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Région Limousin
lundi 3 février 2025

Une trentaine d’arbres bientôt abattus sur la « Route des Hêtres » à Meymac : on vous explique pourquoi

D’ici quelques semaines, une trentaine d’arbres vont être abattus sur la « Route des Hêtres » qui redescend du Plateau de Millevaches à Meymac. Parce qu’ils sont en fin de vie ou déjà morts sur pied, le Département de la Corrèze va procéder à des coupes et élagages. Reportage sur le terrain.

Un épais brouillard enveloppe le Mont-Bessou à Meymac en ce matin de fin janvier. Sur son flanc sud-ouest, un peu plus bas, la route départementale D979E3 se fraye un chemin dans la brume. Un « petit bout de route » de huit kilomètres, au bitume certes vieillissant, qui vaut le détour tant il offre des paysages uniques en toute saison.

Ombragée et peu fréquentée, la « Route des Hêtres » attirent promeneurs et cyclistes à la belle saison © DR / tourismecorreze.com

Et pour cause : pas moins de 684 hêtres majestueux s’alignent le long de cette route ! En remontant depuis le village de Lavaur, ces feuillus emblématiques du Limousin défilent à droite et à gauche. Et s’il reste encore quelques amas de feuilles mortes dans les fossés, une autre couleur attire l’attention dans le gris omniprésent. Sur les troncs, des marques bleues ou oranges ont été tracées.

« Les 27 arbres marqués en orange vont être abattus. Pour les 67 avec des marques bleues, ils vont être sécurisés, certains coupés, d’autres juste élagués et mis en sécurité. En tout cas, ils ont une espérance de vie inférieure à dix ans. Et plus on monte, plus ils sont exposés et donc plus malades », décrit Pascal Magne, le chef de secteur Millevaches à la Direction des routes du Département de la Corrèze.

S’il en arrive à ce constat, c’est suite à l’expertise menée l’an dernier par David Lecroulant de Forestry France qui détaille : « Il y a quelques arbres morts sur pied, d’autres abîmés et d’autres sains heureusement. » Il y’a plusieurs raisons qui expliquent l’état de ces hêtres : la maturité tout d’abord, mais aussi le changement climatique ou encore l’entretien des accotements (notamment le passage de l’épareuse qui fragilise les pieds des arbres et laisse des plaies ouvertes propice aux champignons).

Abimés et fragilisés, une trentaine d’arbres seront prochainement abattus © Jérémy Truant

À la fin du mois de février, durant une semaine, les hêtres concernés vont donc être coupés, et tous les autres seront entretenus et sécurisés. « Par la suite, on va sécuriser les souches en les broyant puis on fait suivre l’assainissement », précise Jean-Marie Taguet, le vice-président délégué aux routes du Département qui ajoute : « Tous les hêtres coupés seront replantés à l’automne. On replantera des feuillus à quelques mètres des anciens arbres ». Une information qui réjouit le maire de Meymac Philippe Brugère : « C’est un choix pertinent. Cette route est classée route touristique, c’est important que l’on conserve ce patrimoine. »

C’est l’entreprise Lafaye et fils de Pérols-sur-Vézère qui va s’occuper de ce chantier de coupe et de sécurisation. « C’est une opération blanche. On a signé une convention avec le forestier, il récupère le bois coupé », décrit Jean-Marie Taguet.

Philippe Brugère, Pascal Magne, Jacqueline Cornelissen et Jean-Marie Taguet sur la route des hêtres © Jérémy Truant

Outre la coupe imminente de cette trentaine de hêtres, l’autre sujet, c’est l’avenir de cette route départementale déclassée. Philippe Brugère, le maire de Meymac, imagine bien en faire « une route pour les mobilités douces. J’ai proposé que cette portion entre dans le réseau des voies vertes pâles du Département. Cela me paraît justifié. » Ce réseau, expérimenté par le département de la Corrèze, consiste à établir des voies partagées qui relient les principaux points d’intérêt du département. 1.200 kilomètres de voiries déjà existantes et à faible trafic ont été fléchés. Tous les modes de déplacement y sont autorisés et une signalétique va être mise en place.

Un peu d’histoire …

Créée en 1933, la Route dite « des hêtres » était une route nationale (la N679, de Limoges à Saint-Flour dans le Cantal) qui longeait une route empierrée tracée un peu plus bas dans la vallée que l’on appelait la « Turgotière » car elle avait été établie par Turgot, grand Intendant du Limousin et Ministre des Finances de Louis XVI, pour désenclaver la région et faciliter les échanges Est-Ouest. Cette route nationale sera déclassée en 1973 et une déviation passant par Lontrade deviendra la route officielle reliant Limoges à Meymac.

Avant cela, la route départementale n°1 de Limoges à Bort apparaît déjà à l’emplacement de la Route des Hêtres, sur la carte du canton de Meymac dans l’Atlas topographique agricole et géologique de la Corrèze de 1875. On peut donc imaginer que certains hêtres qui bordent encore la route peuvent facilement avoir plus d’un siècle…

Le tracé de la route département n°1 de Limoges à Bort, dans l’Atlas topographique agricole et géologique de la Corrèze de 1875

Plus haut, sur ce que l’on appelait aussi la Route des hêtres près de Barsanges à Pérols-sur-Vézère, le Département de la Corrèze a procédé l’an dernier à une autre coupe. 58 hêtres avaient été abattus (et remplacés) sur la portion de Barsanges à La Stèle.

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