans l’élaboration du nouveau « Plan Loup » fin 2023.

Et ça ne devrait pas s’arrêter là puisque, considérant que la conservation de l’espèce lupine étant désormais assurée, le ministre a aussi indiqué que la France appuyait en faveur d’une procédure pour reclasser, à l’échelle européenne, le loup à un niveau de protection inférieur, ce qui élargirait le cadre strict dans lequel un loup peut-être abattu et ouvrirait la porte à une « régulation » plus large de l’espèce.

La confirmation officielle de la responsabilité du loup dans la récente attaque de Saint-Léger-Magnazeix (1 agneau tué, plusieurs ovins blessés) a fait sortir la Coordination Rurale de ses gonds. Connu pour ses positions « anti-écolo » (entre autres), le syndicat agricole demande à ce que l’animal soit abattu dans les plus brefs délais et menace de se passer d’autorisation… Pour rappel : le loup est toujours une espèce protégée et sa destruction, sans autorisation, est strictement interdite et passible de 3 ans d’emprisonnement et 150 000€ d’amende.

Toujours est-il que du côté des ministères comme d’une partie des agriculteurs, l’heure ne semble plus vraiment à la cohabitation. L’idée semble plutôt de cantonner les loups dans les territoires où ils se sont réinstallés en nombre et de limiter, à l’avenir, leur dispersion dans les autres territoires. Dans ses conditions, le loup fera-t-il son retour en Limousin ? Rien n’est moins sûr.

Brice Milbergue
Brice Milbergue
Rédacteur en chef d'Actus Limousin

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